Centre d’art contemporain d’Ivry - le Crédac

Bruno Pélassy

16 Jan - 22 Mar 2015

View of the exhibition Bruno Pélassy, Centre d’art contemporain d’Ivry – le Crédac, 2015.
From left to right, Serpent (collier), 1997 : Beads, opal glass, coral, vine stalk, velvet ; Reliquaire, 1992-1993 : mixed media.
Photo : André Morin / le Crédac. Courtesy Air de Paris, Paris.
BRUNO PÉLASSY
16 January – 22 March 2015

« N’oublions pas que l’esthétique est premièrement une éthique du sentiment. »
Bruno Pélassy

Un centre d’art n’est pas un musée, mais il doit parfois le devenir. Ainsi aujourd’hui, pour la première fois, le Crédac organise l’exposition rétrospective de l’œuvre vivante d’un artiste disparu : Bruno Pélassy. Une belle et riche collaboration s’est mise en place autour de son œuvre, avec le soutien indéfectible de la famille Pélassy, les amis artistes (Natacha Lesueur, Brice Dellsperger, Frieda Schumann), les critiques d’art et experts de l’œuvre (Didier Bisson, Florence Bonnefous, Marie Canet), les collectionneurs généreux, les centres d’art Passerelle à Brest, le CRAC à Sète et le MAMCO à Genève où successivement se produiront, en 2015 et 2016, des expositions et des événements consacrés à Bruno Pélassy. L’enjeu principal de cette exposition est de remettre en lumière l’œuvre singulière de cet artiste français présent dans la mémoire de la communauté artistique, mais qu’il reste à faire découvrir au plus grand nombre.

Son contexte de création est celui des années 1990, années de crise, de traumatisme collectif et individuel lié au virus du Sida, mais aussi années d’effervescence artistique à Nice où il est proche de l’école et le centre d’art de la Villa Arson alors dirigés par Christian Bernard. Ses amis sont les artistes Jean-Luc Blanc, Brice Dellsperger, Natacha Lesueur, Marie Ève Mestre, Jean-Luc Verna et aussi des artistes « protecteurs » comme Ben. Il fait sa première exposition en 1993 à Nice, chez Art:Concept.

Bruno Pélassy n’a pas fait d’école d’art, mais a suivi une formation en textile et joaillerie, qui l’a amené à travailler pour le bijoutier Swarovski. Il emprunte à la haute couture ses processus, ses techniques de façonnage et ses matériaux. Le bricolage se mêle au travail minutieux du verre et du cristal, la création de bijoux côtoie celle des bestioles mécaniques bon marché.

Les œuvres présentées ont toutes été créées sur une période d’à peine dix ans. Ce qui frappe d’emblée, c’est la diversité des expérimentations à la fois esthétiques et techniques mises en œuvre comme une urgence par le jeune artiste : les « Créatures », organismes de soie et de dentelles évoluant en aquariums ; les « Bestioles », bestiaire mécanique se donnant en spectacle ; les portraits réalisés à la cire ou au crayon ; son unique vidéo, Sans titre, Sang titre, Cent titres (1995), sorte de manifeste dont le magnétisme de la bande s’estompe au fil des lectures, détériorant l’image jusqu’à sa disparition ; les « Reliquaires », qui contiennent à la fois des bijoux et le blouson de l’artiste. L’exposition n’adopte ni une position qui viserait à singer une mise en scène par l’artiste luimême, ni une approche trop muséale.

Rendu visible au Crédac, le travail de Bruno Pélassy s’inscrit aujourd’hui de nouveau dans l’actualité artistique. L’imaginaire auquel il se réfère, l’écho du contexte dans lequel il a été créé, l’usage de métaphores et de figures mises en scène forment un vaste champ d’expé- rimentations qui nous permet de mesurer tout l’intérêt de cette œuvre indémodable, à la fois sombre et lumineuse, sophistiquée et bricolée, sensible et lucide, aussi et surtout libre.

Claire Le Restif
Commissaire de l’exposition
 

Tags: Jean-Luc Blanc, Brice Dellsperger, Li Hui, Natacha Lesueur, Bruno Pelassy, Jean-Luc Verna