Centre Pompidou

Daniel Dewar et Grégory Gicquel, Le Hall

25 Sep 2013 - 06 Jan 2014

Dewar & Gicquel, Courtesy Galerie Loevenbruck Paris. Photo : Jennifer Westjohn
DANIEL DEWAR ET GRÉGORY GICQUEL, LE HALL
Prix Marcel Duchamp 2012
25 September 2013 - 6 January 2014

Curator : Mnam/Cci, Jean-Pierre Bordaz

Daniel Dewar et Grégory Gicquel, lauréats du Prix Marcel Duchamp 2012, investissent l’Espace 315 du Centre Pompidou. Puisant leur inspiration dans la matière même de leurs œuvres, dans l’espace temps du procédé et de la méthode, Daniel Dewar et Grégory Gicquel forcent les rencontres inédites de sujets et de matériaux. Ici une tapisserie monumentale, nouée à la main, là plusieurs assemblages de pièces de pouzzolane, pierre volcanique que les deux artistes soumettent à la chaleur pour en recueillir les modifications d’état, de forme et de texture. Une fois de plus, le processus de création de l’oeuvre prend dans leur travail une place aussi importante que l’oeuvre elle-même. Entretien.

Comment et pourquoi invitez-vous le temps de la réalisation, de la fabrication, à prendre part à votre oeuvre ?
Dewar et Gicquel - Lorsque nous avons commencé la sculpture, c’était simplement la manière la plus évidente de travailler car nous ne pouvions pas payer des gens pour faire les choses à notre place. Avec le temps nous avons compris que cette méthode nous donnait une forme d’autonomie et nous permettait d’improviser assez largement. Le temps de la réalisation ouvre le champ des possibilités et nous pouvons changer d’avis à mesure que l’oeuvre apparaît, dans une idée contreproductive. Mais le temps de réalisation est aussi celui de la performance et d’un rapport physique à un matériau. Ces choses sont souvent visibles au sein de l’oeuvre, sa construction retrace les nombreuses décisions et contradictions, et sa facture témoigne par empreinte de nos gestes.

Vous mettez des paradoxes en oeuvre : la répétition des gestes et de la méthode croise l’expérimentation, des images web banales sont le motif d’une tapisserie à la fabrication « épique ».
D ET G - Nous sommes intéressés par la beauté que peuvent produire ces rencontres. Les images que nous tissons proviennent de la culture. Elles paraissent peut être ordinaires, mais en elles sommeillent un potentiel de puissance. Le tissage, la laine et ses couleurs incarnent les images qui deviennent des objets matériels, des sculptures qui révèlent la beauté cachée d’une chose aussi banale qu’une robe de chambre.

On parle de présence de la matière, de son importance dans votre oeuvre. Que dire aussi de votre présence « à » la matière, à la façon de deux artisans ?
D ET G - Nous ne pratiquons pas l’artisanat mais bien la sculpture. Et la matière y est en effet très présente. Au travers de nos expériences nous recherchons les endroits où les qualités plastiques d’une forme deviennent originales grâce à la manière dont elles sont produites. Je crois que nous accordons de l’importance à la matière tout simplement parce que nous sommes entourés quotidiennement d’objets et de choses que nous devrons encore supporter pour le reste de notre temps.
 

Tags: Marcel Duchamp, Daniel Dewar & Grégory Gicquel