Centre Pompidou

TA-DA !

27 Apr - 23 Sep 2013

© Navid Nuur
Cover Book, 2013
TA-DA !
Une proposition interactive de Navid Nuur pour les 6 - 12 ans
27 April 2013 - 23 September 2013

Propos recueillis par Mauricio Estrada-Munoz, chef de projets, service action éducative et programmation publics jeunes

À l’invitation du Centre Pompidou, Navid Nuur prend possession de la Galerie des enfants pour en faire son nouveau terrain d’expérimentation et de jeux. Avec l’exposition-atelier intitulée « TA-DA ! », l’artiste dévoile aux enfants les astuces pour transformer un objet ou une idée en oeuvre d’art. Pour cela, il conçoit une série d’« interimodules », des oeuvres modulables, souvent éphémères, qui se nourrissent les unes des autres – où l’enfant, par son geste, participe au processus de création. L’exclamation TA-DA ! exprime alors l’émerveillement, celui d’un magicien qui réussit son tour. Comme à son habitude, Navid Nuur questionne, transforme, combine et détourne les objets du quotidien. Il ausculte le monde et ses expressions pour mieux les comprendre et en proposer une version poétisée.

MAURICIO ESTRADA-MUÑOZ - Comment avez-vous conçu cette exposition-atelier pour les enfants ? Quelle est l’invitation que vous leur lancez ?
NAVID NUUR - On a souvent observé que les enfants réagissent tout particulièrement et assez spontanément à mes oeuvres à l’occasion des foires et des expositions. Pourquoi ? Je l’ignore mais cela m’a séduit et a attisé ma curiosité. J’ai aussi fait un tour dans les musées pour mieux connaître ce qu’on leur propose et j’ai constaté qu’il s’agissait un peu toujours des mêmes programmes, des mêmes objets, un peu formatés, sans doute un peu caricaturaux... Avec 'TA-DA !', je voudrais plutôt qu’ils puissent faire, sentir les matériaux, le moment où l’oeuvre devient oeuvre, le moment où l’on ressent que c’est là et qu’on lui donne un nom. Le titre de l’exposition-atelier le traduit bien : c’est le sentiment d’un enfant devant une oeuvre ou devant l’expérience de création. Une surprise, une découverte.

MEM – Enfant, quelle était votre relation à l’art, aux musées en général ?
NN – Je n’ai visité aucun musée jusqu’à l’âge de 25 ans je crois et j’ai dû le faire uniquement à travers l’école. Pendant toute mon adolescence, je faisais du skate et des graffitis ; la ville et la nuit étaient mes terrains de jeux et je créais dans cet environnement. C’était une culture à nous. Pour nous, pour moi, les musées étaient des endroits où les personnes âgées vont avec leurs petits-enfants parce qu’ils sont trop vieux pour jouer avec au parc. Je sais que cela peut paraître sévère, mais c’était vraiment ce que je pensais à l’époque. C’est ennuyeux lorsque quelqu’un vous dit – sans vous expliquer pourquoi et ce que c’est vraiment – qu’il faut marcher lentement, ne pas lever la voix et qu’il ne faut surtout rien toucher ! Voudriez-vous aller dans un endroit pareil ? Bien sûr que non !

MEM - Vous rappelez-vous votre première rencontre avec l’art ?
NN - Je pense que j’avais trois ou quatre ans et que je jouais avec d’autres enfants et de la pâte à modeler synthétique. Le matériau est assez dur ; il doit être malaxé sans arrêt pour rester chaud et donc souple. J’avais pris l’habitude de placer la pâte sur un radiateur jusqu’à ce qu’elle soit bien malléable. Un jour, j’ai oublié de la retirer à temps : tout avait dégouliné jusqu’au sol. Cette vision m’a vraiment marqué. À partir de ce jour-là, j’ai voulu refaire et refaire encore ce « radiateur-pâte à modeler » [...] Et ma mère n’était pas très contente. Je n’en ai réalisé que trois, mais je me souviens de chacun parfaitement. Il m’a fallu vingt ans de plus avant de pouvoir faire le lien entre cette expérience et quelque chose que l’on peut appeler « Art ».

Organiser : Direction des publics / Service programation jeune public, M. Estrada-Munoz
 

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