Anne de Villepoix

Alexei Kallima

14 Dec 2007 - 02 Feb 2008

© ALEXEI KALLIMA
ALEXEI KALLIMA

La Galerie Anne de Villepoix est heureuse de présenter la première exposition personnelle d’Alexei Kallima à Paris, « Sky Patrol». Bien qu’il vive et travaille aujourd’hui à Moscou, Kallima est né enTchétchénie en 1969, à Grozny. C’est dans le Caucase qu’il reçoit une formation artistique très académique à l’Université de Krasnodar, basée sur la maîtrise des principes picturaux hérités de la Renaissance. Car s’il préserve le caractère monumental de la peinture d’histoire, Kallima façonne des images qui sont à mi-chemin entre l’esprit romantique du 19ème siècle et l’âpreté du dessin de bandes-dessinée, utilisant angles impossibles, troublant les perspectives, multipliant les plongées et les contre-plongées. Il introduit ainsi ses héros, les guerriers tchétchènes, dans des paysages décharnés, blafards, toujours par le biais des mouvements plastiques les plus complexes. L’exposition „Sky Patrol“ permet d’aborder différentes facettes de son travail et surtout l’aspect protéiforme de sa pratique artistique. Car si Kallima est aujourd’hui connu pour la virtuosité de son trait, il est avant-tout un artiste contemporain conscient des possibilités que lui offre la multitude des mediums artistiques. Dans les deux premières sallles, plusieurs dessins présentent ces guerriers, dits boeviki ( le sujet peut-être le plus odieux et le plus inabordable aujourd'hui en Russie) à travers des saynètes de la vie pendant la guerre: le repos, les planques, les courses poursuites. Sous son fusain, les tchétchènes semblent tout droit venus du front, traversant des flaques de sang ou fumant tranquillement leurs Marlboro rouges, tout d’Adidas vêtus Dans la troisième salle, Alexei Kallima a choisit de réaliser une oeuvre monumentale et que l’on pourrait qualifier d’interactive. La fresque „Tu coûtes au bord rapide“ qui semble, dans une douce harmonie, baigner les boeviki dans une rivière sanguinolente, offre aux spectateurs les mêmes points de vue et d’observation sur lesquels Kallima installent ses guerriers, de grands cubes blancs et informels. Dans la dernière salle, obscure pour l’occasion, les personnages qui peuplent l’univers de Kallima, tracés à l'encre magique, n'apparaissent même qu'à l'improviste, lorsque la lumière s'éteint pour laisser place aux ultraviolets: les boeviki surgissent alors, phosphorescents. A sa façon, Kallima se veut disciple de Guy Debord et continue son combat contre la «société du spectacle». C'est aussi en son honneur que son atelier moscovite, sorte de workshop post-communiste, s'appelle «Galerie de France». Enfin, pour surprendre une fois de plus, Alexei Kallima présente des montages qu’il réalise à partir des canons de beauté masculins dans la publicité russe, pour en faire de mystérieux personnages barbus. L’œuvre et l'histoire d'Alexei Kallima est un bon condensé du drame russo-tchétchène : russe, grandi à Grozny, chassé de la terre de ses ancêtres par la première guerre d'indépendance tchétchène en 1994, il s'est pris d'amour pour le peuple tchétchène une fois au loin. Et porte la longue barbe de mudjahiddin en signe de solidarité, et de singularité. A New York son travail a été montré à la White Box Gallery. Il a participé à la Biennale de Moscou en 2005 et a été présenté à la Tretyakov Gallery de Moscou et à la Maison Rouge à Paris en 2007 dans le cadre de l'exposition « Sotsart », ainsi qu’à l’espace Louis Vuitton, pour l’exposition Moscopolis.
 

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