Stefan Sandner
14 Feb - 05 Apr 2008
STEFAN SANDNER
14.02.2008-05.04.2008
Depuis quelques années, il existe en-dehors du monde de l’art une pratique commune, pour le moins bizarre: la recherche de notices, ayant appartenu à d’autres gens. Des collectionneurs rusés, semblables à des chasseurs affûtés, constituent des archives, s’échangent des informations via des forums sur internet et publient leurs découvertes dans des Found-magazines. Parfois aussi ces trouvailles se présentent comme cabinets de curiosités aux lecteurs habituels de Der Spiegel, Die Zeit et Die Süddeutsche Zeitung. Beaucoup de ses notices perdues se trouvent alors dans l’espace public.
Stefan Sandner (né en 1968 à Vienne, Autriche) n’est pas l’un de ces maniaques. Ses peintures ressemblent au premier abord à des agrandissements monumentaux de petites notices griffonnées, mais en fait le travail artistique de Sandner questionne la notion de "ready-made". Il examine l’écriture en tant que moyen artistique, comment elle fut „introduite presque comme arme à l’encontre de l’image abstraite de la modernité“ (Martin Prinzhorn, 2006). Sandner capte avec minutie ces fragments de textes, avant qu’ils ne se perdent. Ces lignes de textes hyper simples sont en fait doublement codées, permettant que l’on s’y attarde longuement.
Ainsi une description banale de paysage comme (...) with the golden light of the sunset on the outside and inside they shone pure silver (...) fait d’une part apparaître visuellement le paysage devant nos yeux (et cela beaucoup plus intensément que si c’était lu dans un livre), d’autre part elle recèle tout un discours dès lors qu’on est doté d’une petite information supplémentaire (p.ex. le nom de l’auteur de la citation). Savoir que cette simple description de nature provient de Bronislaw Malinowski, la met sous un autre jour. Malinowski ne fut pas seulement celui qui, grâce à un best-seller dans les a. 1920, divulgua l’ethnographie à un grand public, mais il compte aussi comme le père de la recherche de terrain, notoriété due à l ́étude des comportements sexuels en Mélanésie. Dans cette perspective, cette douce description de la nature s’en trouve modifiée. L’idée d’intouché, le trouble qu’un chercheur européen peut provoquer auprès d’indigènes et l’irréversibilité de telles intrusions se retrouvent également dans ce fragment de texte. Le texte est présenté par Sandner comme un fragment d’un livre imprimé avec des parties de texte qu’il a blanchies. Ici à nouveau se trouve thématisée la volonté d’un retour à la situation d’avant, l’état de tabula rasa reste inaccessible.
Les autres oeuvres de l’exposition ont aussi de tels sens de lecture cachés et offrent la possibilité de découvrir des univers entiers en elles. Ceci sans pourtant donner au titre le rôle du révélateur de leur double signification. Ecriture et griffonnage acquièrent une valeur intrinsèque et deviennent pour le spectateur un objet de conservation par excellence.
14.02.2008-05.04.2008
Depuis quelques années, il existe en-dehors du monde de l’art une pratique commune, pour le moins bizarre: la recherche de notices, ayant appartenu à d’autres gens. Des collectionneurs rusés, semblables à des chasseurs affûtés, constituent des archives, s’échangent des informations via des forums sur internet et publient leurs découvertes dans des Found-magazines. Parfois aussi ces trouvailles se présentent comme cabinets de curiosités aux lecteurs habituels de Der Spiegel, Die Zeit et Die Süddeutsche Zeitung. Beaucoup de ses notices perdues se trouvent alors dans l’espace public.
Stefan Sandner (né en 1968 à Vienne, Autriche) n’est pas l’un de ces maniaques. Ses peintures ressemblent au premier abord à des agrandissements monumentaux de petites notices griffonnées, mais en fait le travail artistique de Sandner questionne la notion de "ready-made". Il examine l’écriture en tant que moyen artistique, comment elle fut „introduite presque comme arme à l’encontre de l’image abstraite de la modernité“ (Martin Prinzhorn, 2006). Sandner capte avec minutie ces fragments de textes, avant qu’ils ne se perdent. Ces lignes de textes hyper simples sont en fait doublement codées, permettant que l’on s’y attarde longuement.
Ainsi une description banale de paysage comme (...) with the golden light of the sunset on the outside and inside they shone pure silver (...) fait d’une part apparaître visuellement le paysage devant nos yeux (et cela beaucoup plus intensément que si c’était lu dans un livre), d’autre part elle recèle tout un discours dès lors qu’on est doté d’une petite information supplémentaire (p.ex. le nom de l’auteur de la citation). Savoir que cette simple description de nature provient de Bronislaw Malinowski, la met sous un autre jour. Malinowski ne fut pas seulement celui qui, grâce à un best-seller dans les a. 1920, divulgua l’ethnographie à un grand public, mais il compte aussi comme le père de la recherche de terrain, notoriété due à l ́étude des comportements sexuels en Mélanésie. Dans cette perspective, cette douce description de la nature s’en trouve modifiée. L’idée d’intouché, le trouble qu’un chercheur européen peut provoquer auprès d’indigènes et l’irréversibilité de telles intrusions se retrouvent également dans ce fragment de texte. Le texte est présenté par Sandner comme un fragment d’un livre imprimé avec des parties de texte qu’il a blanchies. Ici à nouveau se trouve thématisée la volonté d’un retour à la situation d’avant, l’état de tabula rasa reste inaccessible.
Les autres oeuvres de l’exposition ont aussi de tels sens de lecture cachés et offrent la possibilité de découvrir des univers entiers en elles. Ceci sans pourtant donner au titre le rôle du révélateur de leur double signification. Ecriture et griffonnage acquièrent une valeur intrinsèque et deviennent pour le spectateur un objet de conservation par excellence.