Palais de Tokyo

Rosa Maria Unda Souki

04 - 27 Nov 2011

© Rosa Maria Unda Souki
Courage, 2011
Photo: Fernanda Tafner
ROSA MARIA UNDA SOUKI
Expropriation
4 - 27 novembre, 2011

Les peintures de Rosa Maria Unda Souki nous entrainent vers un univers intérieur, un voyage à travers des espaces de vie. Les séries qu’elle réalise, comme autant de points de vue, se succèdent de manière quasi obsessionnelle. D’origine vénézuélienne, l’artiste s’intéresse depuis longtemps à la maison coloniale de son père, située à trois heures de route de Caracas. En 2005, elle réalise une série intitulée « 33m2 » dans son premier appartement parisien. Elle réitère cette démarche plus récemment avec « Trois pièces et quelques saisons », une exposition ayant pour thème son appartement de Montreuil, qu’elle a quitté il y a quelques mois pour rejoindre le Brésil où elle vit actuellement. En réponse à l’espace restreint et au manque de recul, l’image produite est alors déformée. Chaque angle est peint avec attention, chaque vue résonne comme une tentative d’enregistrer la réalité de manière exhaustive. Bien que le travail de Rosa Maria Unda Souki soit principalement empreint de références autobiographiques, l’artiste ne se limite pas pour autant à ses espaces personnels. Elle s’est également intéressée à la maison du poète Federico Garcia Lorca et a réalisé à cette occasion une quarantaine d’œuvres, dont un ensemble de tableaux en tondo.

Sa recherche autour des « Espaces intimes » initiée il y a de nombreuses années dans la maison paternelle se déploie au fil du temps et Rosa Maria Unda Souki a choisi d’y revenir à l’occasion de son exposition au Palais de Tokyo. Les espaces intérieurs peints semblent à la fois habités et désertés. Aucune présence n’est visible, seule une matière végétale filant d’une pièce à l’autre laisse penser que la vie domestique s’est peu à peu effacée.
Pour son exposition au Palais de Tokyo, l’artiste montre pour la première fois un ensemble de douze carnets, intitulés « Cuadernos de expropiación » [Cahiers d’expropriation]. En 2009, une loi a été instaurée au Venezuela permettant à l’Etat de récupérer certains biens privés considérés comme ayant un intérêt public. Un propriétaire peut donc se voir dépossédé de son espace de vie à tout moment. L’artiste rend compte à travers douze histoires de cet état de fragilité lié à une situation politique menaçant la mémoire et l’identité personnelle.
Rosa Maria Unda Souki crée des images questionnant un territoire en mutation. Basées sur une démarche introspective, une mélancolie poétique se dégage de ses œuvres. Une tentative de se dire et partager un univers familier, tisser des liens à distance du réel.

[1977] Vit et travaille à Bel Horizonte (Brésil).