Hugues Decointet
12 - 18 Oct 2013
HUGUES DECOINTET
Drama Vox, petit théâtre de voix
12 - 18 octobre 2013
Frappé par la description de la voix de Samuel Beckett dans Les vies silencieuses de Samuel Beckett (Nathalie Léger, éditions Allia, 2006), Hugues Decointet sollicite comédiens, metteurs en scène et autres personnalités engagées dans le théâtre pour qu’ils décrivent la voix d’auteurs dramatiques contemporains dont ils étaient proches. À partir de ces témoignages d’une grande richesse, l’artiste isole les vocables servant au descriptif de la voix qu’il imprime sous forme d’index. Par ailleurs, la matière sonore accumulée – un ensemble de didascalies vocales – est montée par Hugues Decointet de façon à dresser le portrait syncrétique de la voix d’un personnage de théâtre imaginaire. Restait à trouver la « mise en scène » adéquate pour diffuser cette polyphonie descriptive.
C’est le bois que l’artiste choisit comme support au son sous la forme d’une construction modulable. Ni performance, ni pièce radiophonique, Drama Vox se présente littéralement comme un « petit théâtre de voix ». Un machiniste met silencieusement en mouvement des objets depuis lesquels sont diffusés des fragments de descriptions : un dialogue se crée entre la « silhouette vocale » et la pensée à voix haute du machiniste qui surgit elle aussi du dispositif, pour raconter en contrepoint la difficulté de décrire une voix. La manipulation des objets de bois qui renferment la matière sonore fait émerger le portrait vocal et révèle peu à peu une architecture. Son format réduit nous situe toutefois du côté de la maquette, qui n’est autre que la projection utopique d’un théâtre selon Hugues Decointet.
Vue de l'activation avec Cédrick Lanoë.
Le lieu où la voix de l’écrivain s’abandonne au jeu des comédiens se dessine ainsi schématiquement. Drama Vox est un prélude au spectacle, à l’œuvre théâtrale même. Cette machinerie scénique fait écho aux expérimentations d’un Enrico Prampolini qui considérait le théâtre comme un dispositif polysensoriel. Dans la pièce Tre momenti (1927), l’artiste italien met au point un pantomime futuriste où les comédiens sont remplacés par divers éléments mécaniques associés à des intonarumori de Luigi Russolo pour la création sonore. L’objet d’où provient la voix du manipulateur de Drama Vox constitue un hommage direct à ces instruments de musique futuristes.
D’Après Blanche-Neige (2010) et la Boîte à Miracle (2013) interrogeaient déjà, en creux, la représentation théâtrale et son processus de création. Après le cinéma ou l’architecture, la matière sonore sert ici de medium : Drama Vox ouvre une nouvelle voie dans son corpus et nous projette d’emblée vers la possibilité d’une pièce à venir.
Marylène Malbert
avec la participation du Ministère de la Culture et de la Communication DICRéAM.
Drama Vox, petit théâtre de voix
12 - 18 octobre 2013
Frappé par la description de la voix de Samuel Beckett dans Les vies silencieuses de Samuel Beckett (Nathalie Léger, éditions Allia, 2006), Hugues Decointet sollicite comédiens, metteurs en scène et autres personnalités engagées dans le théâtre pour qu’ils décrivent la voix d’auteurs dramatiques contemporains dont ils étaient proches. À partir de ces témoignages d’une grande richesse, l’artiste isole les vocables servant au descriptif de la voix qu’il imprime sous forme d’index. Par ailleurs, la matière sonore accumulée – un ensemble de didascalies vocales – est montée par Hugues Decointet de façon à dresser le portrait syncrétique de la voix d’un personnage de théâtre imaginaire. Restait à trouver la « mise en scène » adéquate pour diffuser cette polyphonie descriptive.
C’est le bois que l’artiste choisit comme support au son sous la forme d’une construction modulable. Ni performance, ni pièce radiophonique, Drama Vox se présente littéralement comme un « petit théâtre de voix ». Un machiniste met silencieusement en mouvement des objets depuis lesquels sont diffusés des fragments de descriptions : un dialogue se crée entre la « silhouette vocale » et la pensée à voix haute du machiniste qui surgit elle aussi du dispositif, pour raconter en contrepoint la difficulté de décrire une voix. La manipulation des objets de bois qui renferment la matière sonore fait émerger le portrait vocal et révèle peu à peu une architecture. Son format réduit nous situe toutefois du côté de la maquette, qui n’est autre que la projection utopique d’un théâtre selon Hugues Decointet.
Vue de l'activation avec Cédrick Lanoë.
Le lieu où la voix de l’écrivain s’abandonne au jeu des comédiens se dessine ainsi schématiquement. Drama Vox est un prélude au spectacle, à l’œuvre théâtrale même. Cette machinerie scénique fait écho aux expérimentations d’un Enrico Prampolini qui considérait le théâtre comme un dispositif polysensoriel. Dans la pièce Tre momenti (1927), l’artiste italien met au point un pantomime futuriste où les comédiens sont remplacés par divers éléments mécaniques associés à des intonarumori de Luigi Russolo pour la création sonore. L’objet d’où provient la voix du manipulateur de Drama Vox constitue un hommage direct à ces instruments de musique futuristes.
D’Après Blanche-Neige (2010) et la Boîte à Miracle (2013) interrogeaient déjà, en creux, la représentation théâtrale et son processus de création. Après le cinéma ou l’architecture, la matière sonore sert ici de medium : Drama Vox ouvre une nouvelle voie dans son corpus et nous projette d’emblée vers la possibilité d’une pièce à venir.
Marylène Malbert
avec la participation du Ministère de la Culture et de la Communication DICRéAM.