XXIVe Ateliers Internationaux
26 Nov 2010 - 20 Feb 2011
XXIVE ATELIERS INTERNATIONAUX
exposition du 26.11.2010 au 20.02.2011
Artistes invités : Scoli Acosta, Elise Florenty, Loreto Martinez Troncoso, Stephane Querrec, Clément Rodzielski, Jessica Warboys
Commissariat d'exposition : Émilie Renard
La résidence suivie d’une exposition réunit six artistes pendant deux mois et est accompagnée d’un catalogue. Comme unique condition préalable à la résidence, je propose d’inverser le cours traditionnel de ces événements : résidence / exposition et catalogue, en postulant que le catalogue de l’exposition a déjà été écrit, qu’il a même déjà été lu, publié, traduit, commenté et qu’il s’agit du livre de Virginia Woolf, Les Vagues, écrit en 1931. Pour cela, il est simplement fait mention des informations essentielles (artistes, lieu, dates) sur la page de titre du livre.
Ce livre est construit comme un enchaînement sans transition de six monologues intérieurs, à la première personne, dont le flux continu est interrompu à neuf reprises par de courts interludes : neuf descriptions d’un paysage côtier, de l’aube au crépuscule, à la troisième personne. Les six personnages du roman – Bernard, Susan, Rhoda, Neville, Jinny et Louis – sont liés depuis l’enfance et le livre les suit jusqu’à la mort. Leurs voix sont celles de six personnes distinctes mais s’exprimant dans un style commun, elles provoquent leur confusion chez le lecteur et composent ainsi une sorte de conscience centrale. Woolf écrit dans son journal que les six voix n'étaient pas celles de personnages séparés, mais plutôt des facettes de conscience illuminant le sens d’une continuité. En passant dans le flux de six courants de conscience, en montrant leurs influences mutuelles, Woolf explore les liens entre individualité et communauté sous les traits désordonnés d’une seule personnalité multiple.
Cette forme d’appropriation d’un roman dans le champ de l’exposition a plusieurs conséquences, la première étant le titre de l’exposition : Les Vagues. La fiction et la résidence partagent, sur un point au moins, une situation analogue, puisqu’elles réunissent six personnes, trois hommes et trois femmes, dans une communauté de circonstance (à l’échelle d’une vie pour les premiers et d’une résidence de deux mois pour les seconds, le moment de la résidence pouvant alors être envisagé comme un moment propice aux soliloques). Ce catalogue sera donc notre horizon commun, ce qui revient à poser la question de son adaptation. Cet objet littéraire sera l’unique source du discours sur l’exposition et ainsi l’unique support de projections et d’interprétations pour les artistes comme pour le public. Poser l’existence préalable d’un catalogue revient à en tester sa valeur prescriptive et descriptive, sa capacité à anticiper une exposition. Car ce catalogue qui arrive en avance, garde aussi son statut d’objet interprétatif. Enfin, les neufs interludes qui filent la métaphore d’une vie à l’échelle réduite d’un jour, seront un terrain d’investigation de ma position curatoriale, envisagée dans une perspective neutre, extérieure et descriptive, plus contemplative qu’interventionniste. Ainsi, cette résidence qui réunit des artistes aux pratiques très différentes, propose avec ce livre comme catalogue, presque malgré eux, un métarécit. Ce livre ne constitue ni un manuel, ni un guide et sa relation à l’exposition n’est, pour le moment, que théorique et métaphorique et peut être discuté, interprété ou mis à distance. Ainsi, plus concrètement peut-être, il restera à vérifier comment ces six artistes si différents soient-ils, ont-ils en commun d’aborder d’une manière ou d’une autre les questions d’identité narrative, de confusion entre soi-même et un autre, d’identification et de personnification, de distanciation et de perte d’identité, avec autant d’allers-retours possibles entre des postures ambivalentes de sincérité et d’insincérité.
exposition du 26.11.2010 au 20.02.2011
Artistes invités : Scoli Acosta, Elise Florenty, Loreto Martinez Troncoso, Stephane Querrec, Clément Rodzielski, Jessica Warboys
Commissariat d'exposition : Émilie Renard
La résidence suivie d’une exposition réunit six artistes pendant deux mois et est accompagnée d’un catalogue. Comme unique condition préalable à la résidence, je propose d’inverser le cours traditionnel de ces événements : résidence / exposition et catalogue, en postulant que le catalogue de l’exposition a déjà été écrit, qu’il a même déjà été lu, publié, traduit, commenté et qu’il s’agit du livre de Virginia Woolf, Les Vagues, écrit en 1931. Pour cela, il est simplement fait mention des informations essentielles (artistes, lieu, dates) sur la page de titre du livre.
Ce livre est construit comme un enchaînement sans transition de six monologues intérieurs, à la première personne, dont le flux continu est interrompu à neuf reprises par de courts interludes : neuf descriptions d’un paysage côtier, de l’aube au crépuscule, à la troisième personne. Les six personnages du roman – Bernard, Susan, Rhoda, Neville, Jinny et Louis – sont liés depuis l’enfance et le livre les suit jusqu’à la mort. Leurs voix sont celles de six personnes distinctes mais s’exprimant dans un style commun, elles provoquent leur confusion chez le lecteur et composent ainsi une sorte de conscience centrale. Woolf écrit dans son journal que les six voix n'étaient pas celles de personnages séparés, mais plutôt des facettes de conscience illuminant le sens d’une continuité. En passant dans le flux de six courants de conscience, en montrant leurs influences mutuelles, Woolf explore les liens entre individualité et communauté sous les traits désordonnés d’une seule personnalité multiple.
Cette forme d’appropriation d’un roman dans le champ de l’exposition a plusieurs conséquences, la première étant le titre de l’exposition : Les Vagues. La fiction et la résidence partagent, sur un point au moins, une situation analogue, puisqu’elles réunissent six personnes, trois hommes et trois femmes, dans une communauté de circonstance (à l’échelle d’une vie pour les premiers et d’une résidence de deux mois pour les seconds, le moment de la résidence pouvant alors être envisagé comme un moment propice aux soliloques). Ce catalogue sera donc notre horizon commun, ce qui revient à poser la question de son adaptation. Cet objet littéraire sera l’unique source du discours sur l’exposition et ainsi l’unique support de projections et d’interprétations pour les artistes comme pour le public. Poser l’existence préalable d’un catalogue revient à en tester sa valeur prescriptive et descriptive, sa capacité à anticiper une exposition. Car ce catalogue qui arrive en avance, garde aussi son statut d’objet interprétatif. Enfin, les neufs interludes qui filent la métaphore d’une vie à l’échelle réduite d’un jour, seront un terrain d’investigation de ma position curatoriale, envisagée dans une perspective neutre, extérieure et descriptive, plus contemplative qu’interventionniste. Ainsi, cette résidence qui réunit des artistes aux pratiques très différentes, propose avec ce livre comme catalogue, presque malgré eux, un métarécit. Ce livre ne constitue ni un manuel, ni un guide et sa relation à l’exposition n’est, pour le moment, que théorique et métaphorique et peut être discuté, interprété ou mis à distance. Ainsi, plus concrètement peut-être, il restera à vérifier comment ces six artistes si différents soient-ils, ont-ils en commun d’aborder d’une manière ou d’une autre les questions d’identité narrative, de confusion entre soi-même et un autre, d’identification et de personnification, de distanciation et de perte d’identité, avec autant d’allers-retours possibles entre des postures ambivalentes de sincérité et d’insincérité.