Camille Henrot
05 Feb - 08 Mar 2014
Grosse Fatigue
Camille Henrot, 2013
Vidéo (couleur, sonore)
13 min
Musique originale de Joakim
Voix d’Akwetey Orraca-Tetteh
Texte écrit en collaboration avec Jacob Bromberg
Producteur : kamel mennour, Paris ; avec le soutien du Fonds de dotation Famille Moulin, Paris
Production: Silex Films
Lion d’argent - 55e Biennale de Venise, 2013
Projet développé dans le cadre du Smithsonian Artist Research Fellowship Program, Washington, D.C.
Remerciements particuliers aux Smithsonian Archives of American Art, Smithsonian National Museum of Natural History, et Smithsonian National Air and Space Museum
© ADAGP Camille Henrot
Courtesy the artist, Silex Films and kamel mennour, Paris
Camille Henrot, 2013
Vidéo (couleur, sonore)
13 min
Musique originale de Joakim
Voix d’Akwetey Orraca-Tetteh
Texte écrit en collaboration avec Jacob Bromberg
Producteur : kamel mennour, Paris ; avec le soutien du Fonds de dotation Famille Moulin, Paris
Production: Silex Films
Lion d’argent - 55e Biennale de Venise, 2013
Projet développé dans le cadre du Smithsonian Artist Research Fellowship Program, Washington, D.C.
Remerciements particuliers aux Smithsonian Archives of American Art, Smithsonian National Museum of Natural History, et Smithsonian National Air and Space Museum
© ADAGP Camille Henrot
Courtesy the artist, Silex Films and kamel mennour, Paris
CAMILLE HENROT
Grosse Fatigue
5 février – 8 mars 2014
Kamel Mennour est heureux de présenter “Grosse Fatigue” de Camille Henrot - Lion d’Argent à la 55e Biennale de Venise.
In the beginning there was no earth, no water – nothing. There was a single hill called Nunne Chaha. In the beginning everything was dead. In the beginning there was nothing; nothing at all. No light, no life, no movement, no breath. In the beginning there was an immense unit of energy. In the beginning there was nothing but shadow and only darkness and water and the great god Bumba. In the beginning were quantum fluctuations.
Extrait de « Grosse fatigue »
« Notre question devient ainsi clairement la question de l’expérience impossible ou de l’expérience de l’impossible : une expérience soustraite aux conditions de possibilité d’une connaissance finie, et qui soit pourtant une expérience. »
Citation extraite de « La Création du monde Ou la Mondialisation » (2002) de Jean-Luc Nancy
Raconter l’histoire de la création de l’univers, tel est le défi que Camille Henrot s’est donné avec Grosse Fatigue. Grosse en effet est la fatigue de celle qui, à l’image du titan Atlas, s’est elle-même condamnée à devoir porter tout le poids du monde sur ses seules épaules. Mais les sombres fardeaux solitaires ne sont-ils pas destinés lorsqu’ils sont manipulés par un artiste à devenir aussi légers, beaux et fragiles qu’une bulle de savon ? Tenir le monde dans le creux de sa main... flottant sans effort à la surface de la paume comme si, par l’entremise de discrets pouvoirs magiques, l’artiste avait réellement pu ressusciter du fond des âges la jeunesse de l’humanité, aube magistrale que l’on croyait trop lointaine pour pouvoir être encore aperçue mais captivant néanmoins toute notre attention aussi facilement qu’une lanterne magique le regard d’un enfant. La colonne vertébrale de Grosse Fatigue est un long poème déclamé en spoken word, ce mode d’expression typique utilisé à bon escient dans les années 70 par le groupe musical new-yorkais The Last Poets. Il mélange dans un joyeux syncrétisme l’histoire scientifique avec des récits de la Création appartenant aussi bien aux traditions religieuses (hindou, bouddhiste, juif, chrétien, islamique...), hermétiques (Cabbale, Franc Maçonnerie...) qu’orales (celles des peuples Dogons, Inuït, Navajo...). A l’arrière plan visuel de cette oraison enflammée, Camille Henrot opère ce qu’elle appelle un « dépliement intuitif du savoir» à travers une série de plans dévoilant les trésors renfermés dans les prestigieuses collections du Smithsonian Institute de Washington1, plans eux-mêmes travaillés de l’intérieur par des images capturées sur Internet et des scènes tournées dans des lieux aussi différents qu’une animalerie ou un intérieur domestique et qui apparaissent comme des pop up à la surface de l’écran. Grosse Fatigue ne prétend pas bien sûr produire une quelconque vérité objective. Tenter de com - prendre (to grasp = to comprehend) en treize minutes une masse infinie d’informations qui demeureront par définition toujours en excès est un exercice relevant plutôt de ce que Walter Benjamin appelait en termes psychiatriques « un délire du groupement ». « Dans ma vidéo, explique l’artiste, la volonté d’universaliser les savoirs s’accompagne de la conscience que j’ai de cet acte. C’est-à-dire qu’au moment même où j’aspire à rendre le monde habitable par le biais d’une totalisation subjective, je sais en même temps la folie de cette tentative ainsi que ses limites intrinsèques. Dès lors que l’on pense avoir déployé et circonscrit tout son univers à l’intérieur d’un seul et unique paysage, la seule question, inévitablement, qui vaille, travaille et tenaille sans relâche l’esprit n’est-elle pas en effet celle-là même par laquelle Jonas Cohn conclut son Histoire de l’infini (1896) : « Mais au-delà, qu’y-a-t-il ? » 2
© Jonathan Chauveau _
Née en 1978, Camille Henrot vit et travaille à New York. Son travail a été présenté au sein de nombreuses expositions personnelles et collectives en France : au musée du Louvre, au Centre
Pompidou, au Palais de Tokyo, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, à l’Espace culturel Louis Vuitton, au Jeu de Paume, à la Fondation Cartier, au Musée d’Art Contemporain de Marseille ; ainsi qu’à l’étranger : à la Emily Harvey Foundation à New York, au NOMA – New Orleans Museum of Art, à la Slought Foundation à Philadelphie, à The Kitchen et au SculptureCenter à New York, à la Kunsthalle Mainz, au Stedelijk Museum et à la Frankendael Foundation à Amsterdam, à la Bielefelder Kunstverein, au Signal – Center for Contemporary Art à Malmö, au LAMAG – Los Angeles Municipal Art Gallery, dans le cadre de la Biennale du Bénin, au MOCAD de Detroit, à Bold Tendencies à Londres, au National Museum of Contemporary Art de Séoul, au Centre pour l’Image Contemporaine de Genève, au Hara Museum et au Mori Art Museum à Tokyo. Plusieurs de ses films ont également été montrés et primés dans le cadre de festivals tels que la 55e biennale de Venise (Lion d’Argent pour son film « Grosse Fatigue »), la biennale Moving Images à ICA à Londres, le Festival international du film de Rotterdam, le Festival international du film de Clermont-Ferrand, la Quinzaine des réalisateurs à Cannes ou encore le festival Hors Piste au Centre Pompidou. Différentes expositions personnelles lui seront consacrées prochainement à la Chisenhale Gallery à Londres, au Schinkel Pavillon à Berlin, au New Museum à New York, à l’Horticultural Society, à la Kunsthalle Charlottenborg à Copenhague et à Bétonsalon à Paris. Cet automne, Camille Henrot est sera la co-commissaire, avec Ruba Katrib, d’une exposition au SculptureCenter à New York. Elle est nommée pour le Prix Hugo Boss 2014.
1 The Smithsonial Institution est le plus grand complexe muséal et scientifiques au monde. Dans le cadre du Smithsonian Artist Research Fellowship, Camille Henrot a été autorisée à filmer les collections des départements suivants : the Smithsonian Archives of American Art, the Smithsonian National ,Museum of Natural History, and the Smithsonian National Air and Space Museum
2 History of speculative thought, 1896 Jonas Cohn. (my translation)
Grosse Fatigue
5 février – 8 mars 2014
Kamel Mennour est heureux de présenter “Grosse Fatigue” de Camille Henrot - Lion d’Argent à la 55e Biennale de Venise.
In the beginning there was no earth, no water – nothing. There was a single hill called Nunne Chaha. In the beginning everything was dead. In the beginning there was nothing; nothing at all. No light, no life, no movement, no breath. In the beginning there was an immense unit of energy. In the beginning there was nothing but shadow and only darkness and water and the great god Bumba. In the beginning were quantum fluctuations.
Extrait de « Grosse fatigue »
« Notre question devient ainsi clairement la question de l’expérience impossible ou de l’expérience de l’impossible : une expérience soustraite aux conditions de possibilité d’une connaissance finie, et qui soit pourtant une expérience. »
Citation extraite de « La Création du monde Ou la Mondialisation » (2002) de Jean-Luc Nancy
Raconter l’histoire de la création de l’univers, tel est le défi que Camille Henrot s’est donné avec Grosse Fatigue. Grosse en effet est la fatigue de celle qui, à l’image du titan Atlas, s’est elle-même condamnée à devoir porter tout le poids du monde sur ses seules épaules. Mais les sombres fardeaux solitaires ne sont-ils pas destinés lorsqu’ils sont manipulés par un artiste à devenir aussi légers, beaux et fragiles qu’une bulle de savon ? Tenir le monde dans le creux de sa main... flottant sans effort à la surface de la paume comme si, par l’entremise de discrets pouvoirs magiques, l’artiste avait réellement pu ressusciter du fond des âges la jeunesse de l’humanité, aube magistrale que l’on croyait trop lointaine pour pouvoir être encore aperçue mais captivant néanmoins toute notre attention aussi facilement qu’une lanterne magique le regard d’un enfant. La colonne vertébrale de Grosse Fatigue est un long poème déclamé en spoken word, ce mode d’expression typique utilisé à bon escient dans les années 70 par le groupe musical new-yorkais The Last Poets. Il mélange dans un joyeux syncrétisme l’histoire scientifique avec des récits de la Création appartenant aussi bien aux traditions religieuses (hindou, bouddhiste, juif, chrétien, islamique...), hermétiques (Cabbale, Franc Maçonnerie...) qu’orales (celles des peuples Dogons, Inuït, Navajo...). A l’arrière plan visuel de cette oraison enflammée, Camille Henrot opère ce qu’elle appelle un « dépliement intuitif du savoir» à travers une série de plans dévoilant les trésors renfermés dans les prestigieuses collections du Smithsonian Institute de Washington1, plans eux-mêmes travaillés de l’intérieur par des images capturées sur Internet et des scènes tournées dans des lieux aussi différents qu’une animalerie ou un intérieur domestique et qui apparaissent comme des pop up à la surface de l’écran. Grosse Fatigue ne prétend pas bien sûr produire une quelconque vérité objective. Tenter de com - prendre (to grasp = to comprehend) en treize minutes une masse infinie d’informations qui demeureront par définition toujours en excès est un exercice relevant plutôt de ce que Walter Benjamin appelait en termes psychiatriques « un délire du groupement ». « Dans ma vidéo, explique l’artiste, la volonté d’universaliser les savoirs s’accompagne de la conscience que j’ai de cet acte. C’est-à-dire qu’au moment même où j’aspire à rendre le monde habitable par le biais d’une totalisation subjective, je sais en même temps la folie de cette tentative ainsi que ses limites intrinsèques. Dès lors que l’on pense avoir déployé et circonscrit tout son univers à l’intérieur d’un seul et unique paysage, la seule question, inévitablement, qui vaille, travaille et tenaille sans relâche l’esprit n’est-elle pas en effet celle-là même par laquelle Jonas Cohn conclut son Histoire de l’infini (1896) : « Mais au-delà, qu’y-a-t-il ? » 2
© Jonathan Chauveau _
Née en 1978, Camille Henrot vit et travaille à New York. Son travail a été présenté au sein de nombreuses expositions personnelles et collectives en France : au musée du Louvre, au Centre
Pompidou, au Palais de Tokyo, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, à l’Espace culturel Louis Vuitton, au Jeu de Paume, à la Fondation Cartier, au Musée d’Art Contemporain de Marseille ; ainsi qu’à l’étranger : à la Emily Harvey Foundation à New York, au NOMA – New Orleans Museum of Art, à la Slought Foundation à Philadelphie, à The Kitchen et au SculptureCenter à New York, à la Kunsthalle Mainz, au Stedelijk Museum et à la Frankendael Foundation à Amsterdam, à la Bielefelder Kunstverein, au Signal – Center for Contemporary Art à Malmö, au LAMAG – Los Angeles Municipal Art Gallery, dans le cadre de la Biennale du Bénin, au MOCAD de Detroit, à Bold Tendencies à Londres, au National Museum of Contemporary Art de Séoul, au Centre pour l’Image Contemporaine de Genève, au Hara Museum et au Mori Art Museum à Tokyo. Plusieurs de ses films ont également été montrés et primés dans le cadre de festivals tels que la 55e biennale de Venise (Lion d’Argent pour son film « Grosse Fatigue »), la biennale Moving Images à ICA à Londres, le Festival international du film de Rotterdam, le Festival international du film de Clermont-Ferrand, la Quinzaine des réalisateurs à Cannes ou encore le festival Hors Piste au Centre Pompidou. Différentes expositions personnelles lui seront consacrées prochainement à la Chisenhale Gallery à Londres, au Schinkel Pavillon à Berlin, au New Museum à New York, à l’Horticultural Society, à la Kunsthalle Charlottenborg à Copenhague et à Bétonsalon à Paris. Cet automne, Camille Henrot est sera la co-commissaire, avec Ruba Katrib, d’une exposition au SculptureCenter à New York. Elle est nommée pour le Prix Hugo Boss 2014.
1 The Smithsonial Institution est le plus grand complexe muséal et scientifiques au monde. Dans le cadre du Smithsonian Artist Research Fellowship, Camille Henrot a été autorisée à filmer les collections des départements suivants : the Smithsonian Archives of American Art, the Smithsonian National ,Museum of Natural History, and the Smithsonian National Air and Space Museum
2 History of speculative thought, 1896 Jonas Cohn. (my translation)