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MARCUS STEINWEG
 

QU'EST-CE QUE LA RESPONSABILITÉ

La responsabilité est le dépassement de soi. Être responsable signifie être sans repos tout comme la philosophie. Cela veut dire se dépasser au sein de la réalité et du temps dans lequel on vit, c'est-à-dire dans l’ici-et-maintenant. Nietzsche est le penseur de ce dépassement. Nietzsche connaît les efforts du sujet responsable. La responsabilité épuise le “ moi ”, elle déséquilibre le “ sujet ”, dans la mesure où le moi et le sujet résistent au quiétisme.

Le sujet de la responsabilité est un sujet dissonant et sans cadence. Il n’est pas dans son axe. Il prend des risques sans cesse. Il joue avec lui-même comme enjeu essentiel. Il mobilise toute énergie et toute force pour être responsable. Il active même les forces dont il ne dispose pas. Il saisit l’impossible. Responsabilité signifie désirer l’impossible en tant que possible impossible. La responsabilité est tout comme la philosophie, un désir. Elle est un amour absolu, une passion absolue. Elle est catastrophe et dépassement. Elle existe seulement en tant qu’excès. Le sujet de la responsabilité doit, pour être responsable, risquer un certain degré de liberté. Il y a responsabilité uniquement pour autant qu’il y a liberté. La liberté est liberté de choisir, de décider dans l’ici-et-maintenant. Être libre au sein du réel ou face à lui : c’est le désir de la philosophie. La liberté de décision est en même temps l’abîme de la décision. Schelling, Kierkegaard, Heidegger, Sartre et d’autres l’ont formulé ainsi. Être libre signifie être abyssal, être sans sol et sans fondement. Le sujet de la responsabilité veut et doit se décider face à cet abîme. Il doit choisir. Il choisit en titubant au-dessus de l’abîme de sa propre impuissance. Il titube face à une liberté qui transcende son statut objectif (être ce sujet historique, sexué ou socio-politique particulier) en tant que condition de possibilité de sa percée, c’est-à-dire en tant qu’abîme transcendantal de la responsabilité. Le sujet titube et s’effraie comme sujet de cette responsabilité et de cette liberté abyssales. Mais il reste, dans une certaine mesure, “ sujet ”. C’est en tant que sujet qu’il prend des responsabilités. Il risque de faire de mauvais choix en prenant des responsabilités et en décidant, c’est-à-dire qu’il risque de compromettre sa liberté et son désir de liberté.