Karsten Greve

On Paper II

17 Mar - 10 Apr 2010

© Tony Cragg
Untitled, 1999
Pencil on paper
29.6 x 42 cm / 11.7 x 16.5 in
ON PAPER II

March 17 - April 10, 2010

Pierrette Bloch, Louise Bourgeois, Jeff Colson, Tony Cragg, Laura Craig McNellis, Ding Yi, Gotthard Graubner, Raul Illarramendi, Paco Knöller, Willem de Kooning, Catherine Lee, Norbert Prangenberg, Gideon Rubin, Georgia Russell, Pierre Soulages

Exposition du 17 mars au 10 avril 2010

A l’occasion de l’actualité autour du dessin durant le mois de mars et simultanément avec sa participation au Salon du Dessin, la galerie Karsten Greve est heureuse de présenter la seconde édition de on paper une exposition collective consacrée à une sélection d’artistes travaillant avec le médium papier. L’exposition regroupera une quinzaine d’artistes abordant ce support de manière différente.

Laura Craig McNellis (1957), artiste américaine autodidacte, elle est la sœur cadette d’une famille de 4 filles, ses parents découvrent rapidement qu’elle est mentalement déficiente et font le choix de l’élever à la maison. Très tôt attirée par la peinture, elle peint régulièrement, souvent la nuit et exclusivement sur du papier récupéré, elle rejettera toujours la toile ou le papier de bonne qualité. Intervenant sur le support de différentes manières, elle aime aussi couper dans le papier pour retrancher des espaces restés vierges autour de sa composition et parfois l’intérieur même de certaines lettres ou éléments. Son fort pouvoir d’observation lui permet de dépeindre de manière éloquente les gens, mais le plus souvent des objets de la vie quotidienne.

Autre portraitiste du quotidien, Gideon Rubin (1973) jeune artiste israélien croque sur des morceaux de carton d’emballage de petites silhouettes. En quelques traits et coups de pinceau il dessine des figures représentant tantôt ses proches, tantôt des célébrités ou des figures inspirées de tableaux de maîtres classiques. Les attitudes et expressions sont saisies sur le vif et les personnages bien que la plupart du temps sans visage ont une grande présence. Rubin joue du contraste entre la représentation et le support brut parfois mal découpé, intégrant à sa composition des motifs ou des lettres déjà imprimés sur le carton. Nous présenterons également un ensemble de gravures rehaussées à la main faisant de chacune d’elle une pièce unique.

Dans ses œuvres tardives, Louise Bourgeois (1911) a développé de manière importante sa pratique du dessin. Le thème de la figure féminine et du corps qu’elle utilise depuis plusieurs décennies à travers divers média a pris ces dernières années un caractère presque obsessionnel. A côté de ces représentations figuratives, Louise Bourgeois continue de développer sa pratique d’un dessin abstrait composé d’ensemble de lignes ou de formes géométriques. Ici dans une oeuvre de grand format les lignes, rehaussées de ce rouge qui lui est cher, évoquent un cœur monumental et le flux sanguin qui l’anime.

D’autres artistes se concentrent sur la ligne et le tracé, tel par exemple l’artiste chinois Ding Yi (1962) qui recouvre la feuille de papier d’une multitude de signes identiques ; + ou x composant ainsi à chaque œuvre une surface nouvelle. La trame très dense composée selon un principe systématique quasi obsessionnel varie à chaque dessin. Dégagée de toute signification symbolique ou narrative, l’œuvre ne recherche pas une quelconque expression émotionnelle mais se réduit à son état minimal.

On retrouve un caractère rigoureux, répétitif et cohérent dans l’œuvre de Pierrette Bloch (1928). Dès ses débuts, elle joue sur des variations presque imperceptibles de tonalité et de rythme. Son travail abstrait fait à partir de matériaux pauvres et de formes simples est essentiellement focalisé sur l’espace, le temps et le mouvement. Ses œuvres sur papier incluent des dessins et des collages constitués de papiers déchirés, superposés et marqués de tâches d’encre de Chine, qu’elle dépose par petites touches, en points répétitifs et aléatoires.

Le caractère très graphique du travail de Paco Knöller (1950) évoque des notes tracées avec une grande liberté et retranscrivant une perception de la réalité qui, tout en étant de forme abstraite dans son ensemble, conserve des allusions à des éléments figuratifs ou botaniques. La couleur lorsqu’elle est présente est utilisée comme un espace d’action, Knöller crée un dialogue fort entre les lignes et l’espace dans lequel elles se déploient.

Nous présenterons une oeuvre de grand format de Raul Illarramendi (1982), jeune artiste vénézuélien. Celle-ci extraite d’une nouvelle série intitulée « Shape » se constitue de milliers de traits fluides et mouvants, minutieusement juxtaposés pour former une surface riche et vivante qui envahit toute la surface du papier jusqu’aux extrémités de la feuille et laisse apparaître une silhouette vierge. Illarramendi propose une nouvelle approche d’une forme connue, ici le profil d’une sculpture de Tony Cragg, se détachant en négatif sur le dessin et s’opposant à la zone dessinée qui la jouxte. Un dialogue se crée entre ces deux zones et interroge notre manière d’appréhender l’œuvre et le dessin.

Plusieurs ensembles montreront également des dessins de sculpteurs qui bien souvent s’attachent à réaliser une œuvre graphique qui constitue un corpus indépendant et autonome par rapport à leur œuvre sculpté.

Pour Tony Cragg (1949) il importe davantage d'explorer le champ dynamique de ce qui gravite autour des objets que de réaliser une oeuvre préparatoire, pourtant on retrouve dans ses travaux sur papier les formes qu’il exploitent également dans son travail de sculpture, démultipliant des formes dans l’espace de la feuille il cherche ce qui se cache derrière le tracé.

Un ensemble de dessins de Fausto Melotti (1901-1986), souligne que le dessin est également un support à part entière pour son art. L’artiste dessine tout aussi légèrement qu’il sculpte. Le trait est fin et gracieux. L’élégance des silhouettes rappelle la fragilité de certaines de ces sculptures. On est amené à ressentir au travers de ses œuvres la passion de Fausto Melotti pour la musique, mais aussi pour les mathématiques et la physique. Il élabore ses œuvres comme le compositeur écrit sa partition.

Issues de la peinture, les oeuvres de Catherine Lee (1950), avant tout connue pour sa sculpture, se sont par la suite déployées en trois dimensions tout d’abord à la surface du mur puis également dans l’espace. Les qualités de coloriste de Catherine Lee, qui s’affirment dans sa sculpture par son travail sur les patines et dans le raku, se retrouvent dans cet ensemble de petites aquarelles. La couleur délimite des formes géométriques assemblées et imbriquées les unes les autres pour aboutir à des compositions abstraites.

Les sensations et les perceptions ressenties face à la nature sont la source d’inspiration majeure de l’œuvre de Norbert Prangenberg (1949). Une certaine « idée de la nature », intuitive et organique s’y manifeste. L’ensemble de l’œuvre de Prangenberg est concerné par les relations réciproques de la couleur et de la forme.

Gotthard Graubner (1930) a trouvé sa voie très tôt et l’a poursuivie avec beaucoup de cohérence développant comme thème principal la vie autonome de la couleur. Ses œuvres ont un caractère méditatif d’une grande sensibilité, les inégalités chromatiques évoquent une sensation de l’espace qui donne à la surface de l’œuvre des dimensions nouvelles. Les œuvres sur papier ont toujours eu leur statut indépendant dans l’œuvre de Graubner et se caractérisent par une plus grande place donnée à l’expérimentation et à la spontanéité.

Offrant une nouvelle vie aux objets qu’elle sélectionne, le plus souvent des livres, mais aussi des photographies ou des cartes de géographie par exemple, Georgia Russell (1974) les choisit pour le pouvoir évocateur qu’ils recèlent et les dissèque et transforme en lacérant au scalpel. A la fois objets et images, ils deviennent ainsi un lien entre le passé et le présent, conservant parfois certains des éléments d’origine tels que par exemple le titre du livre, ils sont reconstruits pour former d’extravagantes sculptures de papier aux qualités ornementales.

L’œuvre de l’artiste californien Jeff Colson (1957) a ses racines dans le minimalisme, le post-minimalisme et le « process art » de la fin des années 60. Elle révèle une profonde fascination pour la matière et la surface vivante. Des applications brutes de divers matières comme l’huile, le fusain ou l’émail réagissent avec des volumes géométriques pour individualiser les formes plastiques récurrents. Les ellipses de Jeff Colson font penser à des sphères planétale, des échantillons scientifiques ou plus simplement des hautes energies abstraites.
 

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