Carlotta Bailly-Borg - Samuel Gelas - Toba Yang
06 - 14 Mar 2015
CARLOTTA BAILLY-BORG - SAMUEL GELAS - TOBA YANG
Et Après?
6 - 14 March 2015
À l’École Nationale Supérieure d’Art de Paris-Cergy, la pratique de la peinture n’est pas nouvelle. La création du studio de peinture, il y a une dizaine d’années, a permis de fédérer des approches individuelles, parfois isolées. C’est une plate-forme ouverte, qui permet d’encourager une pluralité de propositions.
La peinture est un domaine non exclusif, perméable, dont on interroge sans cesse la définition. Toutes les démarches sont possibles entre le savoir faire et son abandon, pour interroger la fabrication des oeuvres: lenteurs, tactilités, ressources informatiques, mise en oeuvre sculpturale, pièces in-situ...
Pour la première fois, dix jeunes artistes ayant fréquenté le studio de peinture de l’ENSAPC entre 2010 et 2014 sont invités à présenter leur travail dans plusieurs galeries parisiennes, à la Galerie Nathalie Obadia, à la galerie Placido et l’ENSAPC Ygrec.
Ces trois premières expositions ouvrent un cycle et font enfin apparaître au grand jour la diversité des recherches picturales qui émergent chaque année, à l’École Nationale Supérieure d’Art de Paris-Cergy.
Carole Benzaken, Carole Boulbès, Christophe Cuzin, Eric Dalbis, enseignants à l’ENSAPC
CARLOTTA BAILLY-BORG
Les peintures de Carlotta Bailly-Borg sont claires, limpides, efficaces.
Chaque tableau est conçu comme un lieu d’expérimentation où des éléments empruntés à la mythologie, à la culture pop, au classicisme, se côtoient, se superposent, se contaminent, comme en suspend sur la toile. Plus récemment, outre l’utilisation de ces sources existantes, Carlotta Bailly-Borg construit des petites maquettes architecturales, point de départ de certains de ses tableaux dont Peace & Love, Flying so High, ou Objection to Form. Ces « modellos » sont intégrés dans ses peintures, comme espaces scéniques et permettent à l’espace réel de son atelier de devenir un dispositif fictionnel au sein du tableau. Ils s’attachent à montrer ce qui se joue derrière le décor.
Si le rendu pictural est précis, léché, scientifique, il est toutefois hétérogène, composé d’aplats mécaniques, de touches impressionnistes, de techniques apparentées au trompe-l’oeil. Par une technique de montage qui procède de la coupe plutôt qu’au fondu , l’architecture unifiée du tableau opère à un glissement au profit d’un espace pictural fragmentaire et fictionnel.
Une polysémie d’images se met en place : incrustation, « copié-collé », tableaux dans le tableau.
Carlotta Bailly-Borg prend littéralement l’image au mot. Dans Peace & Love, Flying so High: un tableau représentant une sorte de ready-made , un pied photographique portant un anneau blanc composant le célèbre signe hippie, cache en partie un autre tableau peint en grisaille dans lequel un illusionniste aux gants blancs tient un cerceau au travers duquel passe flottant à l’horizontale, un corps de petite fille, le tout sur fond dégradé du bleu ciel au rose pâle (est-ce le mur de l’atelier ou un fond de ciel imaginaire ?).
Dans la peinture de Carlotta Bailly-Borg l’association d’idées devient association d’images par un jeu de langage engendrant un espace synoptique qui déconstruit la narration tout en affirmant sa force poétique.
Carole Benzaken
----------------------
Carlotta Bailly-Borg
Née en 1984
Vit et travaille à Bruxelles, Belgique
www.carlottabaillyborg.com
SAMUEL GELAS
Les peintures de Samuel Gelas
« La créolisation est la mise en contact de plusieurs cultures ou au moins de plusieurs éléments de cultures distinctes, dans un endroit du monde » Edouard Glissant, Traité du Tout-monde
Dans les peintures de Samuel Gelas tout un monde est dépeint. Un monde dont les figures s’hybrident, se transforment et se définissent les unes en regard des autres. La peinture s’organise en une méthode associant quatre phases picturales : une esquisse dessinée en est le point de départ: des personnages, viennent ainsi recouvrir la surface ; des êtres hybrides mi humains-mi animaux, des figures connues ou créatures fantastiques du cinéma hollywoodien et de la bande dessinée, des animaux, des « Troll Face » empruntés aux réseaux sociaux, sont savamment associés. Un dripping all-over superpose ses coulures multicolores. Dans un troisième temps, le dessin à la pierre noire vient redéfinir les contours de ces figures, pour en faire ressortir les traits ou bien les obscurcir. En dernier lieu, l’application de la peinture acrylique va finaliser la restructuration de l’oeuvre, par de très vifs aplats colorés à des endroits précis de la composition.
Il y a un mélange des genres dans les peintures de Samuel Gelas qui renvoie directement au concept du «Tout-monde » d’Édouard Glissant : des images de sources variées et codifiées sont peintes sous la forme d’un « Melting-pot» qui les détourne de leur contexte pour les inclure dans une autre réalité.
Les tableaux présentés à la Galerie Nathalie Obadia, s’inscrivent dans un corpus travaillant avec force la question de la violence urbaine, sociale et culturelle. Par leur impact coloré, et les associations poétiques empruntant tant à la diversité des images du monde qu’ à la vie urbaine locale de l’artiste en Guadeloupe, ces peintures rendent cette violence réversible et la transforme en une expression picturale jubilatoire et vivante.
Carole Benzaken
---------------------
Samuel Gelas
Né en 1986
Vit et travaille à Paris, France
Facebook : Samuel GELAS – Artiste Peintre
Avec le soutien de la Ville de Paris dans le cadre de son programme de résidences à la Cité
internationales des Arts.
TOBA YANG
Il y a dans les peintures de Toba Yang une simplicité qui nous touche comme les morceaux choisis d’une lettre qui nous aurait été adressée.
La peinture de Toba Yang s’écrit et se reçoit. Des bribes de récits oubliés, ou perdus. Rien de spectaculaire, ni d’extraverti. La peinture fragmentaire de Toba Yang nous retient: un portrait d’homme, l’apparition délicate d’une jambe sous une robe de taffetas bleue ciel, une lampe allumée, l’expression silencieuse d’un visage aux yeux baissés, un parterre de fleurs... Immergé dans cet univers poétique, il ne faudrait pourtant pas oublier l’humour contenu dans les titres de ses tableaux : « Tea Time Forever », trois agrafes dégrafées sur fond blanc en état de pause ; « Another Map », un homme tenant une carte routière dépliée recouverte de marguerites.
Tout nous est familier et dans le même temps l’histoire se dérobe.
Il faut dire aussi que Toba Yang ne fait pas que de la peinture, elle sculpte, elle installe - même des mots - ou dessine sur le mur le «Dialogue » de deux bulles se faisant face. Elle assemble ses objets et ses peintures dans l’espace, en s’amusant.
Les tableaux de Toba Yang ne sont pas grands, ils laissent pourtant, de la place à ce qui est loin. De même la légèreté de la touche, associée à la fluidité de la matière picturale met en lumière des sentiments paradoxaux faisant osciller joie et tristesse, légèreté et pesanteur, humour et gravité.
A l’occasion de l’exposition Et Après ? à la Galerie Nathalie Obadia, Toba Yang fera tous les deux jours une nouvelle proposition d’accrochage de ses peintures : une manière de « penser le déplacement » afin que rien ne s’arrête...
Carole Benzaken
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Toba Yang
Née en 1984
Vit et travaille à Paris, France
www. tobayang.com
Et Après?
6 - 14 March 2015
À l’École Nationale Supérieure d’Art de Paris-Cergy, la pratique de la peinture n’est pas nouvelle. La création du studio de peinture, il y a une dizaine d’années, a permis de fédérer des approches individuelles, parfois isolées. C’est une plate-forme ouverte, qui permet d’encourager une pluralité de propositions.
La peinture est un domaine non exclusif, perméable, dont on interroge sans cesse la définition. Toutes les démarches sont possibles entre le savoir faire et son abandon, pour interroger la fabrication des oeuvres: lenteurs, tactilités, ressources informatiques, mise en oeuvre sculpturale, pièces in-situ...
Pour la première fois, dix jeunes artistes ayant fréquenté le studio de peinture de l’ENSAPC entre 2010 et 2014 sont invités à présenter leur travail dans plusieurs galeries parisiennes, à la Galerie Nathalie Obadia, à la galerie Placido et l’ENSAPC Ygrec.
Ces trois premières expositions ouvrent un cycle et font enfin apparaître au grand jour la diversité des recherches picturales qui émergent chaque année, à l’École Nationale Supérieure d’Art de Paris-Cergy.
Carole Benzaken, Carole Boulbès, Christophe Cuzin, Eric Dalbis, enseignants à l’ENSAPC
CARLOTTA BAILLY-BORG
Les peintures de Carlotta Bailly-Borg sont claires, limpides, efficaces.
Chaque tableau est conçu comme un lieu d’expérimentation où des éléments empruntés à la mythologie, à la culture pop, au classicisme, se côtoient, se superposent, se contaminent, comme en suspend sur la toile. Plus récemment, outre l’utilisation de ces sources existantes, Carlotta Bailly-Borg construit des petites maquettes architecturales, point de départ de certains de ses tableaux dont Peace & Love, Flying so High, ou Objection to Form. Ces « modellos » sont intégrés dans ses peintures, comme espaces scéniques et permettent à l’espace réel de son atelier de devenir un dispositif fictionnel au sein du tableau. Ils s’attachent à montrer ce qui se joue derrière le décor.
Si le rendu pictural est précis, léché, scientifique, il est toutefois hétérogène, composé d’aplats mécaniques, de touches impressionnistes, de techniques apparentées au trompe-l’oeil. Par une technique de montage qui procède de la coupe plutôt qu’au fondu , l’architecture unifiée du tableau opère à un glissement au profit d’un espace pictural fragmentaire et fictionnel.
Une polysémie d’images se met en place : incrustation, « copié-collé », tableaux dans le tableau.
Carlotta Bailly-Borg prend littéralement l’image au mot. Dans Peace & Love, Flying so High: un tableau représentant une sorte de ready-made , un pied photographique portant un anneau blanc composant le célèbre signe hippie, cache en partie un autre tableau peint en grisaille dans lequel un illusionniste aux gants blancs tient un cerceau au travers duquel passe flottant à l’horizontale, un corps de petite fille, le tout sur fond dégradé du bleu ciel au rose pâle (est-ce le mur de l’atelier ou un fond de ciel imaginaire ?).
Dans la peinture de Carlotta Bailly-Borg l’association d’idées devient association d’images par un jeu de langage engendrant un espace synoptique qui déconstruit la narration tout en affirmant sa force poétique.
Carole Benzaken
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Carlotta Bailly-Borg
Née en 1984
Vit et travaille à Bruxelles, Belgique
www.carlottabaillyborg.com
SAMUEL GELAS
Les peintures de Samuel Gelas
« La créolisation est la mise en contact de plusieurs cultures ou au moins de plusieurs éléments de cultures distinctes, dans un endroit du monde » Edouard Glissant, Traité du Tout-monde
Dans les peintures de Samuel Gelas tout un monde est dépeint. Un monde dont les figures s’hybrident, se transforment et se définissent les unes en regard des autres. La peinture s’organise en une méthode associant quatre phases picturales : une esquisse dessinée en est le point de départ: des personnages, viennent ainsi recouvrir la surface ; des êtres hybrides mi humains-mi animaux, des figures connues ou créatures fantastiques du cinéma hollywoodien et de la bande dessinée, des animaux, des « Troll Face » empruntés aux réseaux sociaux, sont savamment associés. Un dripping all-over superpose ses coulures multicolores. Dans un troisième temps, le dessin à la pierre noire vient redéfinir les contours de ces figures, pour en faire ressortir les traits ou bien les obscurcir. En dernier lieu, l’application de la peinture acrylique va finaliser la restructuration de l’oeuvre, par de très vifs aplats colorés à des endroits précis de la composition.
Il y a un mélange des genres dans les peintures de Samuel Gelas qui renvoie directement au concept du «Tout-monde » d’Édouard Glissant : des images de sources variées et codifiées sont peintes sous la forme d’un « Melting-pot» qui les détourne de leur contexte pour les inclure dans une autre réalité.
Les tableaux présentés à la Galerie Nathalie Obadia, s’inscrivent dans un corpus travaillant avec force la question de la violence urbaine, sociale et culturelle. Par leur impact coloré, et les associations poétiques empruntant tant à la diversité des images du monde qu’ à la vie urbaine locale de l’artiste en Guadeloupe, ces peintures rendent cette violence réversible et la transforme en une expression picturale jubilatoire et vivante.
Carole Benzaken
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Samuel Gelas
Né en 1986
Vit et travaille à Paris, France
Facebook : Samuel GELAS – Artiste Peintre
Avec le soutien de la Ville de Paris dans le cadre de son programme de résidences à la Cité
internationales des Arts.
TOBA YANG
Il y a dans les peintures de Toba Yang une simplicité qui nous touche comme les morceaux choisis d’une lettre qui nous aurait été adressée.
La peinture de Toba Yang s’écrit et se reçoit. Des bribes de récits oubliés, ou perdus. Rien de spectaculaire, ni d’extraverti. La peinture fragmentaire de Toba Yang nous retient: un portrait d’homme, l’apparition délicate d’une jambe sous une robe de taffetas bleue ciel, une lampe allumée, l’expression silencieuse d’un visage aux yeux baissés, un parterre de fleurs... Immergé dans cet univers poétique, il ne faudrait pourtant pas oublier l’humour contenu dans les titres de ses tableaux : « Tea Time Forever », trois agrafes dégrafées sur fond blanc en état de pause ; « Another Map », un homme tenant une carte routière dépliée recouverte de marguerites.
Tout nous est familier et dans le même temps l’histoire se dérobe.
Il faut dire aussi que Toba Yang ne fait pas que de la peinture, elle sculpte, elle installe - même des mots - ou dessine sur le mur le «Dialogue » de deux bulles se faisant face. Elle assemble ses objets et ses peintures dans l’espace, en s’amusant.
Les tableaux de Toba Yang ne sont pas grands, ils laissent pourtant, de la place à ce qui est loin. De même la légèreté de la touche, associée à la fluidité de la matière picturale met en lumière des sentiments paradoxaux faisant osciller joie et tristesse, légèreté et pesanteur, humour et gravité.
A l’occasion de l’exposition Et Après ? à la Galerie Nathalie Obadia, Toba Yang fera tous les deux jours une nouvelle proposition d’accrochage de ses peintures : une manière de « penser le déplacement » afin que rien ne s’arrête...
Carole Benzaken
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Toba Yang
Née en 1984
Vit et travaille à Paris, France
www. tobayang.com