Ulysses au Frac
27 Sep - 22 Dec 2013
ULYSSES AU FRAC
27 septembre — 22 décembre 2013
Avec : Hans Op de Beeck, Jean-Christophe Norman, Franck Pourcel et Stéphane Le Mercier
Commissaire : Pascal Neveux
Ultime escale au Frac, après neuf mois d’une odyssée terrestre, Ulysses investit le nouveau vaisseau de la Joliette, permettant ainsi de faire voisiner quatre artistes venant d’horizons différents, Hans Op de Beeck, Franck Pourcel, Jean Christophe Norman et Stéphane Le Mercier.
Formidable réservoir d’imaginaire, matrice d’une grande partie de la littérature occidentale, texte à l’origine d’innombrables reprises, le voyage d’Ulysse permet de découvrir des approches multiples et interdisciplinaires durant toute cette année 2013.
Le thème d’Ulysse offre en effet pléthore de formes d’écritures artistiques et révèle nombre de notions à la fois culturelles, littéraires, philosophiques, religieuses, spirituelles, politiques et sociales. Ulysse est un explorateur. D’aventures certes mais bien malgré lui, autant que de vérité intérieure. Il a beau être Roi d’Ithaque, avoir résisté aux sirènes, vaincu le Cyclope, il ne sait rien. Il erre à la recherche de lui-même, c’est en cela qu’’il devient un véritable héros. L’Odyssée est l’archétype du récit épique, qui mélange habilement un univers merveilleux et une histoire de la condition humaine.
On oublie trop souvent la suite des célèbres vers de Du Bellay : “Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, Ou comme celui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge”. Ulysse finit au bout de ses vingt ans d’Odyssée, par trouver le bonheur. Parce que ses pérégrinations l’amènent à une découverte capitale : savoir qui il est en renouant avec ses racines.
C’est également un fabuleux corpus fictionnel qui traite des effets des images ; leur potentiel vivant, leur dimension active, performative comme acte de montrer, dans le fait de dire, de dénoncer, de critiquer, apportant ainsi une contribution riche sur la question de la fonction et des usages des images. A l’instar de James Joyce réinventant le roman à maintes reprises par des changements de styles, de modes narratifs et en déplaçant l’objet même du roman, cette aventure se construit et se déconstruit au rythme des propositions artistiques. Ces artistes témoignent de l’influence des paysages et des hommes que nous rencontrons dans la construction de notre personnalité et de notre regard.
Quelle est la nature de nos dérives ? Est-ce que nos dérives sont à l’image de celles des continents : mouvements imperceptibles mais puissants provoquant des failles et des rencontres, des fusions mais aussi des disparitions de terres et de paysages ? Quel rôle joue notre environnement dans la détermination de nos affects ? L’art peut-il nous aider à cartographier nos paysages mentaux ?
Les notions de déplacements, de nomadisme et de déracinement sont au cœur de leurs productions, nous invitant ainsi à porter un regard critique, politique et engagé sur ces territoires sensibles que nous tentons d’habiter.
Hans Op de Beeck “Sea of tranquillity”
Imprégnées de la vie quotidienne contemporaine et d’une réflexion sociale et culturelle, les installations polymorphes de Hans Op de Beeck s’appréhendent telles des métaphores de la condition humaine. Sea of tranquility produit par le Grand Café à Saint-Nazaire nous plonge dans un univers où le temps semble suspendu.
L’artiste invente des réalités parallèles et construit des univers où viennent se mêler fiction et imaginaire. Il questionne la relation difficile qui existe entre réalité et représentation, entre ce que nous voyons et ce que nous voudrions croire. Ses images et ses mises en scène capturent la mélancolie et l’absurdité tragi-comique de notre existence post-moderne.
A travers cette exposition, Hans Op de Beeck nous convie à un curieux voyage qui met en exergue la manière dont notre monde occidental et mondialisé envisage le temps et l’espace, la valeur “travail” et l’économie du temps libre, notre destinée individuelle et collective, et finalement le rapport à notre propre mort.
Le visiteur est plongé dans un sombre et étrange musée où nous croisons sculptures, aquarelles, maquettes et films 3D comme autant d’indices autour de Sea of Tranquility, un mystérieux paquebot imaginaire, mythe des temps révolus à venir.
Franck Pourcel “Constellations”
Le projet photographique que mène Franck Pourcel depuis plusieurs années propose un regard personnel sur la Méditerranée et ses rivages. Il y a développé son imaginaire, fondé sa mythologie, construit sa personnalité et vécu ses propres expériences photographiques. Photographies que nous pourrons découvrir dès novembre à l’Abbaye de Montmajour. Mais c’est à l’artiste et pas uniquement au photographe que nous avons confié le plateau multimédia, afin d’y concevoir un dispositif intitulé Constellations, qui fasse écho aux identités plurielles de la Méditerranée.
Deux années auront été nécessaire pour parcourir le bassin méditerranéen sur les traces d’Ulysses et témoigner de ses visages multiples, de ces télescopages visuels et sonores d’un territoire éclaté, déchiré, berceau de notre civilisation.
C’est une vision sismographique de la Méditerranée que nous présente Franck Pourcel à travers ce dispositif où le temps stratifie des millénaires de civilisations pour le meilleur et pour le pire et où seules les images peuvent aujourd’hui en témoigner en toute objectivité.
Jean Christophe Norman “Sans Titre (Ulysse, James Joyce)”
Autre dialogue avec le temps et la figure littéraire d’Ulysse avec Jean Christophe Norman, artiste marcheur et “scribe” au sens étymologique du terme, celui qui dessine les contours, qui prend possession du plateau expérimental et investit l’espace urbain pour une proposition en deux séquences, la “recopie” du livre éponyme de Joyce et la traversée manuscrite sur l’asphalte des rues de Marseille.
Marcheur écrivant, dessinant le temps, Jean Christophe Norman déploie ses lignes d’écriture au format d’une feuille de format A4 où de lignes indéterminées traversant la ville, traçant le chemin d’une narration que tout à chacun est amenée à découvrir au rythme de ses propres déambulations et des effacements aléatoires et imprévisibles du temps.
Une reprise de l’écriture de Joyce par une autre écriture qui révèle à la fois l’existence physique des mots et leur fluidité. Une aventure proustienne du temps qui se donne à voir dans une sculpture manuscrite de 352 pages, nous proposant ainsi un autre Ulysse avant de se délier dans le dédale des rues de Marseille dans une géographie aléatoire et hasardeuse.
“Les Douceurs du péché, domaine étendu du livre”
(commissaire invité Stéphane Le Mercier)
Artistes : Pierre-Olivier Arnaud, Lasse Schmidt Hansen, Claude Horstmann, Hervé Humbert, Rémy Hysbergue, Serge Le Squer, Samir Mougas, Guillaume Pinard, Babeth Rambault, Niek Van De Steeg, ainsi qu’une sélection de livres extraits du fonds Livres, Éditions et Multiples d’artistes du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et de collections privées.
Pour Les Douceurs du péché, Stéphane Le Mercier invite dix artistes français et étrangers à réaliser un projet éditorial à partir d’un livre de leur choix. Investissant la totalité du centre de documentation, cette exposition se situe dans la continuité de ses recherches sur l’auteur irlandais James Joyce — recherches ayant abouti au printemps dernier à un livre d’artiste aux éditions Incertain Sens, dans le cadre du programme Ulysses mené au Frac Bretagne.
“En questionnant les conditions matérielles du livre, ces projets doivent plus à l’héritage de Dieter Roth qu’à celui d’Ed Ruscha. En cela, ils ont conscience de l’instabilité de leur position, de ne pas correspondre stricto sensu à la définition du livre d’artiste, néanmoins si leur circulation est limitée, ils ne sombrent pas dans le fétichisme, la rareté bibliophilique. Ils tentent, au contraire, de défendre une expérience réelle, oeuvrant pour un domaine étendu du livre et avec lui, pour un renouvellement de la lecture.”
Pascal Neveux
Directeur du Frac
Commissaire de l’exposition
27 septembre — 22 décembre 2013
Avec : Hans Op de Beeck, Jean-Christophe Norman, Franck Pourcel et Stéphane Le Mercier
Commissaire : Pascal Neveux
Ultime escale au Frac, après neuf mois d’une odyssée terrestre, Ulysses investit le nouveau vaisseau de la Joliette, permettant ainsi de faire voisiner quatre artistes venant d’horizons différents, Hans Op de Beeck, Franck Pourcel, Jean Christophe Norman et Stéphane Le Mercier.
Formidable réservoir d’imaginaire, matrice d’une grande partie de la littérature occidentale, texte à l’origine d’innombrables reprises, le voyage d’Ulysse permet de découvrir des approches multiples et interdisciplinaires durant toute cette année 2013.
Le thème d’Ulysse offre en effet pléthore de formes d’écritures artistiques et révèle nombre de notions à la fois culturelles, littéraires, philosophiques, religieuses, spirituelles, politiques et sociales. Ulysse est un explorateur. D’aventures certes mais bien malgré lui, autant que de vérité intérieure. Il a beau être Roi d’Ithaque, avoir résisté aux sirènes, vaincu le Cyclope, il ne sait rien. Il erre à la recherche de lui-même, c’est en cela qu’’il devient un véritable héros. L’Odyssée est l’archétype du récit épique, qui mélange habilement un univers merveilleux et une histoire de la condition humaine.
On oublie trop souvent la suite des célèbres vers de Du Bellay : “Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, Ou comme celui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge”. Ulysse finit au bout de ses vingt ans d’Odyssée, par trouver le bonheur. Parce que ses pérégrinations l’amènent à une découverte capitale : savoir qui il est en renouant avec ses racines.
C’est également un fabuleux corpus fictionnel qui traite des effets des images ; leur potentiel vivant, leur dimension active, performative comme acte de montrer, dans le fait de dire, de dénoncer, de critiquer, apportant ainsi une contribution riche sur la question de la fonction et des usages des images. A l’instar de James Joyce réinventant le roman à maintes reprises par des changements de styles, de modes narratifs et en déplaçant l’objet même du roman, cette aventure se construit et se déconstruit au rythme des propositions artistiques. Ces artistes témoignent de l’influence des paysages et des hommes que nous rencontrons dans la construction de notre personnalité et de notre regard.
Quelle est la nature de nos dérives ? Est-ce que nos dérives sont à l’image de celles des continents : mouvements imperceptibles mais puissants provoquant des failles et des rencontres, des fusions mais aussi des disparitions de terres et de paysages ? Quel rôle joue notre environnement dans la détermination de nos affects ? L’art peut-il nous aider à cartographier nos paysages mentaux ?
Les notions de déplacements, de nomadisme et de déracinement sont au cœur de leurs productions, nous invitant ainsi à porter un regard critique, politique et engagé sur ces territoires sensibles que nous tentons d’habiter.
Hans Op de Beeck “Sea of tranquillity”
Imprégnées de la vie quotidienne contemporaine et d’une réflexion sociale et culturelle, les installations polymorphes de Hans Op de Beeck s’appréhendent telles des métaphores de la condition humaine. Sea of tranquility produit par le Grand Café à Saint-Nazaire nous plonge dans un univers où le temps semble suspendu.
L’artiste invente des réalités parallèles et construit des univers où viennent se mêler fiction et imaginaire. Il questionne la relation difficile qui existe entre réalité et représentation, entre ce que nous voyons et ce que nous voudrions croire. Ses images et ses mises en scène capturent la mélancolie et l’absurdité tragi-comique de notre existence post-moderne.
A travers cette exposition, Hans Op de Beeck nous convie à un curieux voyage qui met en exergue la manière dont notre monde occidental et mondialisé envisage le temps et l’espace, la valeur “travail” et l’économie du temps libre, notre destinée individuelle et collective, et finalement le rapport à notre propre mort.
Le visiteur est plongé dans un sombre et étrange musée où nous croisons sculptures, aquarelles, maquettes et films 3D comme autant d’indices autour de Sea of Tranquility, un mystérieux paquebot imaginaire, mythe des temps révolus à venir.
Franck Pourcel “Constellations”
Le projet photographique que mène Franck Pourcel depuis plusieurs années propose un regard personnel sur la Méditerranée et ses rivages. Il y a développé son imaginaire, fondé sa mythologie, construit sa personnalité et vécu ses propres expériences photographiques. Photographies que nous pourrons découvrir dès novembre à l’Abbaye de Montmajour. Mais c’est à l’artiste et pas uniquement au photographe que nous avons confié le plateau multimédia, afin d’y concevoir un dispositif intitulé Constellations, qui fasse écho aux identités plurielles de la Méditerranée.
Deux années auront été nécessaire pour parcourir le bassin méditerranéen sur les traces d’Ulysses et témoigner de ses visages multiples, de ces télescopages visuels et sonores d’un territoire éclaté, déchiré, berceau de notre civilisation.
C’est une vision sismographique de la Méditerranée que nous présente Franck Pourcel à travers ce dispositif où le temps stratifie des millénaires de civilisations pour le meilleur et pour le pire et où seules les images peuvent aujourd’hui en témoigner en toute objectivité.
Jean Christophe Norman “Sans Titre (Ulysse, James Joyce)”
Autre dialogue avec le temps et la figure littéraire d’Ulysse avec Jean Christophe Norman, artiste marcheur et “scribe” au sens étymologique du terme, celui qui dessine les contours, qui prend possession du plateau expérimental et investit l’espace urbain pour une proposition en deux séquences, la “recopie” du livre éponyme de Joyce et la traversée manuscrite sur l’asphalte des rues de Marseille.
Marcheur écrivant, dessinant le temps, Jean Christophe Norman déploie ses lignes d’écriture au format d’une feuille de format A4 où de lignes indéterminées traversant la ville, traçant le chemin d’une narration que tout à chacun est amenée à découvrir au rythme de ses propres déambulations et des effacements aléatoires et imprévisibles du temps.
Une reprise de l’écriture de Joyce par une autre écriture qui révèle à la fois l’existence physique des mots et leur fluidité. Une aventure proustienne du temps qui se donne à voir dans une sculpture manuscrite de 352 pages, nous proposant ainsi un autre Ulysse avant de se délier dans le dédale des rues de Marseille dans une géographie aléatoire et hasardeuse.
“Les Douceurs du péché, domaine étendu du livre”
(commissaire invité Stéphane Le Mercier)
Artistes : Pierre-Olivier Arnaud, Lasse Schmidt Hansen, Claude Horstmann, Hervé Humbert, Rémy Hysbergue, Serge Le Squer, Samir Mougas, Guillaume Pinard, Babeth Rambault, Niek Van De Steeg, ainsi qu’une sélection de livres extraits du fonds Livres, Éditions et Multiples d’artistes du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et de collections privées.
Pour Les Douceurs du péché, Stéphane Le Mercier invite dix artistes français et étrangers à réaliser un projet éditorial à partir d’un livre de leur choix. Investissant la totalité du centre de documentation, cette exposition se situe dans la continuité de ses recherches sur l’auteur irlandais James Joyce — recherches ayant abouti au printemps dernier à un livre d’artiste aux éditions Incertain Sens, dans le cadre du programme Ulysses mené au Frac Bretagne.
“En questionnant les conditions matérielles du livre, ces projets doivent plus à l’héritage de Dieter Roth qu’à celui d’Ed Ruscha. En cela, ils ont conscience de l’instabilité de leur position, de ne pas correspondre stricto sensu à la définition du livre d’artiste, néanmoins si leur circulation est limitée, ils ne sombrent pas dans le fétichisme, la rareté bibliophilique. Ils tentent, au contraire, de défendre une expérience réelle, oeuvrant pour un domaine étendu du livre et avec lui, pour un renouvellement de la lecture.”
Pascal Neveux
Directeur du Frac
Commissaire de l’exposition