Lieven De Boeck
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05 Mar - 05 Jun 2016
LIEVEN DE BOECK
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5 mars — 5 juin 2016
Commissaire de l’exposition - Pascal Neveux
Pour sa première exposition personnelle en France, Lieven De Boeck, qui vit et travaille à Bruxelles, propose un projet spécialement conçu pour le Frac, intitulé IMAGE NOT FOUND.
Cette exposition est l’occasion de parcourir dix années de travail, non pas sous la forme d’une rétrospective soucieuse d’une quelconque chronologie ou sous celle d’un inventaire formel, mais pour questionner, au contraire, le statut même de l’exposition et de l’institution qui l’accueille.
Fort de nombreuses pièces produites entre 2013 et 2015 lors de sa résidence au Cirva à Marseille et de l’acquisition en 2013 par le Frac de Hollywood Alphabet (A-Z), Lieven De Boeck nous propose une exposition conçue comme un manifeste. Il s’agit de questionner l’espace muséal et son fonctionnement codifié, d’interroger le statut de l’œuvre et ses typologies formelles, stylistiques et conceptuelles.
La libre manipulation de concepts, la mise en abyme de ces typologies permettent à Lieven de Boeck d’entraîner le visiteur dans une déambulation conçue comme une suite de questionnements à la fois poétiques et politiques. S’y révèlent les notions d’identité, de langage, de jeux combinatoires faisant appel à des concepts esthétiques, mathématiques et politiques. Le nombre d’or, les canons classiques de la beauté, la notion d’original, de copie et de ready-made, les suites mathématiques (suite de Fibonacci), les unités de mesure, les typologies architecturales (Neufert, le Modulor) sont autant de territoires de recherche que l’artiste investit par la production d’installations et d’objets à forte valeur ajoutée, esthétique et conceptuelle. Pour Lieven de Boeck, le
statut de l’objet est fondamental – un statut qu’il fait évoluer entre une dimension d’objets/sculptures et d’objets/concepts, activables dans le cadre de performances.
Procédant par soustraction, par prélèvements et par découpes de formes et de couleurs, telle l’œuvre The White Flags, 2015 – composée des 193 drapeaux des Nations Unies qu’il classe par affinités formelles après en avoir évacué les couleurs – Lieven de Boeck questionne les codes et les usages établis pour mieux les analyser et nous en proposer des modes de lecture très personnels. Par la création de son propre alphabet, l’artiste offre au visiteur un univers de signes et de formes dont le sens nous échappe et dont lui seul connaît les clefs de lecture. Le visiteur est alors amené à procéder par jeux combinatoires et par analogies pour tenter de décrypter et d’identifier le sens caché de ces lettres inconnues.
Fasciné par le statut du langage et par ses modes d’apparition sans en être pour autant un théoricien, Lieven de Boeck formule également, en créant son alphabet, un énoncé politique sur l’analphabétisme – facteur d’exclusion et de rejet – et ses ravages dans nos sociétés contemporaines. Ce n’est pas un hasard s’il s’intéresse de si près à la fonction du langage et à ses codifications internes en examinant les rapports entre la forme des symboles alphabétiques et l’esthétique de l’écriture qu’il s’ingénie à explorer. Jonglant avec la même facilité et la même fascination avec les chiffres et les suites mathématiques, Lieven de Boeck en inventorie toutes les possibilités combinatoires, allant jusqu’à créer une nouvelle et subjective unité de mesure à l’échelle de son corps (Ldb meter # 5 / Knot 1, Ldb meter # 6 / Knot 2...). Il joue une nouvelle fois avec les conventions en vigueur et vient perturber le sens établi des choses, non sans une note d’ironie ; il s’inscrit ainsi dans une longue et riche filiation artistique, de Guy de Cointet à Marcel Broodthaers, et de Marcel Duchamp bien entendu. Fort de ces affinités esthétiques et de ses manipulations formelles et conceptuelles, Lieven de Boeck nous donne à voir une exposition qui, témoignant d’un esprit libre, bouscule les usages en place et demande à nous affranchir, le temps d’une exposition, des univers normés auxquels nous sommes confrontés en permanence.
Ainsi, au Plateau 2, l’exposition se visite comme une performance sur quatorze semaines. Ce parti pris est le point de départ du protocole de visite établi par Lieven de Boeck pour cet espace qui ne se découvrira qu’en petits groupes, sur rendez-vous, plusieurs fois par jour. La durée de cette visite est calibrée à l’échelle d’un espace-temps réinventé qui ouvre ensuite au débat et à la parole : comment visiter une exposition ? quel rôle et quelle place pour l’artiste aujourd’hui dans notre société ? comment et où se situe l’institution ? Cette exposition, écrite, pensée, habitée par un artiste engagé, est aussi pour le Frac l’occasion de repenser ses missions en tant que lieu d’études, de recherche, d’expérimentation au bénéfice de tous.
Pascal Neveux
Commissaire de l’exposition
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5 mars — 5 juin 2016
Commissaire de l’exposition - Pascal Neveux
Pour sa première exposition personnelle en France, Lieven De Boeck, qui vit et travaille à Bruxelles, propose un projet spécialement conçu pour le Frac, intitulé IMAGE NOT FOUND.
Cette exposition est l’occasion de parcourir dix années de travail, non pas sous la forme d’une rétrospective soucieuse d’une quelconque chronologie ou sous celle d’un inventaire formel, mais pour questionner, au contraire, le statut même de l’exposition et de l’institution qui l’accueille.
Fort de nombreuses pièces produites entre 2013 et 2015 lors de sa résidence au Cirva à Marseille et de l’acquisition en 2013 par le Frac de Hollywood Alphabet (A-Z), Lieven De Boeck nous propose une exposition conçue comme un manifeste. Il s’agit de questionner l’espace muséal et son fonctionnement codifié, d’interroger le statut de l’œuvre et ses typologies formelles, stylistiques et conceptuelles.
La libre manipulation de concepts, la mise en abyme de ces typologies permettent à Lieven de Boeck d’entraîner le visiteur dans une déambulation conçue comme une suite de questionnements à la fois poétiques et politiques. S’y révèlent les notions d’identité, de langage, de jeux combinatoires faisant appel à des concepts esthétiques, mathématiques et politiques. Le nombre d’or, les canons classiques de la beauté, la notion d’original, de copie et de ready-made, les suites mathématiques (suite de Fibonacci), les unités de mesure, les typologies architecturales (Neufert, le Modulor) sont autant de territoires de recherche que l’artiste investit par la production d’installations et d’objets à forte valeur ajoutée, esthétique et conceptuelle. Pour Lieven de Boeck, le
statut de l’objet est fondamental – un statut qu’il fait évoluer entre une dimension d’objets/sculptures et d’objets/concepts, activables dans le cadre de performances.
Procédant par soustraction, par prélèvements et par découpes de formes et de couleurs, telle l’œuvre The White Flags, 2015 – composée des 193 drapeaux des Nations Unies qu’il classe par affinités formelles après en avoir évacué les couleurs – Lieven de Boeck questionne les codes et les usages établis pour mieux les analyser et nous en proposer des modes de lecture très personnels. Par la création de son propre alphabet, l’artiste offre au visiteur un univers de signes et de formes dont le sens nous échappe et dont lui seul connaît les clefs de lecture. Le visiteur est alors amené à procéder par jeux combinatoires et par analogies pour tenter de décrypter et d’identifier le sens caché de ces lettres inconnues.
Fasciné par le statut du langage et par ses modes d’apparition sans en être pour autant un théoricien, Lieven de Boeck formule également, en créant son alphabet, un énoncé politique sur l’analphabétisme – facteur d’exclusion et de rejet – et ses ravages dans nos sociétés contemporaines. Ce n’est pas un hasard s’il s’intéresse de si près à la fonction du langage et à ses codifications internes en examinant les rapports entre la forme des symboles alphabétiques et l’esthétique de l’écriture qu’il s’ingénie à explorer. Jonglant avec la même facilité et la même fascination avec les chiffres et les suites mathématiques, Lieven de Boeck en inventorie toutes les possibilités combinatoires, allant jusqu’à créer une nouvelle et subjective unité de mesure à l’échelle de son corps (Ldb meter # 5 / Knot 1, Ldb meter # 6 / Knot 2...). Il joue une nouvelle fois avec les conventions en vigueur et vient perturber le sens établi des choses, non sans une note d’ironie ; il s’inscrit ainsi dans une longue et riche filiation artistique, de Guy de Cointet à Marcel Broodthaers, et de Marcel Duchamp bien entendu. Fort de ces affinités esthétiques et de ses manipulations formelles et conceptuelles, Lieven de Boeck nous donne à voir une exposition qui, témoignant d’un esprit libre, bouscule les usages en place et demande à nous affranchir, le temps d’une exposition, des univers normés auxquels nous sommes confrontés en permanence.
Ainsi, au Plateau 2, l’exposition se visite comme une performance sur quatorze semaines. Ce parti pris est le point de départ du protocole de visite établi par Lieven de Boeck pour cet espace qui ne se découvrira qu’en petits groupes, sur rendez-vous, plusieurs fois par jour. La durée de cette visite est calibrée à l’échelle d’un espace-temps réinventé qui ouvre ensuite au débat et à la parole : comment visiter une exposition ? quel rôle et quelle place pour l’artiste aujourd’hui dans notre société ? comment et où se situe l’institution ? Cette exposition, écrite, pensée, habitée par un artiste engagé, est aussi pour le Frac l’occasion de repenser ses missions en tant que lieu d’études, de recherche, d’expérimentation au bénéfice de tous.
Pascal Neveux
Commissaire de l’exposition