Christophe Lemaitre
15 Oct - 04 Dec 2010
CHRISTOPHE LEMAITRE
Là où va l’eau de mer à marée basse
Commissariat Etienne Bernard
du 15 octobre au 4 décembre 2010
L’exposition Là où va l’eau de mer à marée basse présentée par Christophe Lemaitre réunit productions spécifiques, récentes et plus anciennes. Le travail de ce jeune français se concentre sur l’idée que de la manipulation d’un objet iconique peut en naître un second. Le premier constitue une matière première ou un site de production assujetti à un geste concret, artialisant une nouvelle occurrence visuelle. Aussi humblement que poétiquement, l’artiste légitime cette logique processuelle et conceptuelle en évoquant la figure classique du clown blanc, dont la présence sur la piste n’a d’autre fonction que de faire-valoir son alter ego coloré, l’Auguste. Et l’exposition de se vouloir parcours de lecture de ses images faites d’images.
Christophe Lemaitre emprunte, découpe, reproduit ou encore transforme les propositions glanées au gré de ses pérégrinations et expériences. En résidence au Centre d’art du Parc-Saint-Léger à Pougues-les-Eaux au printemps dernier, il s’approprie les affiches de deux expositions présentées pendant son séjour et les enchâsse comme des toiles. Les compositions graphiques ainsi rehaussées changent soudainement de statut et s’en trouvent, d’une certaine manière, magnifiées, au bémol près que le format du châssis ne leur correspond pas parfaitement. Légèrement plus étroit, il tronque visuels et textes et neutralise la fonction première de communication de ces éléments. Les affiches se donnent in fine à voir comme des peintures, ce que souligne l’accrochage muséal classique dont elles font ici l’objet.
À Zoo Galerie, il entreprend de fouiller dans les piles de la revue 02 stockées sur place, là encore pour dénicher des images à faire images. À travers les pages et la maquette du magazine, ses découpes excavent des visuels d’articles pour produire d’étranges collages en réserve. Les exemplaires, une fois taillés et encadrés, se réduisent à une image composite et composée. Il n’est ensuite pas étonnant de découvrir qu’avant ses études aux Beaux-arts, Christophe Lemaitre est passé par les arts appliqués. La maîtrise de la composition est fondamentale dans son travail et opère en qualité de révélateur et de grand ordonnateur. Pour Répétition dans l’Epilogue, 2010, l’artiste se fait curateur et propose à un groupe de ses confrères (Julien Audebert, Stuart Bailey, Éric Baudelaire, Ryan Gander, Mark Geffriaud, Mauricio Guillén, Aurélien Mole, Bernard Piffaretti) de participer à une expérience imprimée sur un format affiche. Il explique que son approche a ici été de « re-poser » les propositions reçues comme autant de problématiques dans une composition aussi artistique que curatoriale et aussi scénographique qu’éditoriale. Et c’est d’ailleurs dans la même logique rigoriste de mise en page que l’exposition à Zoo Galerie se développe. L’espace, subdivisé par ses piliers et sa poutraison, est envisagé comme une grille de composition graphique. Selon les principes du héros de la modernité suisse Josef Müller-Brockmann, il devient ainsi autant le support des œuvres qu’un outil systémique de rationalisation visuelle. Là où va l’eau de mer à marée basse se lit comme une page, un jeu de construction normé dont la rigueur n’a d’égal que le potentiel de liberté.
Etienne Bernard
Là où va l’eau de mer à marée basse
Commissariat Etienne Bernard
du 15 octobre au 4 décembre 2010
L’exposition Là où va l’eau de mer à marée basse présentée par Christophe Lemaitre réunit productions spécifiques, récentes et plus anciennes. Le travail de ce jeune français se concentre sur l’idée que de la manipulation d’un objet iconique peut en naître un second. Le premier constitue une matière première ou un site de production assujetti à un geste concret, artialisant une nouvelle occurrence visuelle. Aussi humblement que poétiquement, l’artiste légitime cette logique processuelle et conceptuelle en évoquant la figure classique du clown blanc, dont la présence sur la piste n’a d’autre fonction que de faire-valoir son alter ego coloré, l’Auguste. Et l’exposition de se vouloir parcours de lecture de ses images faites d’images.
Christophe Lemaitre emprunte, découpe, reproduit ou encore transforme les propositions glanées au gré de ses pérégrinations et expériences. En résidence au Centre d’art du Parc-Saint-Léger à Pougues-les-Eaux au printemps dernier, il s’approprie les affiches de deux expositions présentées pendant son séjour et les enchâsse comme des toiles. Les compositions graphiques ainsi rehaussées changent soudainement de statut et s’en trouvent, d’une certaine manière, magnifiées, au bémol près que le format du châssis ne leur correspond pas parfaitement. Légèrement plus étroit, il tronque visuels et textes et neutralise la fonction première de communication de ces éléments. Les affiches se donnent in fine à voir comme des peintures, ce que souligne l’accrochage muséal classique dont elles font ici l’objet.
À Zoo Galerie, il entreprend de fouiller dans les piles de la revue 02 stockées sur place, là encore pour dénicher des images à faire images. À travers les pages et la maquette du magazine, ses découpes excavent des visuels d’articles pour produire d’étranges collages en réserve. Les exemplaires, une fois taillés et encadrés, se réduisent à une image composite et composée. Il n’est ensuite pas étonnant de découvrir qu’avant ses études aux Beaux-arts, Christophe Lemaitre est passé par les arts appliqués. La maîtrise de la composition est fondamentale dans son travail et opère en qualité de révélateur et de grand ordonnateur. Pour Répétition dans l’Epilogue, 2010, l’artiste se fait curateur et propose à un groupe de ses confrères (Julien Audebert, Stuart Bailey, Éric Baudelaire, Ryan Gander, Mark Geffriaud, Mauricio Guillén, Aurélien Mole, Bernard Piffaretti) de participer à une expérience imprimée sur un format affiche. Il explique que son approche a ici été de « re-poser » les propositions reçues comme autant de problématiques dans une composition aussi artistique que curatoriale et aussi scénographique qu’éditoriale. Et c’est d’ailleurs dans la même logique rigoriste de mise en page que l’exposition à Zoo Galerie se développe. L’espace, subdivisé par ses piliers et sa poutraison, est envisagé comme une grille de composition graphique. Selon les principes du héros de la modernité suisse Josef Müller-Brockmann, il devient ainsi autant le support des œuvres qu’un outil systémique de rationalisation visuelle. Là où va l’eau de mer à marée basse se lit comme une page, un jeu de construction normé dont la rigueur n’a d’égal que le potentiel de liberté.
Etienne Bernard