Centre Pompidou

Adel Abdessemed

03 Oct 2012 - 07 Jan 2013

ADEL ABDESSEMED
Je suis innocent
Commissaire : Mnam/Cci
du 3 octobre 2012 au 7 janvier 2013

Du 3 octobre au 7 janvier 2012, le Centre Pompidou présente la première grande exposition de l’artiste plasticien Adel Abdessemed. Dès son apparition sur la scène artistique autour de 2000, l’oeuvre d’Adel Abdessemed a été perçu comme une réponse à la situation du monde contemporain avec tous les mouvements convulsifs qui le traversent, utilisant le langage de l’art pour exprimer toute l’énergie et la violence qui les marquent de leur empreinte. Avec les avions tressés de Telle mère tel fils (2008), les carcasses de voitures moulées et cuites au four de Practice ZERO TOLERANCE (2006), les rangs de fil de fer barbelé, ponctués de doubles lames tranchantes et de pointes aiguisées de Wall drawing (2006), l’artiste utilise différents médiums pour capter la rumeur des aléas de l’histoire et les contradictions du monde, et les changer en images puissantes. Cependant l’oeuvre d’Adel Abdessemed est traversé de références à l’art du passé, de Masaccio à Grünewald, des fantasmagories de Goya à l’oeuvre de Géricault. L’artiste établit un rapport de continuité avec l’histoire de l’art occidental qui fait partie intégrante du contexte culturel dans lequel son art s’inscrit. Dans l’exposition, cette relation est illustrée par la présence d’un tableau de Monsu Desiderio, Les Enfers, 1622, prêté par le musée des Beaux-arts de Besançon, qui entre de manière troublante en relation avec l’univers iconographique d’Adel Abdessemed. Cette exposition est l’occasion de parcourir la carrière de l’artiste et de présenter des pièces anciennes qui occupent l’espace, mais au sein d’un ensemble total dans lequel les productions nouvelles, souvent monumentales, ont une importance fondamentale. Elle offre une relecture mettant en valeur les multiples dimensions du travail de l’artiste : du pan ornemental et de la stylisation des matériaux, à l’onirisme de son oeuvre et son rapport à l’histoire du passé et du présent en tant que témoin actif, plus que réactif, et vivant, plus qu’enfermé dans le privilège de l’art. Après des études à l’École des beaux-arts d’Alger et à l’École des Beaux-Arts de Lyon dont il sort diplômé en 1998, Adel Abdessemed émerge rapidement sur la scène internationale. Depuis sa première exposition personnelle à la galerie Pecci à Milan en 2001, il a été montré notamment au musée d’art moderne et contemporain de Genève (Le citron et le lait, 2004), à PS1 / Contemporary Art Center, New York (Dead or Alive, 2007), au San Francisco Art Institute (Don’t trust me, 2008), au Magasin – Centre national d’art contemporain de Grenoble (Drawing for Human Park, 2009), à la Galerie David Zwirner à New York (RIO, 2009; Who’s afraid of the big bad wolf, 2012), à Parasol Unit Foundation for Contemporary Art à Londres (Silent Warriors, 2010), à la Dvir Gallery à Tel Aviv (Adel Abdessemed : NU, 2011). L’oeuvre d’Adel Abdessemed figure dans d’importantes collections internationales, parmi lesquelles celle du Centre Pompidou à Paris, du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, du Musée d’Israël à Jérusalem, du Musée d’art moderne et contemporain de Genève et de la Fondation François Pinault à Venise. L’artiste est représenté par la galerie David Zwirner (New York) ainsi que par la galerie Dvir (Tel Aviv). PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE-ALAIN MICHAUD, CONSERVATEUR, MUSÉE NATIONAL D’ART MODERNE, COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION
Pourquoi l’exposition s’appelle-t-elle « Adel Abdessemed Je suis innocent » ? Adel Abdessemed – Parce que je ne me sens pas coupable. Et j’en suis sûr. Par ailleurs, le Centre Pompidou a été construit sur le cimetière des Innocents... Tu conçois l’exposition comme un prolongement de l’œuvre ? Elle constitue elle-même une proposition artistique ? AA – Ce n’est pas le prolongement de mes œuvres, mais plutôt une proposition artistique nouvelle, autonome et multiple. Je suis un artiste du corps, au sens que Deleuze donne au mot corps : non pas un corps inerte, mais un corps plein, ouvert, libéré de la paralysie, sans lien de subordination ou de hiérarchisation entre les organes. Le corps n’est pas fait d’une seule pièce, c’est un agencement rhizomique qui change de nature en fonction des nouvelles connexions. L’exposition est un geste, un acte, avec une articulation qui ne détruit pas l’autonomie des œuvres. Elle construit des relations polysémiques entre celles-ci, même quand elle les affirme de manière plutôt discrète... L’exposition cherche à montrer la complexité du monde, sa multilinéarité, à révéler ses zones d’ombre et de lumière. Avec des coins secrets et des coins perdus. Avec des présences et des espaces vides qui sont en même temps des espaces de liberté. Même si j’ai créé un environnement avec des objets qui peuvent être mes œuvres, je ne serai jamais le démiurge de ce monde, je serai seulement son premier habitant, ou le dernier si tu veux... Pour toi, l’exposition ne doit pas raconter d’histoire, elle ne doit pas se transformer en récit... AA – Je me vois comme un constructeur, un maçon, plutôt qu’un narrateur. Un maçon innocent... Comme le disait Khalil Gibran, dans Le prophète : « La pierre angulaire du temple n’est pas supérieure à la pierre la plus basse de ses fondations ». Est-ce qu’il s’agit d’une rétrospective ou d’une proposition inédite ? Quelle est la part des pièces anciennes et des œuvres nouvelles dans l’exposition ? AA – D’une façon cynique, je dirai que je suis trop jeune pour une rétrospective. Mon temps c’est le présent et le futur ; pas le passé. Je te donne l’exemple d’une histoire qui m’a toujours fasciné : celle de l’arche de Noé. J’avais du mal à croire que Noé ait vraiment fait monter tous les animaux dans un seul bateau... Tu vois, on ne peut pas mettre toutes les œuvres dans le même espace ! Et la bonne nouvelle est que je n’ai pas de pièces anciennes. L’inédit, on ne le voit pas encore... L’inédit reste à faire... Je crois...
 

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