Philippe Decrauzat
07 Jan - 18 Feb 2006
PHILIPPE DECRAUZAT
L’oeuvre de Philippe Decrauzat met en jeu le regard par sa forte présence physique qui au-delà du jeu rétinien, perceptif, refaçonne l’environnement dans un rapport renouvelé avec la culture et l’histoire.
En dépit de son appartenance formelle à l’abstraction et à l’art optique, l’œuvre de Philippe Decrauzat est plutôt issue du produit d’influences diverses. Les liens qu’elle tisse avec l’histoire des formes mais aussi avec la « low » culture opèrent un glissement du regard entre ces deux mondes respectivement considérés comme élitiste et populaire.
Il ne procède pas par simple appropriation, mais préfère les références discrètes, entremêlées et indicielles ; il choisit ses motifs et ses formes pour leurs qualités visuelles et spatiales. Dans un entretien, l’artiste précise ses liens avec ce type de vocabulaire : « Je suis intéressé par cette relation directe que l’art optique instaure avec le spectateur, par la façon dont il conditionne le regard. Cependant, contrairement aux artistes des années 80, je ne cherche pas à développer un discours sur les enjeux idéologiques qui ont accompagné le développement historique de l’abstraction. Bien plus que tributaire de l’art optique, je suis avant tout redevable de pratiques qui interrogent le statut de l’image, c’est-à-dire des outils mis en place par l’art conceptuel et le pop art ».
La distorsion qui s’opère dans ces formes est engendrée par cette compression d’influences, cette variation sur des motifs plus ou moins dominants. Mais en même temps ses références à une culture plus « populaire » opèrent une mise à distance de l’expérience optique.
Ce tissu de signification et de motifs entremêlés peut s’envisager comme une errance : une utilisation un peu nonchalante, décomplexée, d’un vocabulaire rigoureux que l’artiste aborde de biais, par jeu ou bien en déclinaison comme un compositeur qui répète un motif sonore auquel il imprime ses propres modulations afin de créer une dynamique.
Pour sa première exposition personnelle en France à la Galerie Praz-Delavallade, Philippe Decrauzat investit l’espace de la galerie avec un large wall drawing ainsi qu’une présentation de différentes toiles et sculptures récentes où l’idée du mouvement est omniprésente mais où tout en même temps semble comme suspendu.
KOMAKINO
(Danse japonaise qui procure un effet d’hypnose sur le spectateur. Titre d’un morceau de Joy Division.
KOMA-KINO / coma-cinéma)
Komakino est une articulation entre peinture murale et dessins.
La peinture murale constitue une grille remplie par des dessins ronds encadrés. Philippe Decrauzat utilise comme base de sa composition, la forme géométrique d’une perforation de la « dreamachine » de Brion Gysin. La découpe particulière retrouve, dans cette structure, sa fonction d’origine provoquant par sa récurrence une déstabilisation de la perception spatiale. En même temps cette large bande déroulante évoque une pellicule où les dessins déploient les éléments graphiques d’une bande amorce de cinéma tout en rappelant par leur format les images issues de Anemic-cinema, premier film experimental de Marcel Duchamp.
Dans une autre salle, Philippe Decrauzat présente de larges toiles aux ondes diffuses, sorte de déclinaison des shaped canvas de Franck Stella où le tableau s’inscrit concrètement dans l’espace. A ces toiles il confronte une très importante sculpture “PROCESS” inspirée d’un banc réalisé par Moholy-Nagy pour une salle du Landesmuseum à Hanovre en 1920. Après transformation, le volume semble s’aplatir progressivement dans un plan à deux dimensions, rendant l’assise impossible.
© Philippe Decrauzat
Don’t stop till you get enough, 2004
Impression sur moquette
400 cm x 300 cm
Le Rectangle, Lyon
L’oeuvre de Philippe Decrauzat met en jeu le regard par sa forte présence physique qui au-delà du jeu rétinien, perceptif, refaçonne l’environnement dans un rapport renouvelé avec la culture et l’histoire.
En dépit de son appartenance formelle à l’abstraction et à l’art optique, l’œuvre de Philippe Decrauzat est plutôt issue du produit d’influences diverses. Les liens qu’elle tisse avec l’histoire des formes mais aussi avec la « low » culture opèrent un glissement du regard entre ces deux mondes respectivement considérés comme élitiste et populaire.
Il ne procède pas par simple appropriation, mais préfère les références discrètes, entremêlées et indicielles ; il choisit ses motifs et ses formes pour leurs qualités visuelles et spatiales. Dans un entretien, l’artiste précise ses liens avec ce type de vocabulaire : « Je suis intéressé par cette relation directe que l’art optique instaure avec le spectateur, par la façon dont il conditionne le regard. Cependant, contrairement aux artistes des années 80, je ne cherche pas à développer un discours sur les enjeux idéologiques qui ont accompagné le développement historique de l’abstraction. Bien plus que tributaire de l’art optique, je suis avant tout redevable de pratiques qui interrogent le statut de l’image, c’est-à-dire des outils mis en place par l’art conceptuel et le pop art ».
La distorsion qui s’opère dans ces formes est engendrée par cette compression d’influences, cette variation sur des motifs plus ou moins dominants. Mais en même temps ses références à une culture plus « populaire » opèrent une mise à distance de l’expérience optique.
Ce tissu de signification et de motifs entremêlés peut s’envisager comme une errance : une utilisation un peu nonchalante, décomplexée, d’un vocabulaire rigoureux que l’artiste aborde de biais, par jeu ou bien en déclinaison comme un compositeur qui répète un motif sonore auquel il imprime ses propres modulations afin de créer une dynamique.
Pour sa première exposition personnelle en France à la Galerie Praz-Delavallade, Philippe Decrauzat investit l’espace de la galerie avec un large wall drawing ainsi qu’une présentation de différentes toiles et sculptures récentes où l’idée du mouvement est omniprésente mais où tout en même temps semble comme suspendu.
KOMAKINO
(Danse japonaise qui procure un effet d’hypnose sur le spectateur. Titre d’un morceau de Joy Division.
KOMA-KINO / coma-cinéma)
Komakino est une articulation entre peinture murale et dessins.
La peinture murale constitue une grille remplie par des dessins ronds encadrés. Philippe Decrauzat utilise comme base de sa composition, la forme géométrique d’une perforation de la « dreamachine » de Brion Gysin. La découpe particulière retrouve, dans cette structure, sa fonction d’origine provoquant par sa récurrence une déstabilisation de la perception spatiale. En même temps cette large bande déroulante évoque une pellicule où les dessins déploient les éléments graphiques d’une bande amorce de cinéma tout en rappelant par leur format les images issues de Anemic-cinema, premier film experimental de Marcel Duchamp.
Dans une autre salle, Philippe Decrauzat présente de larges toiles aux ondes diffuses, sorte de déclinaison des shaped canvas de Franck Stella où le tableau s’inscrit concrètement dans l’espace. A ces toiles il confronte une très importante sculpture “PROCESS” inspirée d’un banc réalisé par Moholy-Nagy pour une salle du Landesmuseum à Hanovre en 1920. Après transformation, le volume semble s’aplatir progressivement dans un plan à deux dimensions, rendant l’assise impossible.
© Philippe Decrauzat
Don’t stop till you get enough, 2004
Impression sur moquette
400 cm x 300 cm
Le Rectangle, Lyon