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DANIELE GIBRAT
 

UN PARCOURS

Danièle Gibrat est née en 1957 à Suresnes. Elle a grandi en banlieue parisienne, avec un intermède tahitien entre huit et douze ans. Etudes à Aix en Provence, avant de s’installer pour un an à Marseille où elle fonde avec Monique Kissel, Barbara Pollak et Corinne Mercadier le groupe 663x314: atelier à la Joliette en 79. Ensuite, retour à Paris, rue Hélène dans le 17ème, grâce à Jean-Pierre Le Boulch’ qui devient un ami, au sens où l'entend Maurice Blanchot.
Au début des années 80, avec des plaques d’altuglas, elle réalise des “sculptures” qui semblent se fondre dans l’air : dessins translucides de volumes géométriques simples sur lesquels se posent des visages - quelques traits noirs comme autant d’allusions à une émotion prégnante. Ces œuvres sont présentées au Musée des Beaux-Arts de Chartres en 1983, et plusieurs fois au sein de la “Jeune Sculpture”, quai d'Austerlitz.
1991: décision de travailler avec les moyens les plus ordinaires du dessin, juste le modelé de la surface. Ce seront, jusqu’en 1993, des pastels sur toile, en noir et blanc bien sûr.
A partir de 1994, à la faveur de la découverte d’un procédé technique qui imprime au dessin un léger “bougé”, une nouvelle série désigne de façon concrète les vacillements de la mémoire et le caractère foncièrement trouble, troublant et troublé des images. Puis, en 1999, Fortunes du regard: 34 dessins sur papier accompagnés par des photographies de dessins tracés avec de l'eau sur un miroir et de visages griffonnés sur des grilles de mots croisés , qui seront montrés à l'Espace Paul Ricard, à Paris et au Carré Saint Vincent d'Orléans.
2001: Pour “OK 7 Rounds”, une exposition sur le thème de la boxe, elle se met à “griffonner” au stylo-bille sur des images de magazines agrandies à la photocopieuse. Ce sera la série “les Faits”. Quelques uns de ces dessins de grands formats seront aussi présentés en 2002, à l’initiative du CAC de la Ferme du Buisson, dans les “panneaux decaux” de la ville de Lognes.
2002 : Durant un mois de résidence au Centre Tjibaou de Nouméa, elle réalise des dessins au stylo-bille sur papier et sur de grands tirages numériques trouvés sur place. La suite de ce travail comme sur la frontière qui, à la fois, sépare et réunit dessin et photographie, sera la série Pomares, montrée à ArtSénat en juin 2004, en même temps que Vrais Songes, une intervention in situ dans le jardin de la fondation Rothschild à Paris.
Le récit de cette installation donnera lieu au livre "sous-titre" présenté en Juin 2005, accompagné d’une série de dessins réalisés au cours de l’année à la suite de l’expérience du jardin.
2007: nouvelles variations sur le thème de l'arbre - là, c’est toujours un arbre seul, dont on ne voit que le tronc et aussi, accroché à ce tronc, un vide, comme un trou dans la surface de l'image. Dessous, apparaît autre chose. C’est peut être l’idée de “grandeur nature” qu’elle creuse ainsi avec, dans un premier temps, de grands dessins sur papier. Puis, cette question de l’échelle s'introduit jusque dans l’élaboration des images quand elle décide d’utiliser comme "supports" des tirages numériques de croquis griffonnés à la hâte, très agrandis. Alors, le geste nerveux de l'esquisse prend une ampleur nouvelle, le tracé du bic frôle le centimètre d’épaisseur et se mêle à la tonalité sourde des traits que l’on devine à l'envers de la feuille de carnet. Un peu comme si une boucle se formait, ce sont toujours des photos, non plus de lieux mais de dessins, sur lesquelles elle dessine...