Hrafnkell Sigurdsson
26 Apr - 05 Jul 2008
HRAFNKELL SIGURDSSON
« Prints of Body & Light »
Exposition du 26 Avril au 5 Juillet 2008
Dans ses œuvres les plus récentes Hrafnkell Sigurdsson traite fréquemment du thème du gaspillage en se référant à l’emballage, ce signe flagrant de la société de consommation. Son triptyque récent en est un exemple parfait. Étymologiquement un triptyque veut dire plié en trois, qui en fait une espèce d’emballage autour de soi-même, car il manque l’objet enveloppé. Pour le laïque un triptyque est donc une simple couverture vide, égale aux images publicitaires des papiers et des plastiques en couleur arc-en-ciel, qui apparaissent en presque symétrie dans l’œuvre de Sigurdsson quand les volets se rabattent sur la partie du milieu.
Les associations sont multiples, même si en matière de signification rien dans ces œuvres se laisse fixer pour de bon. Le papier d’emballage nous renvoi directement à l’exemple de Freud, dans son « Malaise dans la Civilisation » de 1929. Les papiers épars, qui jonchaient les chemins de la forêt de Vienne et que le psychiatre prit comme indice incompatible avec l’état civilisé, sont néanmoins les signes les plus flagrants de notre civilisation. Peut-être c’est triste mais c’est pourtant dans les détritus que nous nous élevons au-dessus des autres bêtes. Celui qui remplit au plus vite le dépôt d’ordures est le plus estimé et par conséquent le plus civilisé.
C’est de l’autre côté de cette germination matérielle, ou derrière elle plutôt, qu’apparaît la réalité spirituelle, dans une terre désolée sous la neige, qui nous renvoi au célèbre poème d’Eliot de 1922, pas moins une expression déconcertante d’un malaise culturel que Sigurdsson en tant qu’Islandais, a éprouvé tout récemment par l’aménagement monstrueux des deux grandioses rivières glaciales à l’est du pays dans la plus vaste région vierge en Europe. Avec le barrage le plus élevé du continent on peut fournir une usine d’aluminium sur place avec suffisamment d’énergie pour produire tout l’emballage qu’il faut pour satisfaire le monde entier. Mais ce n’est pas seulement de cela que le triptyque de Hrafnkell Sigurdsson parle, mais aussi, d’autres lectures cachées au sein de cette œuvre suggestive.
Halldór Björn Runólfsson
« Prints of Body & Light »
Exposition du 26 Avril au 5 Juillet 2008
Dans ses œuvres les plus récentes Hrafnkell Sigurdsson traite fréquemment du thème du gaspillage en se référant à l’emballage, ce signe flagrant de la société de consommation. Son triptyque récent en est un exemple parfait. Étymologiquement un triptyque veut dire plié en trois, qui en fait une espèce d’emballage autour de soi-même, car il manque l’objet enveloppé. Pour le laïque un triptyque est donc une simple couverture vide, égale aux images publicitaires des papiers et des plastiques en couleur arc-en-ciel, qui apparaissent en presque symétrie dans l’œuvre de Sigurdsson quand les volets se rabattent sur la partie du milieu.
Les associations sont multiples, même si en matière de signification rien dans ces œuvres se laisse fixer pour de bon. Le papier d’emballage nous renvoi directement à l’exemple de Freud, dans son « Malaise dans la Civilisation » de 1929. Les papiers épars, qui jonchaient les chemins de la forêt de Vienne et que le psychiatre prit comme indice incompatible avec l’état civilisé, sont néanmoins les signes les plus flagrants de notre civilisation. Peut-être c’est triste mais c’est pourtant dans les détritus que nous nous élevons au-dessus des autres bêtes. Celui qui remplit au plus vite le dépôt d’ordures est le plus estimé et par conséquent le plus civilisé.
C’est de l’autre côté de cette germination matérielle, ou derrière elle plutôt, qu’apparaît la réalité spirituelle, dans une terre désolée sous la neige, qui nous renvoi au célèbre poème d’Eliot de 1922, pas moins une expression déconcertante d’un malaise culturel que Sigurdsson en tant qu’Islandais, a éprouvé tout récemment par l’aménagement monstrueux des deux grandioses rivières glaciales à l’est du pays dans la plus vaste région vierge en Europe. Avec le barrage le plus élevé du continent on peut fournir une usine d’aluminium sur place avec suffisamment d’énergie pour produire tout l’emballage qu’il faut pour satisfaire le monde entier. Mais ce n’est pas seulement de cela que le triptyque de Hrafnkell Sigurdsson parle, mais aussi, d’autres lectures cachées au sein de cette œuvre suggestive.
Halldór Björn Runólfsson