Elisa Pône
02 - 26 Feb 2008
ELISA PÔNE
Fermer les yeux. Sauver sa peau.
Les installations et les vidéos d’Elisa Pône sentent la poudre. D’abord simplement parce que l’artiste a l’habitude de travailler le feu d’artifice comme un matériau très consistant où se mêlent le bruit, l’odeur, les belles bleues et le bouquet final, le spectacle et ses relents guerriers, le divertissement pascalien et les explosions. Un cocktail merveilleusement incendiaire que l’artiste dose d’une manière inédite, en déplaçant l’angle de tir, autrement dit le format et le lieu, puis aussi en infléchissant le point de vue du spectateur. Par exemple, quand elle déclenche un feu d’artifice intra-muros, Elisa Pône réduit l’échelle des modules pyrotechniques. Plus aucun recul donc, plus d’envergure ni de hauteur, tout se déroule dans un espace confiné où la petite foule des spectateurs a le champ de tir sous le nez sans avoir besoin de le lever pour voir le lieu s’enflammer.
La vidéo intitulée I’m Looking for something to believe in confine le feu d’artifice dans un endroit encore plus étroit, celui de l’habitacle d’une voiture abandonnée dans une verdoyante clairière. Inévitablement, l’explosion fait déborder le feu hors de ce cadre doublement trop serré. Les vitres se brisent et la fumée couleur suie vient faire tache au milieu de ce décor champêtre. Puis les lourdes bouffées se dissipent et le chant des oiseaux résonne à nouveau. La nature a remis le couvercle sur les pétarades. Retour à l’ordre naturel. Le plan fixe de la vidéo se charge d’ailleurs d’accentuer cette tension entre l’autorité du cadre et ce qui tente d’y pénétrer ou de s’en échapper violemment. De même, dans une série de photos, Elisa Pône tente d’échapper aux bornes temporelles d’un événement pyrotechnique. Autrement dit, elle met en scène ce qui vient avant ou après, les prémices et les restes, le détonateur et la fumée. Les images montrent ainsi une foule de jeunes gens mains dans les poches. Désoeuvrés, ils font face à une colline exhalant les dernières bouffées d’un feu d’artifice. A cette ambiance crépusculaire de fin de partie, répondent les 4x4 noirs téléguidés qui arpentent la galerie en faisant hurler des bruits de détonations. Messagers tonitruants laissant présager le pire ou retransmission d’explosions qui ont lieu ailleurs, en périphérie, les caisses sont d’ailleurs titrées Boom Biddy Bye Bye , d’après un rap de Cypress Hill.
Reste que le feu n’est pas tout dans le travail d’Elisa Pône. C’est la nuit, ses tréfonds, ses jeux obscurs et interlopes qu’elle habite dans La Passion des Fils . Cette courte vidéo focalise petit à petit sur deux jeunes gens. Assis sur un banc, ils se livrent à un jeu de doigts sanglant. Clin d’œil à Pasolini, la vidéo bat et tremblote au rythme des gestes nerveux et crispés d’une jeunesse désoeuvrée, qui, littéralement ici, ne sait plus quoi faire de ses dix doigts. Voilà pourquoi, dans cette expo, ça sent la poudre, cette odeur âcre qui présage le pétage de plomb.
Fermer les yeux. Sauver sa peau.
Les installations et les vidéos d’Elisa Pône sentent la poudre. D’abord simplement parce que l’artiste a l’habitude de travailler le feu d’artifice comme un matériau très consistant où se mêlent le bruit, l’odeur, les belles bleues et le bouquet final, le spectacle et ses relents guerriers, le divertissement pascalien et les explosions. Un cocktail merveilleusement incendiaire que l’artiste dose d’une manière inédite, en déplaçant l’angle de tir, autrement dit le format et le lieu, puis aussi en infléchissant le point de vue du spectateur. Par exemple, quand elle déclenche un feu d’artifice intra-muros, Elisa Pône réduit l’échelle des modules pyrotechniques. Plus aucun recul donc, plus d’envergure ni de hauteur, tout se déroule dans un espace confiné où la petite foule des spectateurs a le champ de tir sous le nez sans avoir besoin de le lever pour voir le lieu s’enflammer.
La vidéo intitulée I’m Looking for something to believe in confine le feu d’artifice dans un endroit encore plus étroit, celui de l’habitacle d’une voiture abandonnée dans une verdoyante clairière. Inévitablement, l’explosion fait déborder le feu hors de ce cadre doublement trop serré. Les vitres se brisent et la fumée couleur suie vient faire tache au milieu de ce décor champêtre. Puis les lourdes bouffées se dissipent et le chant des oiseaux résonne à nouveau. La nature a remis le couvercle sur les pétarades. Retour à l’ordre naturel. Le plan fixe de la vidéo se charge d’ailleurs d’accentuer cette tension entre l’autorité du cadre et ce qui tente d’y pénétrer ou de s’en échapper violemment. De même, dans une série de photos, Elisa Pône tente d’échapper aux bornes temporelles d’un événement pyrotechnique. Autrement dit, elle met en scène ce qui vient avant ou après, les prémices et les restes, le détonateur et la fumée. Les images montrent ainsi une foule de jeunes gens mains dans les poches. Désoeuvrés, ils font face à une colline exhalant les dernières bouffées d’un feu d’artifice. A cette ambiance crépusculaire de fin de partie, répondent les 4x4 noirs téléguidés qui arpentent la galerie en faisant hurler des bruits de détonations. Messagers tonitruants laissant présager le pire ou retransmission d’explosions qui ont lieu ailleurs, en périphérie, les caisses sont d’ailleurs titrées Boom Biddy Bye Bye , d’après un rap de Cypress Hill.
Reste que le feu n’est pas tout dans le travail d’Elisa Pône. C’est la nuit, ses tréfonds, ses jeux obscurs et interlopes qu’elle habite dans La Passion des Fils . Cette courte vidéo focalise petit à petit sur deux jeunes gens. Assis sur un banc, ils se livrent à un jeu de doigts sanglant. Clin d’œil à Pasolini, la vidéo bat et tremblote au rythme des gestes nerveux et crispés d’une jeunesse désoeuvrée, qui, littéralement ici, ne sait plus quoi faire de ses dix doigts. Voilà pourquoi, dans cette expo, ça sent la poudre, cette odeur âcre qui présage le pétage de plomb.