Palais de Tokyo

Dineo Seshee Bopape

23 Jun - 11 Sep 2016

Dineo Seshee Bopape
vue de l’exposition UNTITLED (OF OCCULT INSTABILITY) [FEELINGS], Palais de Tokyo (23.06 – 11.09.2016). SAM Art Projects. Courtesy de l’artiste. Photo: Aurélien Mole
DINEO SESHEE BOPAPE
UNTITLED (OF OCCULT INSTABILITY) [FEELINGS]
23 June - 11 September 2016

Invitée à exposer au Palais de Tokyo, Dineo Seshee Bopape (née en 1981 en Afrique du Sud, vit à Johannesburg) conçoit une installation immersive à partir de l’interprétation de « Feelings » par Nina Simone au Montreux Jazz Festival (1976). Dineo Seshee Bopape interroge à travers des formes de ruines architecturales la saturation des émotions, la dissolution psychique et les contextes socio-politiques desquels elles émergent. Première exposition personnelle de l’artiste en France, « UNTITLED (OF OCCULT INSTABILITY) [FEELINGS] » réunit un ensemble d’œuvres spécifiquement réalisées pour l’occasion, ainsi que des œuvres de Lachell Workman et de Jabu Arnell.

Dans son travail, Dineo Seshee Bopape traite de la mémoire et de l’identité à travers une perspective socio-politique. Ses installations composées de vidéos, de sculptures et d’objets de récupération se déploient dans l’espace, l’envahissent et traduisent la démarche empirique et sensible de l’artiste. Ses combinaisons d’images et d’objets multiplient les récits et les points de vue qu’elle porte sur la société, le genre, la sexualité et l’histoire coloniale.

Le titre de l’exposition de Dineo Seshee Bopape au Palais de Tokyo fait référence à la notion de « déséquilibre occulte » théorisée par Frantz Fanon (1925 – 1961). Par ce terme, le psychiatre et essayiste français désigne une zone de trauma et de fragilité des peuples ayant connu le colonialisme et l’esclavage. C’est cet équilibre instable, ce trouble émotionnel surgissant d’un contexte de domination que Dineo Seshee Bopape entend explorer dans son installation.

En 1976, au Festival Jazz de Montreux, Nina Simone interrompt son interprétation de « Feelings » et s’adresse au public, submergée par les émotions et la colère. Le live diffusé en boucle dans l’exposition propage les paroles de Nina Simone : « Je ne peux pas croire aux conditions qui ont créé une situation qui exigeait une chanson comme celle-là. »

Trois installations vidéo conçues pour l’exposition présentent respectivement le jardin qui accueillait les « zoo humains » pendant l’exposition coloniale de 1907, des œuvres traitant du corps meurtri et une interview de Winnie Mandela (née en 1937) rejouée par l’artiste. Des fuites d’eau, au goutte-à-goutte entêtant, laissent présager une inondation imminente, tandis que les formes de ruines et d’éboulements traduisent l’effondrement psychique et la chute des structures de domination.

« Si [Dineo Seshee Bopape] avait été ghanéenne, son nom aurait été akosua ou akos pour faire court. L’année de sa naissance les émeutes de Brixton à Londres ont lieu ; deux personnes sont blessées quand une bombe explose dans un centre commercial de Durban en Afrique du Sud ; Bobby Sands meurt; MTV est lancé ; le boeing 767 effectue son premier vol ; Umkhonto we Sizwe procède à de nombreux assauts souterrains contre le régime d’apartheid. Il y a un tremblement de terre en Chine qui tue environ 50 personnes. Hosni Mubarack est élu président d’Egypte ; il y a un coup d’état au Ghana ; la princesse Diana épouse Charles ; Bob Marley meurt ; le régime d’apartheid envahit l’Angola ; le Sida est identifié/créé/nommé ; Salman Rushdie sort son livre « Les Enfants de minuit » ; dans la région de sa naissance, la grand-mère paternelle de Bopape meurt ; Julius Malema est né ; des millions de personnes pleurent, des milliards de personnes rient ! La population mondiale est alors d’environ 4 milliards... Bopape passe son enfance à Limpopo, dans des situations sociales diverses. À 12 ans, elle commence à écouter son envie d’ailleurs et s’installe à Durban. Elle y vit plusieurs années et étudie la peinture et la sculpture. (...) »
 

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