Michel Rein

Dora Garcia

08 Sep - 03 Oct 2007

Twice Told Tales (Exhibition view at the gallery)2007
DORA GARCIA/ Twice Told Tales
with: ISABELLE CORNARO, CEAL FLOYER, AURELIEN FROMENT, RYAN GANDER, BENOIT MAIRE, FALKE PISANO, SIMONA DENICOLAI & IVO PROVOOST

Vernissage samedi 8 septembre, 16h-21h/ Opening on Saturday, September 8th, 4-9pm

“Twice Told Tales” was conceived after a discussion with Dora Garcia. It gathers artists who use similar work methods, as they draw references from literature, cinema, philosophy or modern art. In spite of their very minimal looks, the works in the show combine different levels of interpretations, just like tales and mythological stories. Narration is a constituent quality of the works, in the same way as their visual appearances.

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Dora Garcia (née en 1965, vit et travaille à Bruxelles)
Le travail de Dora Garcia se loge dans un interstice entre le réel et la fiction et questionne la validité de ces catégories en intégrant le visiteur de l’exposition comme protagoniste de son histoire en cours de création. Ainsi, pour son projet présenté au Skulptur Projekte de Münster (jusqu’au 30 septembre 2007), The Beggar’s Opera , l’artiste a engagé un acteur pour jouer le rôle d’un mendiant dans l’espace public. Le récit des ses aventures est retranscrit sur un blog ( http://thebeggarsopera.org /) et sous forme de sketches, deux mercredis par mois, sur la scène d’un théâtre de la ville. Ces deux modes d’expression apportent différents niveaux de lecture à l’oeuvre qui se constitue au jour le jour dans la sphère réelle.
Pour l’exposition, Dora Garcia propose un oeuvre sonore intitulée Twicetellingaboutfilm , commentaire audio du Film (1966) de Samuel Beckett illustré par une citation du film réalisée en lettres adhésives.

Isabelle Cornaro (née en 1974, vit et travaille à Paris)
Utilisant un langage formel emprunté au minimalisme, Isabelle Cornaro mêle dans ses oeuvres références au film et au paysage moderniste. Pour l’exposition, l’artiste propose Everything left is mine , un film noir et blanc dans lequel elle traverse le champ de la caméra en longeant des balcons d’immeubles de la Karl-Marx-allee à Berlin. Cette avenue, ancienne Stalin-allee bâtie dans Berlin-Est après la Seconde Guerre, demeure le symbole architectural de l’utopie communiste.
Un “dessin”, en réalité collage à base de bandes de papier découpées et entremêlées de cheveux, sera également présenté. A travers cette oeuvre, l’artiste nourrit l’esthétique minimale qu’elle affectionne d’une certaine tendance fétichiste.
Les oeuvres d’Isabelle Cornaro sont visibles en septembre 2007 à la 1ère Biennale de Dieppe.

Ceal Floyer (née en 1968, vit et travaille à Berlin)
Le travail de Ceal Floyer se caractérise par une simplicité d’apparence et un humour à la Beckett, à la limite de l’absurde. Les détails de la vie quotidienne, imperceptibles pour la plupart d’entre nous, constituent le sujet privilégié de ses oeuvres. Ainsi la pièce sonore Sus pense installée dans une salle vide du Domaine de Kerguéhennec lors de son exposition personnelle (avril-juin 2007) accompagnait la circulation des visiteurs dans l’espace du centre d’art par une musique rappelant les meilleurs thrillers.

Aurélien Froment (né en 1976, vit et travaille à Paris)
La narration prend une place importante dans le travail d’Aurélien Froment. Ses oeuvres fonctionnent comme des bribes d’histoires interrompues qui naviguent dans un entrelacs de références, du cinéma de Werner Herzog aux réalisations architecturales de Paolo Soleri. Lors de l’exposition “Une histoire à soi” à la Galerie de Noisy-Le-Sec (mai-juillet 2007), l’artiste a projeté Molly , sa dernière vidéo en deux parties qui évoque à la fois Fitzcarraldo , le film d’Herzog, mais également le personnage réel dont le film s’est inspiré, Brian Sweeney Fitzgerald. La mise en abyme des références est compliquée par la forme même de l’oeuvre. La première partie adopte la forme d’un film de vacances commenté, tandis que la seconde documente le transport et l’installation dans l’espace d’exposition de Noisy d’une maquette de bateau réalisée d’après une image tirée de Fitzcarraldo .
Pour “Twice Told Tales”, Aurélien Froment propose De l’île à hélice à Ellis Island , une collection de livres dont les titres se répondent, sur le mode “marabout-bout de ficelle”.

Ryan Gander (né en 1976, vit et travaille à Londres)
Avant de recevoir le Prix de la Dena Foundation en 2006 pour son oeuvre Time Capsule , Ryan Gander a participé à de nombreuses expositions en France: aux Laboratoires d’Aubervilliers avec Aurélien Froment en 2005, à Glassbox en 2006, à la Villa Arson et à la Kadist Foundation en 2007. Ses oeuvres, à l’apparence conceptuelle ou minimale, proposent un commentaire sur les formes de la modernité tout en démultipliant les possibilités de récit autour de leur existence. Ainsi, l’artiste présente à la galerie Michel Rein The floor was in the shade (Cork association C) , à première vue un simple tableau en liège sur lequel restent les traces de documents qui y auraient été affichés. Fonctionnant comme un ready-made en référence aux abstractions modernistes, l’oeuvre s’ouvre également sur une interprétation plus terre-à-terre, puisque sa description annonce qu’il s’agit d’un “panneau de bois ayant autrefois présenté des notes sur le mythe du cancer du béton”.
Les oeuvres de la série des Cork associations ont été montrées en installation monumentale à la Tate Triennial et à la Villa Arson en 2006.

Benoît Maire (né en 1978, vit et travaille à Paris)
Les références à la philosophie, à la musique rock ou à la peinture ancienne se multiplient dans l’oeuvre de Benoît Maire, formant un ensemble désarticulé dans lequel l’artiste puise pour créer son propre “système esthétique”. Ses installations, par exemple Meeting Sébastien Planchard (présentée à la Fondation d’Entreprise Ricard en 2007), accumulation d’écrits documentaires, de notes et d’interviews vidéos autour d’un mathématicien imaginaire créé par l’artiste, se développent comme des systèmes infinis dont il renégocie constamment la forme. Pour “Twice Told Tales”, Benoît Maire propose une projection de diapositives intitulée Le crépuscule des copistes , paysage de coucher de soleil dans lequel l’artiste a installé une pancarte portant l’inscription éponyme. Référence au livre de Nietzsche, Le crépuscule des idoles , l’oeuvre commente l’usage de la copie dans l’art, qui se mesure aujourd’hui tout autant par le retour de la forme conceptuelle dans le travail de jeunes plasticiens, que par un «revival» de la culture rock des années 60-70 dans la musique.
L’artiste présente son installation The Square in a Forest à l’Espace de l’Art Concret, Mouans Sartoux, jusqu’au 6 janvier 2008 (exposition “On fait le mur“, commissaire: Jean-Marc Avrilla)

Falke Pisano (née en 1978, vit et travaille à Amsterdam)
Le travail de Falke Pisano est marqué par une véritable obsession de la sculpture moderniste et des structures du langage. Ainsi ses oeuvres prennent la forme de conférences-performances ou de leçons filmées en vidéo au cours desquelles l’artiste explore le thème de l’abstraction et le passage de la théorie à la pratique sculpturale. C’est ce va-et-vient entre théorie et pratique, entre langage et sculpture qui forme l’essentiel de son oeuvre, la forme de ses pièces résultant d’une négociation incessante entre les deux états.
L’oeuvre qui est présentée à la galerie, Object of Transformation 1 , illustre parfaitement cet entre-deux. Il s’agit d’un objet réalisé à partir de reproductions d’oeuvres de Josef Albers de la série Transformations of a Scheme . L’artiste met en pratique les préceptes d’Albers en transformant une feuille de papier en objet sculptural.
Les oeuvres de Falke Pisano sont présentées en 2007 à la Lisson gallery (summer show) et à la galerie Ellen de Bruijne (solo show, septembre).

Simona Denicolai & Ivo Provoost (nés en 1972 et 1974, vivent et travaillent à Bruxelles)
Le duo formé par les artistes Ivo Provoost et Simona Denicolai s’interroge depuis quelques années sur la place des pratiques artistiques dans la sphère publique. Leur projet Potential Estate , 2007 (http://www.potentialestate.org) consiste à réaliser une série d’interventions artistiques en liaison avec les habitants de la ville de Belgium, bourgade du Wisconsin (Etats-Unis) détenant la plus grosse machine à pop-corn du monde. Si l’entreprise est des plus sérieuses, elle n’est pas sans évoquer un certain humour belge à la Broodthaers qui gagne également les dessins du duo, dont une sélection sera présentée à la galerie. Jouant de l’ambivalence entre l’oeuvre originale et sa copie, leur installation sera complétée par un “distributeur de photocopies” dans l’espace d’exposition et par un diptyque de posters.
Ivo Provoost & Simona Denicolai exposent leur installation Booby Prize au Château de Tanlay (Centre d’art de l’Yonne) jusqu’au 28 septembre 2007 (exposition “Mimetic”, commissaire: Jean-Marc Huitorel).

Isabelle Alfonsi
 

Tags: Josef Albers, Isabelle Cornaro, Denicolai & Provoost, Ceal Floyer, Aurélien Froment, Ryan Gander, Dora García, Werner Herzog, Li Hui, Benoît Maire, Falke Pisano