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LAURENT PERNOT
 

"ONCE UPON A TIME" SOLO SHOW AT MIRO FOUNDATION, BARCELONA, 2005, BY MARIE-THÉRÈSE CHAMPESME

L’univers de Laurent Pernot est peuplé de présences intermittentes, de corps que l’on ne peut saisir puisqu’ils ne sont que des particules de lumière. La projection (vidéo ou diapositives) les rend visibles, faisant alors de nous les témoins émerveillés de leur apparition. Mais à peine sommes-nous touchés par leur présence qu’ils disparaissent à nouveau, rendus à l’obscurité. Ils laissent parfois leur place à d’autres qui, à leur tour, nous interpellent puis disparaissent. Comme le dit Laurent Pernot, «ils clignotent entre la vie et la mort.»

Dans Particles, des perles de verre captent la lumière ; en scintillant, elles offrent au spectateur la silhouette d’un corps humain en constante métamorphose.

Grâce aux images lumineuses projetées sur elle, la robe de mariée de For Ever semble se mettre à vivre : un corps vient l’habiter, bientôt remplacé par un autre. Sommes-nous transportés dans le monde féerique de la Belle au Bois dormant ou dans le drame d’une nouvelle Eurydice, morte aussitôt après ses noces ? Ces images surgissent et s’évanouissent comme celles des songes, des fantasmes ou des souvenirs. Pour Laurent Pernot, «les vêtements sont une proie facile pour la mémoire, écrans de projections des souvenirs, toiles recouvrant les fantômes du passé.»

A proximité de la robe, de petits écrans suspendus montrent des visages. Chacun d’eux a été produit par la surimpression digitale de photographies trouvées dans des albums de famille. Une technique d’animation 3D a ensuite été utilisée pour leur donner le mouvement. Nous sommes donc devant les visages de personnes qui n’existent pas, comme si la mémoire, en superposant les images, avait créé de nouvelles identités.

Dans Confusion où de multiples visages remplacent celui du personnage, Laurent Pernot continue cette réflexion. «Suis-je autre chose que la somme des personnages que les autres ont projetés sur moi ? La question de l’identité traverse chaque individu tout au long de son existence, maintes fois brouillée par les masques qu’il est nécessaire d’adapter pour son intégration en société. On est à la fois un homme et tous les hommes.»

La vidéo est un medium parfaitement adapté à cette méditation douce et mélancolique sur le visible et l’éphémère. Mais on retrouve dans les photographies de Laurent Pernot la même sensation d’évanescence : les silhouettes de personnages s’y fondent dans le paysage, dans les reflets et les éclats de lumière. La plupart des photographies projetées dans l’exposition ont été réalisées pour un projet de livre associant images et poèmes : Territoires de l’imaginaire. « Parcourir ce livre, dit Laurent Pernot, est comme traverser des rêves, bons ou mauvais ; un parcours solitaire à l’intérieur d’un monde poétique, où les images rapprochent à la fois le fantastique au merveilleux, le poétique à l’absurde, le végétal à l’organique, la fiction au fantasme, le corps au spirituel, l’action à l’intemporel, avec toutes les combinaisons possibles. Un espace aux frontières du réel, mais qui, inévitablement, se rapporte à lui.»

The universe created by Laurent Pernot is peopled with intermittent presences, with bodies that we are unable to see because they are mere particles of light. The projection of the video or slides renders them visible, thus turning us into the fascinated witnesses of their appearance. But as soon as we have observed the effect of their presence, they disappear again and return to obscurity. Sometimes they give way to other bodies that in turn claim our attention and then disappear. As Pernot says, “They blink between life and death.”

In Particles, the glass beads capture the light, and their winking reveals the silhouette of a human body in a constant state of metamorphosis.

The luminous images projected on to the bride's dress in For Ever bring it alive, as one body after another inhabits it. Are we being transported to the fairytale world of The sleeping beauty or to the drama of a new Eurydice, dead straight after her wedding? The images swell and fade like those in dreams or visions or memories. For Laurent Pernot, “Garments are easy prey for memories, screens on which to project memories, fabrics that conceal the ghosts of the past.” Alongside the dress, small hanging screens show different faces obtained by digitally superimposing on each other the photographs from family albums. He then uses a 3D animation technique to give them movement. So we are in fact looking at people who do not exist and have never existed. It is as if, by superimposing the images, memory has created new identities.

In Confusion, where multiple faces replace the person, Pernot pursues the same line of thought: “Am I nothing more than the sum of the figures that other people have projected on to me? The question of identity affects all individuals throughout their entire existence – an existence that is very often confused due to the masks that have to be put on in order to integrate into society. We are both a man and all men.”

Video is a medium that is perfectly adapted to this sweet, melancholic meditation on the visible and the ephemeral. But in Pernot's photographs we find the same feeling of evanescence: the silhouettes of the figures merge into the landscape and into the reflections and the winking lights. Most of the photographs shown in the exhibition were taken for a book in which images and poems were related: Territoires de l'imaginaire . “Leafing through this book,” says Pernot, “is like moving through good or bad dreams – a solitary journey through the interior of a poetic world in which the images bring together the imaginary and the marvellous, the poetical and the absurd, the vegetable and the organic, fiction and fantasy, the body and the spiritual, action and timelessness, with all their possible combinations. A space on the boundaries of reality, but one that inevitably refers to reality.”

Marie-thérèse Champesme, texte sur l'exposition personelle "Once upon a time", Fondation Miro, Barcelone, 2005


“This impressive work is a meditation on the relation between time, the light and the memory. The sensitivity of Laurent Pernot, like his control of plastics and audio-visual tools, make of him a young promising artist.”
Alain Fleischer.