Zoo Galerie

Hoël Duret

29 Nov 2014 - 24 Jan 2015

HOËL DURET
La vie héroïque de B.S.
Acte III : Les sirènes de Corinthe
29 November 2014 - 24 January 2015

Commissariat : Patrice Joly

Poursuivant les réflexions entamées dans As A Tribute... et Le Dilemme de l’Œuf, Hoël Duret présente à Zoo galerie le troisième et ultime volet de sa trilogie « La Vie Héroïque de B.S. », intitulé Les Sirènes de Corinthe. Débuté fin 2013 au FRAC des Pays de la Loire, cet « opéra en trois actes », comme aime à le qualifier l’artiste, revient sur l’histoire d’un étrange personnage dénommé B.S., décrit comme un « designer conscient des enjeux de son époque qui porte un regard analytique sur les expériences du design post-seconde guerre mondiale ». L’acte inaugural – ou plutôt « l’exposition », pour reprendre le vocabulaire propre à la structuration classique d’un opéra – nous avait permis de faire plus ample connaissance avec ce fameux B.S., figure pétrie de certitudes dont l’assurance et la mauvaise foi confinent parfois au pathétique, et offrait en quelque sorte une synthèse des formes et matériaux du design des soixante dernières années. Dans le second acte, véritable « nœud » de cet opéra, B.S. et ses acolytes se voyaient confrontés à un impossible défi : redessiner un modèle d’œuf de façon à optimiser son conditionnement et son transport, pour sa commercialisation sans perte à grande échelle. Une épreuve aussi absurde qu’insurmontable, annonciatrice de l’échec et de la déchéance de notre designer industriel trop arrogant.

Usant, pour le « dénouement » de ce triptyque, du même procédé d’exposition / décor / scénographie, Hoël Duret propulse cette fois son personnage en Grèce, dans une tentative désespérée de découverte d’une vérité transcendantale, à la recherche notamment des conditions d’apparition et de conceptualisation d’une forme manufacturée première, en l’occurrence la fameuse colonne dorique. Un voyage initiatique qui va amener B.S. à définitivement basculer dans la folie, prenant conscience des limites de sa posture et abandonnant les principes et techniques de rationalisation propres au modernisme. Hoël Duret nous plonge donc ici dans un décor de désert grec fait de bric et de broc, tentative de représentation du désespoir de son personnage principal qui opte finalement pour une approche Do It Yourself manifestement naïve et totalement désenchantée, à l’exact opposé de ses convictions premières.

Comme pour les deux opus précédents, l’exposition se transformera pour quelques jours en un véritable plateau de tournage, le temps d’un film dont la facture n’est pas sans rappeler certaines formes archétypales du paysage audiovisuel – réclame industrielle ou film d’entreprise d’après-guerre, magazine télévisuel de vulgarisation scientifique... Toutefois, loin d’un simple décor en attente d’activation ou d’une archive de l’exposition, cette captation se veut partie intégrante du projet développé par Hoël Duret, dans une logique épique et romanesque qui n’est pas sans rappeler les Gesamtkunstwerken du xixe siècle, toutes proportions gardées. Ce faisant, il offre deux points de vue radicalement différents sur les éléments qui composent cette trilogie, l’un plus lié à l’histoire des formes et l’autre plus narratif.