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MARCUS STEINWEG
 

GUERRE, CONSCIENCE, HYPERBOLISME, DÉCISION

Etre GUERRIER signifie payer pour ses objectifs. La communauté des guerriers est la communauté de réalité de sujets qui refusent de ne pas participer à la REALITE DES GUERRES.

Toni Negri a montré qu’une caractéristique de la post-modernité est ce qu’il appelle la non-différenciabilité de la guerre et de la paix. La paix, que défendent les sujets de l’indifférence de la communauté de conscience des bons, est “ aussi monstrueuse que la guerre. (...) A l’époque actuelle, la guerre, la paix et la barbarie forment une mixture, elles existent toutes parallèlement. ” Les BONS tentent de nier la SIMULTANEITE DE LA GUERRE ET DE LA PAIX, la réalité de cette mixture. Ils poursuivent une illusion de paix qui leur suggère qu’ils ne sont pas touchés par le “ mal ”, par la guerre.

La communauté des guerriers se recrute dans la certitude qu’il n’y a pas d’au-delà de la zone de non-différenciabilité de la guerre et de la paix, du “ bien et du mal ”. Comme le soulignent clairement les POLITIQUES D'IMMANENCE de Deleuze et de Negri, il n’y a pas de dehors. Il n’y a rien d’autre que l’espace de cette non-différenciabilité : LA REALITE.

La RESPONSABILITE n’existe qu’au-delà de la conscience, de son économie et de sa logique. Le sujet responsable doit laisser derrière lui les systèmes religieux et profanes de conscience et de tort. Il doit se libérer de la DICTATURE DE LA MORALE ET DU BON SENS.

La communauté des inconscients est la communauté de la subjectivité philosophique. La philosophie s’oppose à la conscience. La philosophie n’existe qu’au-delà de la bonne et de la mauvaise conscience. La philosophie est inconsciente dans un sens fondamental : l’inconscience de la philosophie relève de son évidence émancipatrice. Pour être philosophie, la philosophie s’est libérée des autorités qui la limitaient. Elle incarne une AUTO-AUTORISATION. Elle s’autorise à cette auto-libération des dispositifs de l’autorité politique, de la société, de l’économie, de l’histoire, de la religion, de la DOXA. Auto-autorisation signifie s’autoriser en tant que sujet d'un certain COURAGE.

L’auto-autorisation demande du courage. C’est le COURAGE DE LA LIBERTE, de l’inconscience. La liberté et la conscience s’excluent réciproquement. Il n’y a pas de liberté sans suspension de la conscience. La liberté est un autre nom pour L'INNOCENCE DU SUJET. Le sujet est innocent. L’innocence est la condition de la possibilité de sa responsabilité. Le sujet ne peut être responsable que s’il est innocent. La responsabilité et l’innocence du sujet sont indivisibles et absolues.

Le sujet doit prendre des décisions. Il doit agir, ICI ET MAINTENANT. Le sujet est le sujet de cette nécessité. Il est le sujet de décisions urgentes. Sujet d’une certaine priorité. SUJET HYPERBOLIQUE, sujet de l’exagération et de sa propre surexcitation. Sujet de la détresse.
Le sujet n’a pas de temps. Il n’y a pas d’au-delà pour le sujet. Le sujet est le sujet d’un en deçà pressant. Il est le SUJET DE L'IMMANENCE.

Il persiste néanmoins en tant que sujet d’une certaine utopie. La pensée utopique n’a rien à voir avec la fuite de la réalité, la fuite de soi-même et du monde. La pensée utopique est la pensée au centre du réel. La pensée utopique risque les ESPOIRS NON-ROMANTIQUES ET NON-IDEALISTES. Le sujet de l’utopie de l’immanence rêve à la réalité au lieu de la fuir. Il ne rêve pas à l’au-delà de la réalité ; il n’y a pas d’au-delà. Il rêve à l’élargissement du réel. Il dépasse le réel au sein du réel. Il le dépasse à un moment encore inexistant de la réalité.

Le sujet assume la responsabilité de son rêve en tant que sujet de ce rêve et de ce dépassement. Il assume la responsabilité des “ pages sombres ” de la réalité. Car le sujet de l’immanence est le SUJET DE LA RESPONSABILITE INDIVISEE. Il est le sujet de la LIBERTE ABSOLUE. La pensée utopique pense cette responsabilité et cette liberté. Elle indique au sujet la voie de sa liberté. Elle lui ouvre l’espace de la liberté. Le sujet essaie de penser l’endroit de la liberté. Il lui faut voir cet endroit dans la réalité. Il doit accepter qu’il n’y a pas de possibilités de fuite.

Le sujet de l’immanence lutte pour la liberté, pour la justice et pour la responsabilité. C’est un sujet essentiellement combattant. [] Se battre pour la liberté ne signifie pas se battre au nom de DIEU, d’une RELIGION ou d’une NATION. Cela signifie se battre au nom de la liberté. Cela ne signifie pas se battre au nom de valeurs historiques, nationales, internationales, culturelles, religieuses ou autres. Le sujet n’a pas de valeurs. Il lutte contre des valeurs. La lutte pour la liberté n’est pas la lutte pour la liberté en tant que valeur. La liberté n’est pas une valeur. La liberté est la réalité du sujet.

Ce qui ne signifie pas que la NON-LIBERTE n’existe pas. Et pourtant : la non-liberté est OBJECTIVE. La liberté est ABSOLUE. La non-liberté objective du sujet n’est pas en contradiction avec le fait que le sujet est absolument libre. Dans une non-liberté objective, le sujet reste libre dans un sens absolu. La lutte pour le sujet de la liberté est la lutte pour la DIGNITE d’un sujet sans valeur.

Le sujet est libre. Il reste libre de valeurs. Les valeurs sont soit les valeurs intelligibles d’une communauté transcendantale religieuse ou métaphysique, soit les valeurs d’un système d’échange et d’équivalence. Le sujet de la liberté se refuse aussi bien à la TRANSCENDANCE qu’à L'EQUIVALENCE. Il est le sujet d’une volonté absolue. Il veut que tous les sujets réalisent leur liberté et leur responsabilité. Etre responsable signifie réaliser sa propre liberté. Cela signifie rêver le rêve de la liberté au milieu de la cruauté de la réalité. Le rêve de la liberté est le rêve de l’immanence.

Le sujet de l’immanence est le sujet de l’auto-autorisation. Il s’affirme en tant que sujet de ses rêves. Il s’affirme en tant que sujet qui lutte pour la réalité de ses rêves. Rêver signifie pour ce sujet s’affirmer dans la réalité sans accepter la déformation économique, politique, médiale du sujet. La lutte contre cette déformation est la lutte pour le sujet sous sa forme la plus pure. La subjectivité est un autre nom pour la liberté, la nudité, l'universalisme, pour l’anonymat du sujet. La liberté est un autre nom pour l’océan ou pour le désert en tant que dimensions de la responsabilité absolue.

Le sujet de l’immanence est le sujet de ce DESERT et de cet OCEAN. Le sujet est seul. Etre un sujet signifie être SOLITAIRE, n’avoir aucune aide. La liberté et la responsabilité sont indivisibles, elles ne sont pas partageables. La subjectivité du sujet est indivisible. Le sujet est un sujet atomique. En luttant pour la liberté, il lutte pour cette indivisibilité. Il est le sujet d’une résistance active. Le sujet d’une affirmation puissante de sa vie et de son désir. Le sujet de l’anarchie et de la désobéissance (civile ou absolue) dont parle THOREAU. La communauté des sujets de l’immanence est la communauté des sujets de la liberté qui défendent une responsabilité non divisée.