Nathalie Obadia

Shirley Jaffe

19 Jan - 02 Mar 2013

© Shirley Jaffe
The Beginning, 2012
Oil on canvas
73 x 60 cm / 28,7 x 23,6 in
SHIRLEY JAFFE
Seeing
19 January - 2 March 2013

La Galerie Nathalie Obadia est très heureuse de présenter Seeing, la quatrième exposition de Shirley Jaffe dans sa galerie parisienne. Ses trois expositions précédentes ont eu lieu en 1999, 2001 et en 2008.

À travers un ensemble inédit de 6 peintures réalisées en 2012, l’artiste propose l’évolution la plus aboutie d’une recherche plastique cohérente qu’elle mène depuis près de 50 ans. Dès 1963-1964, Shirley Jaffe élabore un langage visuel inspiré de son environnement urbain immédiat, constitué d’un vocabulaire de formes et de couleurs qu’elle n’a eu, dès lors, de cesse d’enrichir et de développer dans son œuvre.

Avec l’idée d’un mouvement comme point de départ à ses peintures, Shirley Jaffe assemble les signes dans le cadrage de la toile, dont elle tempère les impulsions individuelles en ajustant sa palette pour arriver à l’équilibre collectif de sa composition, tant formel que mental et sensible. Sans charge de matériau pour ne pas obscurcir le message adressé au spectateur, les œuvres de Shirley Jaffe sont des états de fait, des arrêts sur images qui immortalisent la fugacité, la course effrénée des formes hétéroclites de la ville, en les isolant pour les ajuster précisément sur la toile.

En contrôlant les rapports de forces agissantes entre les lignes, les aplats et leurs frontières, l’artiste construit avec harmonie une image qui circonscrit une dynamique dans son cadre pour mieux renvoyer le spectateur à son propre mécanisme de possibilités internes.
De fait, sans pour autant se départir de la séduction visuelle de combinaisons de couleurs audacieuses et de la familiarité des signes, la solidité de la composition permet à la peinture de se poser face à lui de manière frontale et autonome. Transgressant les assises de la verticalité et de l’horizontalité, Shirley Jaffe parvient à trouver l’agencement idéal des motifs – dont le jeu n’est jamais décoratif – pour produire une unité intrinsèque.

Le déploiement des formes signale un mouvement, chaque mouvement possède sa « rupture » dont l’artiste définit la position en avance, le mouvement est diffracté par un système d’addition, de soustraction, de dispersion, d’association, de séparation, de contraction ou d’extension – d’échanges, en somme - des masses, le blanc est le liant du seul plan existant et non pas un fond, la palette privilégie une tonalité sourde, l’œil ne doit pas se stabiliser sur une partie mais embrasser l’ensemble – l’artiste opte donc pour une simultanéité des volumes, qui ne doivent pas être figurativement identifiables : autant de choix formels que Shirley Jaffe définit pour mettre de l’ordre dans le désordre apparent – un leurre - de ses montages.
Les interactions qui se développent selon leurs propres lois entre ces structures mesurées et rationnelles sont le produit d’opérations simples qui confère à la peinture toute son intensité dramatique, avec pertinence et vitalité.

Convoquant par son titre un regard attentif, Seeing invite le spectateur à observer qu’une plus grande amplitude sépare désormais les signes à la surface de la toile, en vue d’une clarification du système coloré. L’horlogerie interne s’en trouve complexifiée, la tension entre les formes s’accroît et la perte des repères se confirme sans que les peintures présentées ne cessent de trouver leur équilibre dans ce déséquilibre. Le langage des architectures de Shirley Jaffe se fait véritablement l’expression d’une mémoire visuelle commune.

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Née en 1923 à Elizabeth, dans le New Jersey, aux Etats-Unis, Shirley Jaffe vit et travaille à Paris.
Elle est diplômée de la Cooper Union School à New York (1945) et de la Phillips Art School à Washington (1949).

Contemporaine de Sam Francis, Joan Mitchell, Jean-Paul Riopelle et James Bishop, dont elle se rapproche à son arrivée à Paris en 1949 - et avec qui elle sera représentée par la galerie Jean Fournier pendant plusieurs décennies - Shirley Jaffe ne tarde pas à se faire connaître comme expressionniste abstraite, pratique dont elle se sépare en 1963-1964, après un séjour à Berlin. Cette coupure radicale modifie de manière fondamentale sa peinture, et l’éloigne d’une action « gestuelle » qu’elle remplace par l’inclusion du mouvement dans les formes.
Considérée comme un des peintres les plus influents de l’art contemporain abstrait, elle suscite l’attention de plus en plus vive de la part d’artistes de plus jeunes générations, comme Fiona Rae, Bernard Piffaretti, Peter Soriano ou Carole Benzaken.
Suite à une commande de l’État, elle produit en 1999 une série de 9 vitraux pour la Funéraria, la chapelle latérale de la cathédrale de Perpignan.
L’œuvre de Shirley Jaffe est présente dans de nombreuses collections publiques et privées prestigieuses, notamment au MoMA (Museum of Modern Art, New York), au SFMOMA (San Francisco Museum of Modern Art), au Centre Pompidou (Paris), au MAC/VAL (Vitry), à la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain (Paris), au Museum Berardo (Lisbonne), ou dans les collections du FRAC Auvergne, du FRAC Bretagne et du FRAC Limousin.
 

Tags: Carole Benzaken, James Bishop, Sam Francis, Shirley Jaffe, Joan Mitchell, Bernard Piffaretti, Fiona Rae, Jean-Paul Riopelle