Instantané (83) : Christine Laquet
17 Nov 2012 - 06 Jan 2013
INSTANTANÉ (83) : CHRISTINE LAQUET
17 novembre 2012 au 6 janvier 2013
Le Frac des Pays de la Loire présente dans le cadre des instantanés, du 17 novembre 2012 au 6 janvier 2013 une exposition de Christine Laquet.
Diplômée de l'Ecole Nationale des Beaux-Arts de Lyon et de l'Ecole Cantonale d'Art de Lausanne, Christine Laquet diffuse son travail dans un réseau national et sur la scène internationale (Bangkok, Hanovre, Innsbruck, New York, Recife, Séoul, Sao Paulo , Poznan, Vienne,...).
Protéiforme, son œuvre est habitée par la sensibilité baroque : il s’agit avant tout d’un art du semblant, de la monstruosité, mais aussi de la transe. L’approche quasi anthropologique de cette artiste questionne ce qu’il reste des croyances contemporaines chez chacun et porte une attention particulière aux rites sociaux. Sa production artistique fait se côtoyer le monde naturel avec l’artifice et déconstruit les oppositions conventionnelles entre nature et culture, proche et lointain « nous-ici-et-maintenant » et « eux-là-et-jadis».
Une brève histoire de tout, titre de l’exposition est marqué en toutes lettres et en diverses directions, dès l’entrée de l’exposition. C’est une grille disposée comme un filtre, une barrière, cloisonnant sans murer, sans enfermer. À partir des mots du titre auquel elle rajoute le mot « toi » - comme une invitation - l’artiste compose un haiku, une incantation à déchiffrer avant de franchir la barrière.
« Une brève histoire
de tout une brève
histoire un rêve
de tout histoire
de toi de tout un
rêve...
Passé ce sas, on s’engage dans l’exposition. Un projet construit autour du piège, de la traque, de la capture. À l’instar de cette nouvelle série de peintures réalisées à partir d’archives d’un proche de l’artiste, qui a mis en place au cœur d’un massif montagneux français, des pièges photographiques. En résultent des clichés d’animaux réalisés à partir d’un mécanisme automatisé déclenché par leur passage à proximité. « Ces animaux – dit l’artiste - pris au piège de l’image délivrent une pose qui me renvoie à l’acte photographique lui-même. Sa violence, sa poésie, sa beauté, de l’animal pris sur le vif, acteur et captif en même temps d’un témoignage qui, par cette technique, se rapproche de la caméra de surveillance en espace naturel ».
À partir de ces images, Christine Laquet réalise des peintures noir et blanc de grand format sur voiles transparents suspendus. La technique utilisée joue avec la transparence du tissu, les manques réservent des blancs qui piègent et révèlent la lumière, en même temps qu’elle assoie une certaine fragilité. Telle une apparition fantomatique, l’animal traqué apparaît de manière irréelle. Le passage du médium photographique à la peinture, opère une distance avec le modèle. La peinture plus organique se révèle d’autant plus inquiétante et troublante par ses effets de matière, ses coulures. Prises dans l’obscurité de la forêt, ces images participent du fantasme de l’animal sauvage. Quelle croyance traverse notre mode de pensée et notre regard ? « Comment regarder sans croire ? Et comment regarder au fond sans prétendre nous en tenir aux certitudes de ce que nous voyons. » écrit Georges Didi-Huberman, dans « Ce que nous voyons, ce qui nous
regarde ».
Avec You should never forget the jungle, Christine Laquet instaure le temps d’une performance (restituée ici en film) un face à face avec Robert Steijn, performeur et danseur. L’animal sauvage traqué est aussi ici la proie des questionnements posés par les deux artistes pour mieux mettre en évidence la complexité des relations de l’Homme envers l’Animal. Dans l’échange qu’ils établissent face à nous, ils s’interrogent sur une pratique rituelle ancestrale - le Chamanisme - qui a résisté aux grandes crises spirituelles des XIXe et XXe siècle, en érigeant l’esprit (animal ou humain), le non visible comme force tangible. Tour à tour récepteurs et projecteurs, leurs corps évoluent jusqu’à sonder l’état de la transe.
Cet ensemble de nouvelles pièces est mise en regard avec des œuvres datant de 2008 à 2010. Comme Trapèze, réalisée en verre, qui offre dans son aérienne transparence, une structure d’appui en équilibre, en balancement entre la terre et les airs, un entre-deux caractéristique pour Christine Laquet de la place de l’artiste. En regard de cette sculpture évanescente, l’œuvre SONGESINGE suspendue elle-aussi, associe deux matériaux qui combinent l’idée du piège : une guirlande lumineuse, leurre visuel attractif assemblé à du fil barbelé. Mis en écho avec Gorilla, dessin montrant le portrait d’un gorille à l’air grave dans une pose presque humaine ou encore avec une monumentale canne à pêche en mouvement ornée d’un hameçon customisé, Christine Laquet livre l’état d’une humanité piégée par ses propres réflexes de défense, sa quête de domination et du pouvoir. « Fermons les yeux pour voir »*
*James Joyce, « Ulysse »
17 novembre 2012 au 6 janvier 2013
Le Frac des Pays de la Loire présente dans le cadre des instantanés, du 17 novembre 2012 au 6 janvier 2013 une exposition de Christine Laquet.
Diplômée de l'Ecole Nationale des Beaux-Arts de Lyon et de l'Ecole Cantonale d'Art de Lausanne, Christine Laquet diffuse son travail dans un réseau national et sur la scène internationale (Bangkok, Hanovre, Innsbruck, New York, Recife, Séoul, Sao Paulo , Poznan, Vienne,...).
Protéiforme, son œuvre est habitée par la sensibilité baroque : il s’agit avant tout d’un art du semblant, de la monstruosité, mais aussi de la transe. L’approche quasi anthropologique de cette artiste questionne ce qu’il reste des croyances contemporaines chez chacun et porte une attention particulière aux rites sociaux. Sa production artistique fait se côtoyer le monde naturel avec l’artifice et déconstruit les oppositions conventionnelles entre nature et culture, proche et lointain « nous-ici-et-maintenant » et « eux-là-et-jadis».
Une brève histoire de tout, titre de l’exposition est marqué en toutes lettres et en diverses directions, dès l’entrée de l’exposition. C’est une grille disposée comme un filtre, une barrière, cloisonnant sans murer, sans enfermer. À partir des mots du titre auquel elle rajoute le mot « toi » - comme une invitation - l’artiste compose un haiku, une incantation à déchiffrer avant de franchir la barrière.
« Une brève histoire
de tout une brève
histoire un rêve
de tout histoire
de toi de tout un
rêve...
Passé ce sas, on s’engage dans l’exposition. Un projet construit autour du piège, de la traque, de la capture. À l’instar de cette nouvelle série de peintures réalisées à partir d’archives d’un proche de l’artiste, qui a mis en place au cœur d’un massif montagneux français, des pièges photographiques. En résultent des clichés d’animaux réalisés à partir d’un mécanisme automatisé déclenché par leur passage à proximité. « Ces animaux – dit l’artiste - pris au piège de l’image délivrent une pose qui me renvoie à l’acte photographique lui-même. Sa violence, sa poésie, sa beauté, de l’animal pris sur le vif, acteur et captif en même temps d’un témoignage qui, par cette technique, se rapproche de la caméra de surveillance en espace naturel ».
À partir de ces images, Christine Laquet réalise des peintures noir et blanc de grand format sur voiles transparents suspendus. La technique utilisée joue avec la transparence du tissu, les manques réservent des blancs qui piègent et révèlent la lumière, en même temps qu’elle assoie une certaine fragilité. Telle une apparition fantomatique, l’animal traqué apparaît de manière irréelle. Le passage du médium photographique à la peinture, opère une distance avec le modèle. La peinture plus organique se révèle d’autant plus inquiétante et troublante par ses effets de matière, ses coulures. Prises dans l’obscurité de la forêt, ces images participent du fantasme de l’animal sauvage. Quelle croyance traverse notre mode de pensée et notre regard ? « Comment regarder sans croire ? Et comment regarder au fond sans prétendre nous en tenir aux certitudes de ce que nous voyons. » écrit Georges Didi-Huberman, dans « Ce que nous voyons, ce qui nous
regarde ».
Avec You should never forget the jungle, Christine Laquet instaure le temps d’une performance (restituée ici en film) un face à face avec Robert Steijn, performeur et danseur. L’animal sauvage traqué est aussi ici la proie des questionnements posés par les deux artistes pour mieux mettre en évidence la complexité des relations de l’Homme envers l’Animal. Dans l’échange qu’ils établissent face à nous, ils s’interrogent sur une pratique rituelle ancestrale - le Chamanisme - qui a résisté aux grandes crises spirituelles des XIXe et XXe siècle, en érigeant l’esprit (animal ou humain), le non visible comme force tangible. Tour à tour récepteurs et projecteurs, leurs corps évoluent jusqu’à sonder l’état de la transe.
Cet ensemble de nouvelles pièces est mise en regard avec des œuvres datant de 2008 à 2010. Comme Trapèze, réalisée en verre, qui offre dans son aérienne transparence, une structure d’appui en équilibre, en balancement entre la terre et les airs, un entre-deux caractéristique pour Christine Laquet de la place de l’artiste. En regard de cette sculpture évanescente, l’œuvre SONGESINGE suspendue elle-aussi, associe deux matériaux qui combinent l’idée du piège : une guirlande lumineuse, leurre visuel attractif assemblé à du fil barbelé. Mis en écho avec Gorilla, dessin montrant le portrait d’un gorille à l’air grave dans une pose presque humaine ou encore avec une monumentale canne à pêche en mouvement ornée d’un hameçon customisé, Christine Laquet livre l’état d’une humanité piégée par ses propres réflexes de défense, sa quête de domination et du pouvoir. « Fermons les yeux pour voir »*
*James Joyce, « Ulysse »