Anne Neukamp
11 Apr - 17 May 2014
ANNE NEUKAMP
tl;dr
12 avril - 17 mai 2014
Ici ils flottent : caractères surdimensionnés, emblèmes publicitaires, silhouettes ressemblant à des pictogrammes et entrelacements ornementaux dans les couleurs tricolores. Les peintures récentes d’Anne Neukamp se montrent d’abord d’une façon étrangement familière, comme des mémoires vagues qui clignotent brièvement pour ensuite briser toute attraction et identification narcissique.
Dans ces tableaux, nous découvrons, entre autres, des cordons qui serpentent parmi des surfaces imaginaires, et des éléments figuratifs qui flottent librement. Le regard se perd dans ces zones d’illusions et puis bascule sur des surfaces tachées ressemblant à des palimpsestes. Là où il y avait des motifs saillants qui s’apprêtaient à inaugurer des scénarios trompe-l’œil capables d’ouvrir des espaces visuels imaginaires, on y trouve soudainement des surfaces colorées abstraites et vibrantes qui rejettent toute ouverture spatiale.
Devant les images d’Anne Neukamp, nous nous retrouvons, déjà dans ses premiers travaux, mêlés à des jeux d’illusions infinis, où la perception oscille constamment entre deux pôles, celui de l’abstraction et celui de la présence figurative, ou bien entre facture matérielle et imagination spatiale. Dans ses œuvres récentes, cette dynamique se montre de façon encore plus rigoureuse : ici, on retrouve des effets de surface contrastés ainsi que des espaces intermédiaires qui fascinent et intriguent d’une façon presque onirique. On y voit des compositions autonomes de couleurs et de formes qui tombent sur des signes distinctifs et calculés, où les uns basculent vers les autres et continuent à se contester respectivement. C’est comme si les deux voulaient se coloniser réciproquement et se dépouiller progressivement de leurs significations primaires.
Ainsi, les combinaisons de couleurs chargées du drapeau national français s’enlisent, car elles se retrouvent imbriquées, avec une désinvolture souveraine, dans une structure ornementale complexe, répartissant ainsi leurs accents dans des directions imprévues.
Pendant la conception de ses peintures, Anne Neukamp se reporte au vocabulaire de l’univers visuel qui nous entoure : logotypes, icônes, articles de publicité et signes distinctifs qui circulent, sous forme d’autocollant, dans les journaux ou sur Internet. Cependant, lors de la composition initiale, ces motifs subissent une transformation tellement élaborée, que leur intention initiale risque d'éclater, permettant aux particules de réalité évoquées d’activer, dans le contexte de l’image, leur propre logique visuelle. Dans ce contexte, les images se limitent à offrir des références fragmentées et semi-figuratives, malgré l’impact de leurs messages initiaux qui sont maintenant réduits à des doses homéopathiques.
Ainsi, le titre de l’exposition - tl;dr - ne manque pas de faire allusion à cette rencontre ramifiée d’ambiguïtés et de clartés. Il s’agit de l’abréviation du message too long, didn't read, utilisé pour commenter des textes trop longs et souvent non lus, ou bien pour préfacer, de manière ironique, de longs articles. Ici, l’abréviation tl;dr fait référence à l’effet de contradictions esthétiques qui séduisent autant qu’elles exigent. Si l’on se confronte aux états tellement intensifiés des images d’Anne Neukamp, on s’engage dans une expérience oscillatoire capable, dans le même temps, de déplier aussi bien que de verrouiller, maintes possibilités imaginaires.
Texte écrit par Birgit Effinger
tl;dr
12 avril - 17 mai 2014
Ici ils flottent : caractères surdimensionnés, emblèmes publicitaires, silhouettes ressemblant à des pictogrammes et entrelacements ornementaux dans les couleurs tricolores. Les peintures récentes d’Anne Neukamp se montrent d’abord d’une façon étrangement familière, comme des mémoires vagues qui clignotent brièvement pour ensuite briser toute attraction et identification narcissique.
Dans ces tableaux, nous découvrons, entre autres, des cordons qui serpentent parmi des surfaces imaginaires, et des éléments figuratifs qui flottent librement. Le regard se perd dans ces zones d’illusions et puis bascule sur des surfaces tachées ressemblant à des palimpsestes. Là où il y avait des motifs saillants qui s’apprêtaient à inaugurer des scénarios trompe-l’œil capables d’ouvrir des espaces visuels imaginaires, on y trouve soudainement des surfaces colorées abstraites et vibrantes qui rejettent toute ouverture spatiale.
Devant les images d’Anne Neukamp, nous nous retrouvons, déjà dans ses premiers travaux, mêlés à des jeux d’illusions infinis, où la perception oscille constamment entre deux pôles, celui de l’abstraction et celui de la présence figurative, ou bien entre facture matérielle et imagination spatiale. Dans ses œuvres récentes, cette dynamique se montre de façon encore plus rigoureuse : ici, on retrouve des effets de surface contrastés ainsi que des espaces intermédiaires qui fascinent et intriguent d’une façon presque onirique. On y voit des compositions autonomes de couleurs et de formes qui tombent sur des signes distinctifs et calculés, où les uns basculent vers les autres et continuent à se contester respectivement. C’est comme si les deux voulaient se coloniser réciproquement et se dépouiller progressivement de leurs significations primaires.
Ainsi, les combinaisons de couleurs chargées du drapeau national français s’enlisent, car elles se retrouvent imbriquées, avec une désinvolture souveraine, dans une structure ornementale complexe, répartissant ainsi leurs accents dans des directions imprévues.
Pendant la conception de ses peintures, Anne Neukamp se reporte au vocabulaire de l’univers visuel qui nous entoure : logotypes, icônes, articles de publicité et signes distinctifs qui circulent, sous forme d’autocollant, dans les journaux ou sur Internet. Cependant, lors de la composition initiale, ces motifs subissent une transformation tellement élaborée, que leur intention initiale risque d'éclater, permettant aux particules de réalité évoquées d’activer, dans le contexte de l’image, leur propre logique visuelle. Dans ce contexte, les images se limitent à offrir des références fragmentées et semi-figuratives, malgré l’impact de leurs messages initiaux qui sont maintenant réduits à des doses homéopathiques.
Ainsi, le titre de l’exposition - tl;dr - ne manque pas de faire allusion à cette rencontre ramifiée d’ambiguïtés et de clartés. Il s’agit de l’abréviation du message too long, didn't read, utilisé pour commenter des textes trop longs et souvent non lus, ou bien pour préfacer, de manière ironique, de longs articles. Ici, l’abréviation tl;dr fait référence à l’effet de contradictions esthétiques qui séduisent autant qu’elles exigent. Si l’on se confronte aux états tellement intensifiés des images d’Anne Neukamp, on s’engage dans une expérience oscillatoire capable, dans le même temps, de déplier aussi bien que de verrouiller, maintes possibilités imaginaires.
Texte écrit par Birgit Effinger