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MARCUS STEINWEG
 

DEFINITION DE LA PHILOSOPHIE

1. Philosophie est AFFIRMATION DE VERITE.

2. Pour être philosophie, la philosophie s’est libérée des autorités qui la limitaient. Elle incarne une AUTO-AUTORISATION.

3. La philosophie n’existe qu’au-delà de la bonne et de la mauvaise conscience.

4. Le sujet de l’auto-affirmation est sujet de la différence de L’AMOUR et de la SENTIMENTALITE. C’est le sujet d’un combat livré à soi-même. Il doit combattre la sentimentalité, les petits sentiments et ses effets rabougris afin d’être sujet de l’amour, de son intensité, cruauté et infinité. Le sujet de l’amour touche au réel ou à l’extérieur, pour que, lors ce contact, il devienne quelque chose d’autre. Au lieu de s’aimer et de s’emmurer dans l’amour de soi propre à la haine narcissique de soi, il commence à s’élever contre le soi actuel en tant que soi de l’amour (c’est-à-dire du contact avec autrui) dans le CONTACT AVEC L’INTOUCHABLE. Il commence à affirmer la vérité de L’AUTRE, du DEHORS, du CHAOS ou du REEL.

5. Le sujet de la philosophie se refuse aussi bien à la transcendance qu’à l’équivalence. Il est le sujet d’une volonté absolue. Il veut que tous les sujets réalisent leur liberté et leur responsabilité.

6. Le sujet de la philosophie est un SUJET AIMANT. Au lieu de s’aimer soi-même il aime l’autre. Il aime l’autre dans son altérité, c'est-à-dire qu’il aime l’autre soi. Il aime l’être soi-même de l’autre, l’autre être soi, de son côté soucieux de lui-même par amour pour l’autre.

7. Le sujet de l’amour philosophique s’affirme comme sujet de sa VOLONTE et de son amour pour l’auto-élévation. Il combat la normalité de l’indécidable pour devenir anormal par rapport à sa normalité. C’est le sujet d’une perversion élémentaire ébranlant son être. Au milieu de l’indécidable (qu’il n’amoindrit ou ne nie), il s’affirme comme sujet de l’indécidable.

8. Le sujet de la philosophie est un SUJET AFFIRMATIF. Il s’affirme soi-même comme sujet. Il affirme sa liberté de décision et la responsabilité qu’elle entraîne. Le sujet affirmatif veut être libre et responsable de ses actions et de ses décisions. Il se fait libre pour sa liberté au lieu de se rétracter dans son impuissance et sa servitude factuelle. Le sujet affirmatif ne se rétracte pas, il se met en avant.

9. La philosophie est affirmation. Elle est le pouvoir de l’affirmation. Elle affirme le moi et son innocence comme agent et objet de ce pouvoir. Elle affirme la liberté et la responsabilité. Elle affirme la volonté d’émancipation du sujet. L’émancipation, c’est la libération du pouvoir établi avec les moyens du pouvoir d’affirmation. L’affirmation veut la liberté et la responsabilité du sujet et, de ce fait, elle remet en question les pouvoirs établis dans la mesure où ceux-ci compromettent la liberté et la responsabilité du sujet.

10. Le sujet de la philosophie est furieux. Il fait l’expérience en soi d’une FUREUR ABSOLUE. Être furieux signifie s’épouvanter face à la cruauté de l’étant. Cela signifie se dépasser au contact de cette cruauté et être bouleversé par elle. L’état de bouleversement du sujet ne l’affaiblit pas. Elle lui donne de la force. Elle renforce le sujet face à ce qui l’épouvante. Elle donne au sujet le sens de sa liberté : être responsable face à l’épouvantable. La fureur fait partie de la responsabilité. Il n’y a de responsabilité que pour un sujet furieux.

11. La philosophie ne peut s’exprimer dans un ordre. Le moment de désordre non contrôlé fait partie d’elle, résistance contre le pouvoir de négation de l’institution politique, juridique, culturelle, sociale etc. La philosophie affirme la résistance en tant que telle. La philosophie est résistante. Mais elle n’est pas négative. Elle ne peut nier les systèmes de contrôle et les contraintes disciplinaires qu’en s’opposant, dans l’acte de décision qui affirme la vie, à une réduction de la liberté au droit de choisir entre des options prédéterminées.

12. La philosophie est progressive et émancipatrice sinon elle ne serait pas philosophie.

13. C’est la volonté et la détermination de la philosophie que la volonté de la responsabilité devienne évidente. La détermination est toujours détermination à la décision et à ces conséquences. Elle est volonté active. C’est la liberté qu’elle veut en premier. Car la liberté est la base qui la rend possible. La liberté est une conquête, elle ne revient pas au sujet de manière évidente.

14. Le sujet de la philosophie se bat pour sa liberté. Il se bat en sachant, comme le dit Nietzsche, que “ tout homme qui veut devenir libre doit le devenir par lui-même et que personne ne reçoit la liberté tel un cadeau miraculeux tombé en son sein”.

15. Le défi de la philosophie aujourd’hui consiste à penser la LIBERTÉ, la FIERTÉ, la DIGNITÉ, la HONTE et l’AMOUR sous les conditions de la critique de l’idéologie et du contextualisme déconstructiviste : vouloir être libre dans la servitude. Le sujet philosophique, qui est rempli de dignité, qui est beau et fier, est un sujet de la VÉRITÉ. Il est sujet de la vérité de sa volonté, de sa liberté, de sa subjectivité.

16. Le sujet de l’expérience de la liberté, de la responsabilité et du dehors est sujet de ses passions. Sujet des affects, des courants, des vagues et des intensités. SUJET DE L'AMOUR et du frémissement. Il vit une émotion dérangeante, violente. Le sujet touche à ce qui le dépasse, il sera secouer par ce trop plein de toucher. Il se déplace le long d’une frontière. Il erre aux limites d’une PURE PERTE. L’expérience d’un dénuement complet appartient à la subjectivité. Le sujet de l’expérience expérimente sa PAUVRETE ONTOLOGIQUE, son essentielle absence de domicile, les signes de son ouverture à l’indéterminé, celui-ci étant non encore décidé.

17. La situation du sujet (philosophique) est la scène d’un DEPASSEMENT DE SOI PERMANENT. Le sujet, c’est ce qui s’effondre en soi-même.

18. Tandis que le SUJET NARCISSIQUE effectue sa saisie à l’échelle de la FERMETURE IDENTITAIRE DE SOI (afin d’empêcher ou de refouler une blessure factuelle), le sujet philosophique de l’expérience de l’autre est livré à la facticité de la douleur même sans se rendre passif par rapport à la douleur. Le SUJET DE LA DOULEUR doit s’élever au-delà de la douleur sans l’aiguiser ou la nier. C’est le SUJET DE L’AMOUR, du contact passionné avec l’intouchable. Il perd et se constitue dans ce contact. C’est le CONTACT AVEC LE NON-CONTACTABLE, l’événement d’une dés-individualisation.

19. Le sujet de la philosophie est un SUJET D'EXAGERATION CONTINUELLE DE SOI. Il est SUJET HYPERBOLIQUE des limites propres. Sujet d’une irritation continuelle de soi et de l’accélération de soi vers la limite, autre nom de son ANONYMAT, de sa LIBERTE et de sa RESPONSABILITE. Pensé comme abîme et désert, l’anonymat amène le sujet devant l’impossible du soi. C’est le sujet de cette impossibilité, sujet du désert. Il dépasse et s’abandonne et retourne au désert. Il se charge de la responsabilité en tant que sujet et s’élève en tant que sujet de sa propre volonté : il se dépense pour sa colère.

20. Le sujet de la colère philosophique est sujet de la CREATION DE SOI, sujet du devenir.

21. C’est un sujet sans garantie ontologique (de soi) dans un principe universel de la tête (ou du nom). En tant que sujet d’une nouvelle législation et d’une NOUVELLE RESPONSABILITE et d’une NOUVELLE UNIVERSALITE : l’universalité du sans.

22. Philosophie signifie “ l’amour de la sagesse ”. Philosopher veut dire aimer. Cela veut dire désirer. Vouloir quelque chose. Aimer, vouloir ou désirer le sophon, la “ sagesse ”, la vérité du réel. La philosophie aime la vérité, elle réclame la vérité, elle désire la réalité du réel. Elle est désir du réel.

23. La philosophie se dérobe à la dictature de la mémoire, aux systèmes de culpabilité et de conscience pour être, dans un sens radical, innocente et sans scrupules. Elle est un mouvement de liberté et de libération de soi. Philosopher signifie aimer la liberté. La désirer et la vouloir. La philosophie est l’amour de la liberté.

24. La philosophie se dépense dans l’invention d’une NOUVELLE RÉALITÉ. Elle est hyperbolisme du réel. Philosopher signifie aimer de manière exagérée, inquiète et excessive par la fuite libre, réelle, loin des fantômes de la servitude. La philosophie ne fuit pas la réalité. Elle fuit dans la réalité. Elle est mouvement de fuite au sens deleuzien : déterritorialisation, devenir incessant, excès permanent.

25. Le sujet philosophique est le sujet d’une auto-accélération déterritorialisante d’un sujet qui n’est presque plus un sujet. Le sujet se porte jusqu’à ses frontières, il s’irrite à ses frontières, il dérive au-delà d’elles. L’auto-irritation du sujet transforme le sujet philosophique en lieu de l’inquiétude absolue. La philosophie est nerveuse, turbulente et déséquilibrée. Elle se dépasse et se pousse elle-même à l’extrême jusqu’à sa propre frontière pour être, en tant que philosophie, responsable, PHILOSOPHIE DE LA RESPONSABILITÉ.

26. Le sujet de la philosophie n’est pas indifférent. Il exige de lui-même un certain courage. C’est le courage de la liberté, le courage de la responsabilité. La MACHINE CAPITALISTE produit aujourd’hui l’absence de courage. Elle prescrit au sujet ce qu’il doit désirer. Elle ôte au sujet sa VOLONTE, son DESIR, sa LIBERTE et sa RESPONSABILITE. En contrôlant son désir, elle fonde la passivité du sujet en tant que récepteur-de-décisions. Il n’existe pas de consommation active. Le sujet devient contrôlable dans l’objectivité du consommateur. Il est discipliné, calmé, anesthésié et tranquillisé. Le SUJET DU CAPITALISME en tant que sujet-récepteur est un sujet limité, réduit à sa capacité de consommation. Il ne décide pas de lui-même puisqu’il se prononce pour les décisions d’autrui. Ses décisions sont des synthèses passives. Les intérêts du capital les préfigurent. Le sujet du capitalisme ne prend aucune responsabilité, il ne doit prendre aucune responsabilité. On attend de lui qu’il remplisse son rôle. Il doit consommer. Il ne désire même pas ce qu’il consomme. Il ne désire rien d’autre que son désir, que la passivité d’un désir presque indifférent à l’égard de ce qu’il désire pourvu que ce soit NEUF.

27. La responsabilité du sujet est INDIVISIBLE et ABSOLUE. Agir librement signifie : manier de manière responsable sa responsabilité, c'est-à-dire sa liberté. Il n’y a pas de morale contraignante, pas de règles assurées, pas de lois inébranlables à partir desquelles le sujet pourrait s’orienter, s’il veut être responsable. Le sujet doit se donner sa propre loi, il est, comme le dit Sartre, condamné à être libre. Il est condamné à être responsable de tout ce qu’il fait. La philosophie sartrienne est une philosophie de la liberté et de la responsabilité entière. C’est une PHILOSOPHIE DE LA FORCE. En pensant l’homme dans sa responsabilité, elle le respecte. Elle est philosophie éthique. Elle méprise la morale. Elle exige du sujet qu’il se surmène face à l’histoire dans l’ici-et-maintenant de sa situation politique, sociale, culturelle, etc. Il faut que ce sujet dépasse sa SITUATION FACTUELLE, c'est-à-dire qu’il se dépasse lui-même en tant que sujet de cette situation sans ignorer la FACTICITÉ du RÉEL. Le sujet a la faculté de transcender, de percer ce qui n’est que factuel. Il dépasse ce qui le détermine. Dans l’instant de la décision véritable, il sort de l’histoire et se manifeste comme SUJET ABSOLU. Comme Deleuze le dit, paraphrasant Kant, il se survole. Il se surmonte parce qu’il dépasse et fait voler en éclats le cadre de ses conditions. Il se surmonte ainsi lui-même. Il vole en éclats. Il se perd en tant que sujet au moment de la subjectivité accrue. Il se met en jeu. Il joue avec la plus haute ardeur. Il agit en ne respectant rien autant que sa liberté.

28. LA PHILOSOPHIE EST L’AMOUR DU REEL. Elle est amour de la liberté et de la responsabilité face au réel et à autrui. La philosophie est subjectivité accrue. Autrui m’engage en tant que sujet à être sujet pour lui et pour moi, c'est-à-dire à être libre. La liberté d’autrui doit également être la finalité de mon désir de liberté. En voulant être libre et responsable, je veux qu’autrui puisse être libre et responsable. Le sujet de la responsabilité veut une RESPONSABILITÉ ENTIÈRE. Il veut que chaque sujet saisisse dans sa singularité la possibilité de liberté et de responsabilité.

29. La philosophie est solidaire des faibles, des délaissés, des humiliés et des dépossédés. Mais elle n’est à aucun moment solidaire de l’impuissance et de la faiblesse elles-mêmes. Le sujet de la responsabilité combat FAIBLESSE et IMPUISSANCE. Il veut que le sujet contraint ou affaibli retrouve à nouveau ses forces. Il l’aide en luttant contre sa servitude et sa faiblesse. Il ne combat pas “ les faibles ”. Il exige de soi-même le COURAGE DE LA LIBERTÉ, le courage de résister à ce que l’étant dans sa totalité possède d’humiliant.

30. Le sujet de la responsabilité philosophique est innocent. Il est souverain, mais ne dispose à aucun moment d’une “ vue d’ensemble ”. Il est le sujet d’une inévitable précipitation. Il est un SUJET HYPERBOLIQUE, fou ou errant. Il est sujet de l’auto-accélération et de l’exagération. Nietzsche parle du dépassement de soi (Selbstueberwindung) comme de sa qualité essentielle. La responsabilité ne peut être pensée qu’en tant que dépassement de soi : le sujet saisit au-delà de soi. Cette saisie au-delà de soi constitue son moi. La responsabilité est responsabilité de soi.

31. Le sujet responsable (révolutif, hyperbolique) dirige la violence de la responsabilité toujours (d’abord) contre lui-même. Il (re)constitue ou affirme sa subjectivité dans l’acte de cette exigence auto-affectante. Dans ce sens, pour reprendre les termes de Zizek, “ la violence devrait en premier lieu être conçue comme violence-de-soi, comme un remaniement violent de la substance de l’être du sujet. ”

32. Le sujet de la philosophie est le sujet d’une sérénité ontologique. C’est le SUJET DU BONHEUR.