Anne de Villepoix

Ion Bârladeanu

27 Feb - 10 Apr 2010

© Ion Bârladeanu
Untitled No.1428, 2009
ION BÂRLADEANU

February 27 to April 10, 2010

Il existe un mythe fascinant de l’homme vivant en « dehors des marges » de la société, il a choisi une vie hors norme excluant le confort d’une existence bourgeoise.
Ion Bârladeanu a un parcours remarquable .Il est né en 1946 à Zapodeni, petit village roumain situé près de la frontière de la Moldavie. Pendant plus de 30 ans il refusa de devenir un « honorable citoyen ». Sous le régime communiste, il pratiqua plusieurs métiers : dans sa jeunesse il travailla comme paysan puis docker, arrivé à Bucarest il fut fossoyeur, agent de sécurité ou encore ouvrier non qualifié à la Maison du Peuple.
Depuis 1989 ,sans domicile fixe, il vit dans la rue et pour subvenir à ses besoins ,il trie les ordures et rend des menus services.
Pendant ces 40 années Bârladeanu travaillait en cachette à des collages qu’il ne présenta pas avant la chute du régime de Ceausescu (1989). Ces travaux réalisés uniquement à partir d’images découpées dans des magazines tirent leur composition à la fois du dessin – première passion de Bârladeanu – mais aussi du cinéma européen (principalement français) qui a toujours été l’inspiration principale de l’artiste.
Avec peu ou pas de ressources, Bârladeanu utilise colle, carton, lame de rasoir et magazines pour créer des photogrammes uniques qui racontent des histoires autonomes. Ses créations sont un exemple rare d’art subversif créé pendant le communisme, ses collages traitent de manière ironique et comique des thèmes politiques et culturels extraits de la réalité roumaine et internationale sous une forme stylistique hybride : mélange de dadaïsme, de surréalisme et de pop art.
Il a en effet inventé un imaginaire Pop mais avec 20 ans d’avance sur le public roumain. Car en Roumanie l’esthétique Pop est plus une réalité post-communiste et une conséquence directe de la société de consommation qu’une esthétique artistique.
Toute sa vie, Ion Bârladeanu a choisi la liberté, il méprisa tout type de d’autoritarisme. Dans ses collages, il construit ainsi une arène imaginaire où il est toujours victorieux, où l’hypocrisie est vaincue sous les acclamations du peuple, et où le scénario tragicomique de l’humanité est joué encore et encore.
 

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