EMAIL À THOMAS HIRSCHHORN: MUSEE PRECAIRE ALBINET

THOMAS HIRSCHHORN
MUSEE PRECAIRE ALBINET
MUSEE PRECAIRE ALBINET
je viens de voir le FILM DE CORALY sur le MUSÉE PRÉCAIRE ALBINET. elle m’a donné une COPIE à AUBERVILLIERS. le FILM est BEAU et RÉUSSI pour 4 raisons :
1) il donne une impression VRAIE, pas COMPLÈTE, pas EXHAUSTIVE (comme s’il s’agissait de cela), mais VRAIE de ce PROJET, de ton TRAVAIL : de sa COMPLEXITÉ, de sa DIFFICULTÉ, de sa BEAUTÉ. Il ne faut pas oublier que LES IMAGES JAMAIS NE MENTENT, contrairement à ce que veulent nous faire croire LE BON SENS THÉORIQUE et L’INTELLIGENCE CRITIQUE. les IMAGES ne mentent ni plus ni moins que les FAITS. peut-être sont-elles MOINS MENSONGÈRES quand elles mentent pour la raison qu’elles se présentent indiscutablement COMME IMAGES (celles de FAITS ou non).
2) il dévoile la PLURALITÉ, la DIVERSITÉ, la CONFLICTUOSITÉ des INTERVENANTS, des AIDANTS et des PARTICIPANTS au MUSÉE PRÉCAIRE ALBINET.
3) ce qui compte d’abord pour moi, c’est qu’on prend conscience de la JOIE, de l’ENGOUEMENT, de l’ACTIVITÉ et de l’AMOUR DE LA VIE qui émanent de ton TRAVAIL, que ton TRAVAIL est en mesure de faire RAYONNER :
- PAR SA PRÉCISION FORMELLE ET SA RIGUEUR,
- EN S’AFFIRMANT EN TANT QU’ART (ET NON PAS EN TANT QUE TRAVAIL SOCIAL, POLITIQUE, ÉTHIQUE, MORAL),
- PAR TON INTRANSIGEANCE, TA PERSÉVÉRANCE, TA PRÉSENCE,
- EN CE QUE TU RÉPONDS DE TA « MISSION », DE TON TRAVAIL. TON STANDING-ALONE, comme tu dis. quiconque ABORDE L’INCONNU pour inventer une NOUVELLE LANGUE, UN VOCABULAIRE DIFFÉRENT, l’INEXPRIMABLE LOI D’UNE GRAMMAIRE DE L’INEFFABLE, de l’INQUIÉTANT, connaît cette solitude !
- EN CE QUE TU PERSISTES dans ce DESSEIN, FIDÈLE À LUI-MÊME, qui s’ouvre à l’ALTÉRITÉ de l’AUTRE, de sa VOLITION, de ses ESPÉRANCES, RÊVES et FANTASMES.
4) tes STATEMENTS EN VOIX OFF sont CLAIRS ET PROBANTS. Tu sais que j’agrée à tout ce que tu dis. qui te reprocherait d’être NAÏF (si cela advenait), n’aurait RIEN compris. rien de la VIOLENCE et de l’AUTOACCÉLÉRATION, de l’INTENSITÉ, de l’OPINIÂTRETÉ NÉCESSAIRES à l’AFFIRMATION DE SOI en tant qu’ARTISTE. Quiconque se risque en tant que PHILOSOPHE, qu’ARTISTE, à PRENDRE POSITION, à AFFIRMER, à VIVRE tout simplement, sait qu’un MINIMUM MAXIMAL de NON-SAVOIR, RISQUER l’IGNORANCE donc, un certain MANQUE DE COMPRÉHENSION, que se SURMENER et OSER la NON-VOYANCE, bref, que L’IRRÉFLEXION en rapport avec sa situation propre culturelle, économique, politique, idéologique, sociale etc., font partie de la RELATIVITÉ et de la PARTICULARITÉ, de la PERSPECTIVITÉ des CIRCONSTANCES et des CONDITIONS DONNÉES. l’ART ne vient jamais du SAVOIR. ce n’est pas par des POINTS DE VUE, des OPINIONS, des ARGUMENTS que l’ART crée, stabilise, rend plausible. l’ART ne se génère pas par des CERTITUDES, des AVIS, des OPINIONS, des ARGUMENTS. L’ART est CONTACT dans le DOUTE : RÉSISTANCE AFFIRMATIVE. PRODUCTION ENVERS ET CONTRE TOUT ET TOUS, CRÉATION PAR-DELÀ L’HISTOIRE. l’ART n’existe qu’en tant que CONFRONTATION avec une INSONDABLE CONTINGENCE.
j’ai visité le MUSÉE PRÉCAIRE en sachant qu’il s’agit là d’un travail qui n’a pas son pareil quant à la BEAUTÉ et l’INCOMMENSURABILITÉ et la PRÉCISION et la DÉTERMINATION : INCOMPARABLE quant à sa DIFFICULTÉ, quant à la PROFUSION des MOYENS MIS EN OEUVRE, EXCEPTIONNELLEMENT CONFIANT ET INCERTAIN, et CONTESTABLE et COURAGEUX, EXCESSIF et FRAGILE, à l’EXCÈS. comme tu dis : UNE MISSION IMPOSSIBLE FINALEMENT NON IMPOSSIBLE !
on SURVIT à la VIE, c’est possible - il ne faut qu’ESPÉRER, AVOIR CONFIANCE, VOULOIR SURVIVRE pour EXISTER, pour VIVRE, pour ÉCRIRE, pour CONTINUER, comme dit DURAS.
j’essaye – je l’essaye depuis longtemps en PHILOSOPHIE – de M’OUVRIR à la VIABILITÉ du NON-VIABLE de la VIE, de DIRE OUI à la VIE à l’aide de la PHILOSOPHIE. Comme tu le sais, je suis sans cesse confronté aux mêmes OBJECTIONS, à la même attitude CRITIQUE, à la même ANGOISSE AGRESSIVE, à la même SENSIBILITÉ OFFENSÉE. on a de tous temps CRITIQUÉ la PHILOSOPHIE, on s’en MÉFIE parce qu’elle semble COMPLIQUÉE, INCOMPRÉHENSIBLE, LOIN DU MONDE et de TOUTE RÉALITÉ. On pense généralement qu’elle n’est que FUITE HORS DU TEMPS, hors du « RÉEL ».
et pourtant la philosophie n’est rien d’autre que l’AFFIRMATION du ICI ET MAINTENANT.
- rien d’autre que PERSÉVÉRER À SURVIVRE ICI-BAS.
- rien que COURAGE DE VIVRE et RÉSISTANCE AU QUOTIDIEN sans SE PLIER À LA « FORCE DE L’EXISTANT » (HORKHEIMER / ADORNO), sans renoncer À VIVRE avant d’avoir COMMENCÉ À VIVRE. sans TOMBER EN LÉTHARGIE DEVANT LE POUVOIR DES « FAITS », sans minimiser l’IMPRÉVISIBILITÉ de l’AVENIR, sans CONDAMNER l’EXCÈS de ce qui VIENDRA.
LA PHILOSOPHIE EST JOIE DE VIVRE, S’ÉNIVRER DE SON IMPÉTUOSITÉ, de SA DÉMESURE, AIMER LA VIE TELLE QU’ELLE EST.
m’envoie s’il te plaît l’ADRESSE E-MAIL DE CORALY pour que je puisse la remercier de son TRÈS BEAU FILM.
bien à toi,
marcus