Thomas Ruff
07 Jan - 17 Feb 2006
THOMAS RUFF
Thomas Ruff est l’un des photographes allemands les plus importants de sa génération. Elève de Bernd et Hilla Becher à la Kunstakademie de Düsseldorf de 1977 à 1985, l’artiste a développé une réfléxion rigoureuse autour du médium photographique. Très connu pour sa série de Portraits, de Nus ou de Substrats, il a exposé dans le monde entier s’intéressant surtout à la perception de l’image. Pour cette nouvelle exposition à la Galerie Nelson, Thomas Ruff nous présente sa dernière série : les Jpegs.
Dans ses dernières séries l’artiste utilise des images trouvées (internet, mangas, négatifs...) qu’il remanie ensuite. Pour cette nouvelle série, Thomas Ruff travaille à partir de différentes sources : la majorité des images sont reprises d’Internet et ont souvent été très médiatisées; quelques-unes ont été prises par l’artiste lui-même, d’autres viennent de brochures touristiques. Après les avoir retravaillées par ordinateur, ces images deviennent indéchiffrables car on ne distingue au premier abord qu’une mosaïque de pixels. Il faut s’en éloigner pour en voir le sujet : des paysages, des images paisibles comme les Jardins du Luxembourg à Paris, des architectures, côtoient des images de catastrophes (éruption volcanique ou bombardement). Certaines images sont plus facilement identifiables car elles ont largement été diffusées dans les médias comme celles du 11 septembre à New York, faussant ainsi la perception du spectateur : ces images bien qu’effrayantes au départ perdent leur impact à cause de la pixélisation qui comme le flou de la série des “nus” met une distance entre l’image et la réalité qu’elle montre.
Thomas Ruff propose à notre regard une sorte d’abécédaire du monde contemporain. La série commence par “aa” (american architecture) et se poursuit avec “bu” (bunkers) pour se terminer sur “wi” (war in Iraq). Le choix de Thomas Ruff de présenter une si grande variété d’images aussi éloignées les unes que les autres n’est pas anodin. Il tente encore une fois de prouver que l’image ne capte que “la surface des choses”. L’altération des images par ordinateur, comme dans la série des Substrats, vide celles-ci de leur contenu et de leur sens premier. Saturés d’images, notamment sur Internet, nous ne distinguons plus que les couleurs et la lumière. La technique de pixellisation des images ajoute aussi une nouvelle dimension au travail de Ruff. Ses photos se rapprochent de la peinture : certaines images évoquent, entre autres, le peintre romantique allemand Caspar David Friedrich.
Thomas Ruff n’a aucune démarche journalistique quand il dit observer une neutralité absolue dans ses photographies. Son intérêt se porte sur la consommation que nous faisons des images et comment des images plutôt familières et réelles perdent toute signification une fois sorties de leur contexte d’origine. La manipulation des images est au centre de sa pratique artistique et il nous en fait une fois de plus une brillante démonstration. Mais c’est en définitive toujours au spectateur d’interpréter ce qu’il voit.
© Thomas Ruff
jpeg bb01
2004
C-print edition of 3
188 x 311 cm
Thomas Ruff est l’un des photographes allemands les plus importants de sa génération. Elève de Bernd et Hilla Becher à la Kunstakademie de Düsseldorf de 1977 à 1985, l’artiste a développé une réfléxion rigoureuse autour du médium photographique. Très connu pour sa série de Portraits, de Nus ou de Substrats, il a exposé dans le monde entier s’intéressant surtout à la perception de l’image. Pour cette nouvelle exposition à la Galerie Nelson, Thomas Ruff nous présente sa dernière série : les Jpegs.
Dans ses dernières séries l’artiste utilise des images trouvées (internet, mangas, négatifs...) qu’il remanie ensuite. Pour cette nouvelle série, Thomas Ruff travaille à partir de différentes sources : la majorité des images sont reprises d’Internet et ont souvent été très médiatisées; quelques-unes ont été prises par l’artiste lui-même, d’autres viennent de brochures touristiques. Après les avoir retravaillées par ordinateur, ces images deviennent indéchiffrables car on ne distingue au premier abord qu’une mosaïque de pixels. Il faut s’en éloigner pour en voir le sujet : des paysages, des images paisibles comme les Jardins du Luxembourg à Paris, des architectures, côtoient des images de catastrophes (éruption volcanique ou bombardement). Certaines images sont plus facilement identifiables car elles ont largement été diffusées dans les médias comme celles du 11 septembre à New York, faussant ainsi la perception du spectateur : ces images bien qu’effrayantes au départ perdent leur impact à cause de la pixélisation qui comme le flou de la série des “nus” met une distance entre l’image et la réalité qu’elle montre.
Thomas Ruff propose à notre regard une sorte d’abécédaire du monde contemporain. La série commence par “aa” (american architecture) et se poursuit avec “bu” (bunkers) pour se terminer sur “wi” (war in Iraq). Le choix de Thomas Ruff de présenter une si grande variété d’images aussi éloignées les unes que les autres n’est pas anodin. Il tente encore une fois de prouver que l’image ne capte que “la surface des choses”. L’altération des images par ordinateur, comme dans la série des Substrats, vide celles-ci de leur contenu et de leur sens premier. Saturés d’images, notamment sur Internet, nous ne distinguons plus que les couleurs et la lumière. La technique de pixellisation des images ajoute aussi une nouvelle dimension au travail de Ruff. Ses photos se rapprochent de la peinture : certaines images évoquent, entre autres, le peintre romantique allemand Caspar David Friedrich.
Thomas Ruff n’a aucune démarche journalistique quand il dit observer une neutralité absolue dans ses photographies. Son intérêt se porte sur la consommation que nous faisons des images et comment des images plutôt familières et réelles perdent toute signification une fois sorties de leur contexte d’origine. La manipulation des images est au centre de sa pratique artistique et il nous en fait une fois de plus une brillante démonstration. Mais c’est en définitive toujours au spectateur d’interpréter ce qu’il voit.
© Thomas Ruff
jpeg bb01
2004
C-print edition of 3
188 x 311 cm