Praz-Delavallade

vedovamazzei

05 Nov - 23 Dec 2005

vedovamazzei

Le duo Vedovamazzei réunit les artistes italiens Stella Scala et Simeone Crispino. Sous ce pseudonyme qu’ils se sont choisis au hasard sur une pierre tombale et qui signifie “veuve Mazzei”, ils résument à la fois la part féminine et masculine du couple tout en conservant une part d’anonymat. Mais l’ambiguïté de leur nom introduit également leur choix où la réalité joue avec la fiction et où l’objectivité est toujours brouillée.
Ce qui frappe d’emblée dans l’oeuvre de Vedovamazzei c’est son incroyable polymorphie, utilisant de façon désinvolte les medias les plus disparates: de la peinture à la vidéo, du dessin animé à la performance.
Ils ont donné vie à un travail artistique novateur et provocateur, souvent teinté d’ironie et qui a souvent été interprété comme un commentaire des contradictions et des névroses du style de vie contemporain.
En effet, beaucoup des oeuvres du duo sont inspirés d’événements (extraits de chroniques, citations de films et d’expériences personnelles) fortement bizarres et incongrus et pourtant rigoureusement réels.
Ce qui oriente l’action des deux artistes ce n’est pas tant une volonté consciente de commentaire social (et encore moins de dénonciation), mais plutôt une inclinaison plus générale pour tout ce qui est paradoxal, excentrique, hors norme.
C’est avec cette attitude que Vedovamazzei choisissent non seulement leurs propres sujets mais aussi la manière dont ils les traitent: c’est cela qui les induit par exemple à employer des langages et des techniques expressives d’une manière impropre en les forçant au-delà de leurs limites.
Pour leur première exposition personnelle à la galerie Praz-Delavallade le duo nous propose un ensemble d’œuvres complexes et variées qui résument leur pratique artistique.
“The Swimmer” est une oeuvre composée d’un ensemble de banales ampoules domestiques de dimensions variées disposées sur une estrade dans un ordre narratif. Sur ces ampoules Vedovamazzei ont dessiné des scènes extraites du film The Swimmer (1968) de Frank Perry dans lequel Burt Lancaster décide de retourner chez lui en traversant la vallée à la nage de piscine en piscine. Se réappropriant ce film étrange et fascinant Vedovamazzei nous livre une oeuvre où transparaît encore une fois leur langage si singulier qui mêle à la fois trivialité et poésie, ironie et mélancolie.
Dans le même espace: “What a life, Guys ! » : pièce inédite, spécialement conçue pour l'exposition qui mélange l’ironie et le sarcasme propres au travail des deux artistes. Il s’agit d’un petit canapé rouge dont le dossier, usé férocement par les griffes d’un chat, laisse apparaître un message grâce à la lumière qui irradie de l’intérieur.
Plus loin le “Short signed mirror” est une oeuvre déstabilisante avec laquelle il semble difficile d’interagir tant la perplexité de l’objet éloigne le spectateur pour ensuite le rapprocher avec une plus grande curiosité. Il s’agit d’un miroir circulaire qui tourne silencieusement sur lui même à une telle vitesse qu’il paraît immobile. Comme la rétine d’un oeil myope, le reflet semble flou et ce n’est qu’en s’approchant progressivement que sa propre image apparaît enfin, comme révélée.
“Isn’t it romantic?”: une chaise Thonet dont le dossier renversé donne à cet objet banal la beauté éteinte d’un être qui n’a plus la force d’exister, n’a plus de devoir à accomplir et qui repose repliée sur elle-même dans un parallélépipède de verre. La structure confirme le goût des Vedovamazzei pour la contradiction linguistique: contradiction, dans ce cas, entre le contenu anecdotique et l’exécution d’une élégance quasi néo-classique.
 

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