Jin Meyerson
09 Sep - 14 Oct 2006
Jin Meyerson
09/09/2006 - 14/10/2006
On pourrait décrire les derniers tableaux de Jim Meyerson, né en Corée mais élevé aux Etats-Unis, comme une prodigieuse incursion dans le fonctionnement monstrueux de l'imagerie médiatique. Utilisant une panoplie de techniques — encre de Chine, peinture à l'huile, à la bombe, déversements de couleurs acryliques —, Meyerson extrait son iconographie des magazines, la mouline sur son ordinateur, puis la représente dans un style aussi chargé que méticuleux. Si le désastre leste ses compositions, souvent de vastes dimensions, les détails l’emportent dans une saturation optique héroïque et schizophrène évoquée par le titre de sa dernière exposition individuelle new-yorkaise, High Cholesterol Moment.
Le désastre à grande échelle — de l’espèce retentissante des déraillements ferroviaires, bombardements, tremblements de terre, catastrophes aériennes et nucléaires, pour ne citer que ceux-là — est la principale source de ses images. Dans ce sens, Meyerson est un héritier de Warhol. En même temps, ses créations rappellent les peintures néo-pop de Jeff Koons par leur palette galvanisée et leur riches couches iconographiques. Dans son cas, cependant, ce ne sont pas seulement des images qui se côtoient et se superposent, mais aussi des univers et des plans d’existence entiers. On va de l’histoire de la peinture abstraite, figurative ou historique à l’Histoire tout court, cataclysmique et effroyable. Les perspectives, les échelles, les espaces et les périodes entrent en collision, produisant des juxtapositions improbables, voire sidérantes. Meyerson s’efforce de traiter les événements avant qu’ils se solidifient et que l’info, aussi brute et brûlante qu’une matière en fusion, s’agrège aux couches géologiques de l’Histoire. Mais le plus extraordinaire, dans son approche de l’actualité, est qu’elle confine au chamanisme. Comme s’il pouvait accorder aux médias et à leur foisonnant fonds iconographique une sorte d’existence autonome, ou était en mesure d’écarter le rideau sur leur fonctionnement inconscient. En contemplant ces images désordonnées et agitées, en effet, on a le sentiment de regarder (ou d’être regardé par ?) des viscères qui s’efforceraient d’assimiler leur inassimilable contenu et de le digérer pour ensuite continuer leur dévoration. C’est de l’art fait en serrant le poing, comme aurait dit le poète post-moderne américain Ted Berrigan, qui affirmait « écrire d’une main, l’autre se cramponnant ». Meyerson peint en se cramponnant. Il demande, ou simplement recommande que nous nous accrochions à nos sièges, car la soudaineté est la marque de ses créations. -- Chris Sharp
The recent paintings of Korean-born, US-raised, Jin Meyerson could be said to provide his viewer with a prodigious peak into the monstrous, inner workings of the media’s imagery. Combining a panoply of techniques—India ink, oil paint, spray paint, poured acrylic, etc— Meyerson draws his imagery from various magazine sources, churns it all through his computer, and proceeds to depict it in a style as meticulous as it is charged. And while disaster functions as the ballast of these vast compositions, detail wins out in a schizophrenic bravura of optical saturation (as in the title of his last solo New York show, High Cholesterol Moment.)
Disaster on a grand scale— in the whistling key of train wrecks, plane crashes, bombings, earthquakes, nuclear meltdowns, to name a few— is very much the starting point of these pictures. As such Meyerson takes on the legacy of Warhol while evoking the cut up/collage, neo-pop paintings of Jeff Koons, via his galvanized palette and rich layering of imagery. However, in Meyerson’s case, it is not just imagery that piles up and is juxtaposed, but whole, disparate worlds or planes of existence, ranging from the history of both abstract and figurative painting to history itself. It’s as if Meyerson vouchsafed the media and its fund of imagistic riches a sort of autonomous existence, either that, or simply pulled back the curtain. Because looking at his unruly and roiling imagery, one gets the feeling of gazing into (or being gazed at by?) the visceral unconscious of the media as it “works it out,” tries to assimilate its own weltering, unassimilable content, get it down, and make room for more.
This is white-knuckle stuff, as the American poet Ted Berrigan once wrote of his own practice: “One hand writing, one hand hanging on.” Meyerson, himself hanging on as he paints, likewise asks us, or rather barely warns us to hang on to our seats when suddenly faced with one of his pictures (because it is always sudden). -- Chris Sharp
© Jin Meyerson
Work Force 2006
Oil and acrylic on canvas
101 x 152,5 cm
09/09/2006 - 14/10/2006
On pourrait décrire les derniers tableaux de Jim Meyerson, né en Corée mais élevé aux Etats-Unis, comme une prodigieuse incursion dans le fonctionnement monstrueux de l'imagerie médiatique. Utilisant une panoplie de techniques — encre de Chine, peinture à l'huile, à la bombe, déversements de couleurs acryliques —, Meyerson extrait son iconographie des magazines, la mouline sur son ordinateur, puis la représente dans un style aussi chargé que méticuleux. Si le désastre leste ses compositions, souvent de vastes dimensions, les détails l’emportent dans une saturation optique héroïque et schizophrène évoquée par le titre de sa dernière exposition individuelle new-yorkaise, High Cholesterol Moment.
Le désastre à grande échelle — de l’espèce retentissante des déraillements ferroviaires, bombardements, tremblements de terre, catastrophes aériennes et nucléaires, pour ne citer que ceux-là — est la principale source de ses images. Dans ce sens, Meyerson est un héritier de Warhol. En même temps, ses créations rappellent les peintures néo-pop de Jeff Koons par leur palette galvanisée et leur riches couches iconographiques. Dans son cas, cependant, ce ne sont pas seulement des images qui se côtoient et se superposent, mais aussi des univers et des plans d’existence entiers. On va de l’histoire de la peinture abstraite, figurative ou historique à l’Histoire tout court, cataclysmique et effroyable. Les perspectives, les échelles, les espaces et les périodes entrent en collision, produisant des juxtapositions improbables, voire sidérantes. Meyerson s’efforce de traiter les événements avant qu’ils se solidifient et que l’info, aussi brute et brûlante qu’une matière en fusion, s’agrège aux couches géologiques de l’Histoire. Mais le plus extraordinaire, dans son approche de l’actualité, est qu’elle confine au chamanisme. Comme s’il pouvait accorder aux médias et à leur foisonnant fonds iconographique une sorte d’existence autonome, ou était en mesure d’écarter le rideau sur leur fonctionnement inconscient. En contemplant ces images désordonnées et agitées, en effet, on a le sentiment de regarder (ou d’être regardé par ?) des viscères qui s’efforceraient d’assimiler leur inassimilable contenu et de le digérer pour ensuite continuer leur dévoration. C’est de l’art fait en serrant le poing, comme aurait dit le poète post-moderne américain Ted Berrigan, qui affirmait « écrire d’une main, l’autre se cramponnant ». Meyerson peint en se cramponnant. Il demande, ou simplement recommande que nous nous accrochions à nos sièges, car la soudaineté est la marque de ses créations. -- Chris Sharp
The recent paintings of Korean-born, US-raised, Jin Meyerson could be said to provide his viewer with a prodigious peak into the monstrous, inner workings of the media’s imagery. Combining a panoply of techniques—India ink, oil paint, spray paint, poured acrylic, etc— Meyerson draws his imagery from various magazine sources, churns it all through his computer, and proceeds to depict it in a style as meticulous as it is charged. And while disaster functions as the ballast of these vast compositions, detail wins out in a schizophrenic bravura of optical saturation (as in the title of his last solo New York show, High Cholesterol Moment.)
Disaster on a grand scale— in the whistling key of train wrecks, plane crashes, bombings, earthquakes, nuclear meltdowns, to name a few— is very much the starting point of these pictures. As such Meyerson takes on the legacy of Warhol while evoking the cut up/collage, neo-pop paintings of Jeff Koons, via his galvanized palette and rich layering of imagery. However, in Meyerson’s case, it is not just imagery that piles up and is juxtaposed, but whole, disparate worlds or planes of existence, ranging from the history of both abstract and figurative painting to history itself. It’s as if Meyerson vouchsafed the media and its fund of imagistic riches a sort of autonomous existence, either that, or simply pulled back the curtain. Because looking at his unruly and roiling imagery, one gets the feeling of gazing into (or being gazed at by?) the visceral unconscious of the media as it “works it out,” tries to assimilate its own weltering, unassimilable content, get it down, and make room for more.
This is white-knuckle stuff, as the American poet Ted Berrigan once wrote of his own practice: “One hand writing, one hand hanging on.” Meyerson, himself hanging on as he paints, likewise asks us, or rather barely warns us to hang on to our seats when suddenly faced with one of his pictures (because it is always sudden). -- Chris Sharp
© Jin Meyerson
Work Force 2006
Oil and acrylic on canvas
101 x 152,5 cm