Le Confort Moderne

De A à B, de B à P

18 Mar - 08 May 2011

Vue de l'exposition De A à B, de B à P, le Confort Moderne
De A à B, de B à P
Can Altay, Davide Balula, Peggy Buth, Emilie Pitoiset, Michael Riedel, Clément Rodzielski
Du 18 mars au 08 mai 2011

Qu'implique donc le fait qu'une exposition parte en voyage ? Dans quelle mesure l'histoire des lieux, le contexte, la superficie et les caractéristiques des salles déterminent-ils les concepts et leur présentation ? Dans quelle mesure les images, les messages artistiques et les idées de commissaires l'exposition sont-ils compris au-delà des frontières culturelles ?
La collaboration est aujourd'hui essentielle tant pour les petites que pour les grandes institutions artistiques. Elle a une longue tradition avec l'exposition itinérante. L'objectif du projet d'exposition De A à B, de B à P est de rendre compte de l'histoire et de l'évolution actuelle, c'est-à-dire du processus de globalisation qui touche le domaine des expositions. Le projet est centré sur la collaboration des deux institutions. Concrètement, il s'agit ici d'adapter et d'articuler deux expositions aux différents contextes de Bielefeld et de Poitiers. L'exposition-même est conçue autour de ce thème, elle est pour cette raison également réalisée en collaboration avec les artistes. A travers cette approche, le projet aspire à élaborer une vision de la façon dont peuvent être abordés d'une part l'évolution globale de l'art et d'autre part le désir de conserver un ancrage culturel local.

La première étape à Bielefeld est envisagée comme une plateforme de réflexion sur les conditions de déplacement des oeuvres, des artistes, de l'exposition, de la structure (la Kunstverein de Bielefeld) et du contexte local. Ainsi les oeuvres exposées ou produites pour le contexte allemand intègrent par avance leur déplacement en en faisant le sujet même de leurs productions et le thème de l'exposition. C'est le point de départ de commentaires, de documentations, d'excroissances pour le projet au Confort Moderne. La première présentation à Bielefeld construit et dévoile les liens qu'entretiennent les oeuvres avec l'exposition et enclenche un processus de mutation, de déplacement pour le Confort Moderne. Les artistes investissent la question de la circulation des oeuvres (Clément Rodzielski), le déplacement contextuel (Michael Riedel, Can Altay), l'exposition thématique, sa portée politique (Peggy Buth), la mesure de l'architecture ou l'empreinte (Davide Balula, Clément Rodzielski) ou encore l'échelle et les spécificités scénographiques des lieux (Emilie Pitoiset).

Michael Riedel présente l'enregistrement d'une soirée au feu Club Rio de Berlin, de l'arrivée en taxi jusqu'à l'extinction du son, brouhaha des consommateurs compris. L'enregistrement s'accompagne de bribes d'éléments de la soirée originelle telles les repose-pieds en acier qui courent le long du bar, l'écran vidéo et les néons rouges qui illuminaient péniblement la party. Ces éléments sont manipulés, réagencés, situés pour chaque nouvelle présentation devenant un répertoire formel abstrait tout en véhiculant les vibrations et l'ambiance filtrée de leur première vie.

Davide Balula déploie un cyclo de papier bleu sur la largeur d'une des salles de Bielefeld. L'oeuvre modèle une vague, construit un paysage dont chaque pli contient en creux l'empreinte de l'architecture de la Kunstverein. Il présente aussi une river painting. Ces peintures de rivière sont composées dans de grandes toiles frottées dans le lit de différentes rivières à travers le monde (Hudson, Seine, Porto) puis découpées et recadrées pour devenir tableaux abstraits. L'une de ces peintures réalisées à Bielefeld devrait être présentée à Poitiers.

Clément Rodzielski engage un processus incluant le déplacement des oeuvres et de la salle d'exposition lui étant réservée à Bielefeld jusqu'à Poitiers. Un protocole de fabrication, d'accrochage et de documentation construit un système de production sans faille, modeste et pensé pour les deux expositions. Un puissant révélateur de l'architecture à Bielefeld et une matrice de production et de déplacement de cette architecture à Poitiers.

Autant de pistes adoptées par les artistes pour questionner cette rhétorique de l'exposition, la détourner, la renvoyer à son statut de prétexte : la critique institutionnelle comme motif.
 

Tags: Can Altay, Davide Balula, Peggy Buth, Li Hui, Emilie Pitoiset, Michael Riedel, Clément Rodzielski