Marianne Vitale
14 Mar - 18 Aug 2013
MARIANNE VITALE
Bright Dark Future
14 mars au 18 août 2013
Marianne Vitale est une artiste américaine qui vit et travaille à New York. Elle participe activement au nouvel élan créatif qui envahit le Lower East Side au début des années 2000. Très à l’aise sur scène, habitée d’une énergie unique, elle prend part à de nombreuses performances avec des artistes tels que Michael Portnoy, Agathe Snow, David Adamo ou Rita Ackerman. En 2010, elle présente une vidéo manifeste remarquée à la Whitney Biennal, Patrons. Seule en plan serré sur son visage, elle exhorte de manière ironique les patrons à la révolution. Elle y reprend un texte fondateur du communisme et remplace le mot "ouvrier" par celui de "patron". Elle y parodie les positions autoritaires au travers d'injonctions absurdes. Le ton et la conviction extrême qu'elle met en en œuvre n'est pas sans rappeler celui des manifestes des avant-gardes historiques.
L’année 2012 marque une évolution importante dans son travail. Sa première exposition personnelle à la galerie Zach Feuer de New York met en espace une série de sculptures en bois brûlé ou altéré par le temps. L’oeuvre centrale de l’exposition est un pont brûlé sur place. La galerie tout entière est traversée par l’odeur persistante de l’incendie. On trouve également des stèles, des palissades et une prison toujours faites de ce même bois usé. L’ensemble rappelle une Amérique rurale, la construction d’un folklore qui va largement nourrir la littérature et le cinéma jusqu’à devenir l’image même de la conquête de l’ouest.
Pour l’exposition Lost Marbles à la marbrerie de Montreuil en juin dernier, Marianne Vitale présente à nouveau un pont en bois très largement inspiré des constructions américaines rurales du 19e siècle et plus particulièrement le McCallum Inflexible Truss construit en 1851 par l'ingénieur Daniel C. MacCallum. Le pont de Marianne Vitale, long de plus de 8 mètres, joue d’une certaine monumentalité en tant que sculpture, tout en renvoyant à une maquette. L’artiste a entièrement brûlé celui-ci, selon la technique militaire qui consiste à empêcher l’ennemi de franchir le pont après vous. Cette idée resurgit dans le langage populaire au travers de l'expression « to burn a bridge » qui signifie être complètement obsédé par quelque chose comme si il n’y avait plus de retour possible. Un étendard surplombe l’espace d’exposition. Large drapeau de tissu réalisé pour l’exposition, il emprunte autant à la peinture abstraite qu’à une hypothétique secte ou groupe armé qui aurait pris possession de cet espace en friche.
Marianne Vitale s’affirme alors comme sculpteur et trouve un langage qui lui est propre. Pour son exposition au Confort Moderne, sa première monographie en France, il n’y a guère que le titre de l’exposition qui nous renvoie encore à cet imaginaire américain. Bright Dark Future n’est autre qu’un acronyme inventé au 19e siècle à partir des initiales de l’une des nombreuses compagnies de chemin de fer qui colonisent le grand ouest.
Après une visite du Confort Moderne et le passage de l'ouragan Sandy qui a largement marqué la vie new-yorkaise il y a quelques mois, Marianne Vitale a choisi de travailler sur une modélisation et une interprétation du système solaire. Elle présente un ensemble de dix sculptures : Vénus, Mercure, la Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton et le Soleil. Chaque sculpture s’inspire librement d’une planète. L’échelle de chaque pièce est plus ou moins donnée par l’échelle des astres : le Soleil sera central et monumental alors que Pluton sera quasiment invisible dans l’espace. L'artiste recycle des formes qu'elle a déjà exploitées (stèles, architectures) dans de nouveaux assemblages en déclinant son utilisation du bois de récupération. Le bois utilisé sédimente ses vies antérieures et contient en amont toute l'histoire des bâtiments qu'il construisait. L'usure, la patine du bois déjà exposé aux intempéries et au temps rappelle également la façon dont les planètes s'érodent et se sont transformées au fil du temps.
La conquête de l’ouest, tout comme la conquête de l’espace ont largement nourri nos imaginations et sont des matrices sans fin de narration, de fiction. Le travail de Marianne Vitale s’en nourrit sans jamais écrire les histoires par avance ; à peine distille-t-elle quelques indices. Elle construit une situation, un univers dont chaque spectateur peut s’emparer pour construire son propre récit. Vous l’aurez compris, Marianne Vitale ne propose rien de moins que l’exposition de son propre système solaire. Un nouvel alignement des planètes, fantaisiste et généreux qui, nous l’espérons, nous emmènera vers un futur lumineux.
Bright Dark Future
14 mars au 18 août 2013
Marianne Vitale est une artiste américaine qui vit et travaille à New York. Elle participe activement au nouvel élan créatif qui envahit le Lower East Side au début des années 2000. Très à l’aise sur scène, habitée d’une énergie unique, elle prend part à de nombreuses performances avec des artistes tels que Michael Portnoy, Agathe Snow, David Adamo ou Rita Ackerman. En 2010, elle présente une vidéo manifeste remarquée à la Whitney Biennal, Patrons. Seule en plan serré sur son visage, elle exhorte de manière ironique les patrons à la révolution. Elle y reprend un texte fondateur du communisme et remplace le mot "ouvrier" par celui de "patron". Elle y parodie les positions autoritaires au travers d'injonctions absurdes. Le ton et la conviction extrême qu'elle met en en œuvre n'est pas sans rappeler celui des manifestes des avant-gardes historiques.
L’année 2012 marque une évolution importante dans son travail. Sa première exposition personnelle à la galerie Zach Feuer de New York met en espace une série de sculptures en bois brûlé ou altéré par le temps. L’oeuvre centrale de l’exposition est un pont brûlé sur place. La galerie tout entière est traversée par l’odeur persistante de l’incendie. On trouve également des stèles, des palissades et une prison toujours faites de ce même bois usé. L’ensemble rappelle une Amérique rurale, la construction d’un folklore qui va largement nourrir la littérature et le cinéma jusqu’à devenir l’image même de la conquête de l’ouest.
Pour l’exposition Lost Marbles à la marbrerie de Montreuil en juin dernier, Marianne Vitale présente à nouveau un pont en bois très largement inspiré des constructions américaines rurales du 19e siècle et plus particulièrement le McCallum Inflexible Truss construit en 1851 par l'ingénieur Daniel C. MacCallum. Le pont de Marianne Vitale, long de plus de 8 mètres, joue d’une certaine monumentalité en tant que sculpture, tout en renvoyant à une maquette. L’artiste a entièrement brûlé celui-ci, selon la technique militaire qui consiste à empêcher l’ennemi de franchir le pont après vous. Cette idée resurgit dans le langage populaire au travers de l'expression « to burn a bridge » qui signifie être complètement obsédé par quelque chose comme si il n’y avait plus de retour possible. Un étendard surplombe l’espace d’exposition. Large drapeau de tissu réalisé pour l’exposition, il emprunte autant à la peinture abstraite qu’à une hypothétique secte ou groupe armé qui aurait pris possession de cet espace en friche.
Marianne Vitale s’affirme alors comme sculpteur et trouve un langage qui lui est propre. Pour son exposition au Confort Moderne, sa première monographie en France, il n’y a guère que le titre de l’exposition qui nous renvoie encore à cet imaginaire américain. Bright Dark Future n’est autre qu’un acronyme inventé au 19e siècle à partir des initiales de l’une des nombreuses compagnies de chemin de fer qui colonisent le grand ouest.
Après une visite du Confort Moderne et le passage de l'ouragan Sandy qui a largement marqué la vie new-yorkaise il y a quelques mois, Marianne Vitale a choisi de travailler sur une modélisation et une interprétation du système solaire. Elle présente un ensemble de dix sculptures : Vénus, Mercure, la Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton et le Soleil. Chaque sculpture s’inspire librement d’une planète. L’échelle de chaque pièce est plus ou moins donnée par l’échelle des astres : le Soleil sera central et monumental alors que Pluton sera quasiment invisible dans l’espace. L'artiste recycle des formes qu'elle a déjà exploitées (stèles, architectures) dans de nouveaux assemblages en déclinant son utilisation du bois de récupération. Le bois utilisé sédimente ses vies antérieures et contient en amont toute l'histoire des bâtiments qu'il construisait. L'usure, la patine du bois déjà exposé aux intempéries et au temps rappelle également la façon dont les planètes s'érodent et se sont transformées au fil du temps.
La conquête de l’ouest, tout comme la conquête de l’espace ont largement nourri nos imaginations et sont des matrices sans fin de narration, de fiction. Le travail de Marianne Vitale s’en nourrit sans jamais écrire les histoires par avance ; à peine distille-t-elle quelques indices. Elle construit une situation, un univers dont chaque spectateur peut s’emparer pour construire son propre récit. Vous l’aurez compris, Marianne Vitale ne propose rien de moins que l’exposition de son propre système solaire. Un nouvel alignement des planètes, fantaisiste et généreux qui, nous l’espérons, nous emmènera vers un futur lumineux.