Lilly Lulay
01 Apr - 14 May 2011
LILLY LULAY
Mindscapes
1 April - 14 May, 2011
Dans le cadre de la vingtième édition de la manifestation Itinéraires des Photographes Voyageurs, la Galerie Ilka Bree est heureuse de présenter pour la première fois en France une sélection d’œuvres récentes de la plasticienne allemande Lilly Lulay rassemblées sous le titre d’exposition Mindscapes.
Lilly Lulay est une photographe qui ne réalise qu’à de rares occasions ses propres images. Son travail s’adosse en grande partie sur la collecte de clichés anonymes ordinaires trouvés au gré de ses déplacements. Cette forme d’appropriationnisme témoigne de cette surprésence de l’image dans une société de plus en plus conceptualisable comme un "phénomène vu". La quantité des images est telle, leur production si aisée, que leur durée de vie et leur valeur s’en trouvent d’autant diminuées. Les marchés de l’occasion – brocante, vide grenier – regorgent d’images que Lilly Lulay récupère afin de revisiter et questionner leur statut. En faisant cela, l'artiste ne cherche pas à questionner la notion d’auteur ou encore les conditions de production de l’art, mais plutôt à mettre en chantier le processus photographique lui-même.
Quelles sont les raisons qui nous poussent à prendre des photos? Au-delà du sujet qui a motivé la prise de vue, que ce manifeste-t-il de plus dans une photographie amateur ?
Formellement, l'artiste se sert de divers procédés, comme le découpage, le collage ou la broderie afin de permettre à un sujet de se substituer à un autre. L’objet initial des clichés utilisés est escamoté au profit d’un élément contingent isolé dans la composition.
Cette approche qui lie physiquement l’artiste à ses matériaux, comme un peintre à sa palette, crée les conditions à la fois pour faire transiter le statut des photographies de la sphère privée à la sphère publique et pour aménager de nombreux passages entre réalité et fiction.
188 photographies de vacances trouvées dans un vide grenier ont servi de matériaux à l’élaboration de l’œuvre Amerika 1993. Ces clichés retracent un voyage aux États-Unis accompli par un couple de touristes allemands au cours de l’année 1993. La quasi-totalité des images qui composaient ce lot donnait à voir des prises de vues des célèbres canyons. L’artiste a choisi de retenir le ciel qui dans les compositions apparaissait comme un élément secondaire. 88 cieux découpés, arrangés dans un schéma ordonné, retournés, se transforment en vagues. En allemand, on parle d'une Bilderflut (un raz-de-marée d'images) comme pour évoquer la quantité d’images produites aujourd’hui. Le ciel une fois retourné, devient le sujet. Ce qui était ordinaire, voire inconscient, occupe une place désormais cardinale.
La série de collages Mindscapes est composée de différentes photographies trouvées et achetées, toutes issues d'un contexte privé. Les images anonymes ont été revisitées pour laisser place à des compositions abstraites où surnagent par endroits des vestiges de l’ancienne réalité. Découpés puis assemblés, les clichés originaux ont disparu. Les sujets concrets se sont évanouis au profit de géographies mentales. Par le déplacement et un travail formel, les images se chargent ici d’un tout autre sens. Elles recomposent des images inaccessibles à l’objectif de l’appareil photographique. Une fois retravaillées, elles s’arrachent à la réalité qu’elles désignaient pour concourir à l’écriture d’une fiction poétique.
Les tirages qui constituent la série Abstraktionen interrogent la capacité du médium photographique à stocker les souvenirs et les émotions qu’ils charrient avec eux. Des diapositives découpées, assemblées à l’aide de ruban adhésif ont été projetées puis photographiées. Le travail engagé ici, vise à effacer la réalité concrète de la composition initiale en isolant des fragments de couleurs. Par ce procédé formel, proche de celui d’un coloriste, la plasticienne interroge ce qui est à la fois indicible et invisible, les associations qui se tissent entre couleurs et émotions.
Fassaden est composée de treize photographies en vue frontale réalisées par l’artiste. Les images prises le long de la Bundesstrasse (route nationale) 486 dans les environs de Francfort montrent des architectures de maisons traditionnelles allemandes. Les fenêtres et les portes des habitations ont été découpées afin d’entraîner le regard du spectateur à pénétrer à travers les œuvres. Les treize photographies ont été posées sur un socle rendant visible l’avant et l’arrière des clichés. Le verso blanc agit comme une surface de projection vierge tandis que le recto offre, par le biais des façades d’architectures traditionnelles, un espace de contraintes.
Mindscapes
1 April - 14 May, 2011
Dans le cadre de la vingtième édition de la manifestation Itinéraires des Photographes Voyageurs, la Galerie Ilka Bree est heureuse de présenter pour la première fois en France une sélection d’œuvres récentes de la plasticienne allemande Lilly Lulay rassemblées sous le titre d’exposition Mindscapes.
Lilly Lulay est une photographe qui ne réalise qu’à de rares occasions ses propres images. Son travail s’adosse en grande partie sur la collecte de clichés anonymes ordinaires trouvés au gré de ses déplacements. Cette forme d’appropriationnisme témoigne de cette surprésence de l’image dans une société de plus en plus conceptualisable comme un "phénomène vu". La quantité des images est telle, leur production si aisée, que leur durée de vie et leur valeur s’en trouvent d’autant diminuées. Les marchés de l’occasion – brocante, vide grenier – regorgent d’images que Lilly Lulay récupère afin de revisiter et questionner leur statut. En faisant cela, l'artiste ne cherche pas à questionner la notion d’auteur ou encore les conditions de production de l’art, mais plutôt à mettre en chantier le processus photographique lui-même.
Quelles sont les raisons qui nous poussent à prendre des photos? Au-delà du sujet qui a motivé la prise de vue, que ce manifeste-t-il de plus dans une photographie amateur ?
Formellement, l'artiste se sert de divers procédés, comme le découpage, le collage ou la broderie afin de permettre à un sujet de se substituer à un autre. L’objet initial des clichés utilisés est escamoté au profit d’un élément contingent isolé dans la composition.
Cette approche qui lie physiquement l’artiste à ses matériaux, comme un peintre à sa palette, crée les conditions à la fois pour faire transiter le statut des photographies de la sphère privée à la sphère publique et pour aménager de nombreux passages entre réalité et fiction.
188 photographies de vacances trouvées dans un vide grenier ont servi de matériaux à l’élaboration de l’œuvre Amerika 1993. Ces clichés retracent un voyage aux États-Unis accompli par un couple de touristes allemands au cours de l’année 1993. La quasi-totalité des images qui composaient ce lot donnait à voir des prises de vues des célèbres canyons. L’artiste a choisi de retenir le ciel qui dans les compositions apparaissait comme un élément secondaire. 88 cieux découpés, arrangés dans un schéma ordonné, retournés, se transforment en vagues. En allemand, on parle d'une Bilderflut (un raz-de-marée d'images) comme pour évoquer la quantité d’images produites aujourd’hui. Le ciel une fois retourné, devient le sujet. Ce qui était ordinaire, voire inconscient, occupe une place désormais cardinale.
La série de collages Mindscapes est composée de différentes photographies trouvées et achetées, toutes issues d'un contexte privé. Les images anonymes ont été revisitées pour laisser place à des compositions abstraites où surnagent par endroits des vestiges de l’ancienne réalité. Découpés puis assemblés, les clichés originaux ont disparu. Les sujets concrets se sont évanouis au profit de géographies mentales. Par le déplacement et un travail formel, les images se chargent ici d’un tout autre sens. Elles recomposent des images inaccessibles à l’objectif de l’appareil photographique. Une fois retravaillées, elles s’arrachent à la réalité qu’elles désignaient pour concourir à l’écriture d’une fiction poétique.
Les tirages qui constituent la série Abstraktionen interrogent la capacité du médium photographique à stocker les souvenirs et les émotions qu’ils charrient avec eux. Des diapositives découpées, assemblées à l’aide de ruban adhésif ont été projetées puis photographiées. Le travail engagé ici, vise à effacer la réalité concrète de la composition initiale en isolant des fragments de couleurs. Par ce procédé formel, proche de celui d’un coloriste, la plasticienne interroge ce qui est à la fois indicible et invisible, les associations qui se tissent entre couleurs et émotions.
Fassaden est composée de treize photographies en vue frontale réalisées par l’artiste. Les images prises le long de la Bundesstrasse (route nationale) 486 dans les environs de Francfort montrent des architectures de maisons traditionnelles allemandes. Les fenêtres et les portes des habitations ont été découpées afin d’entraîner le regard du spectateur à pénétrer à travers les œuvres. Les treize photographies ont été posées sur un socle rendant visible l’avant et l’arrière des clichés. Le verso blanc agit comme une surface de projection vierge tandis que le recto offre, par le biais des façades d’architectures traditionnelles, un espace de contraintes.