Centre Pompidou

João Pedro Rodrigues et Jõao Rui Guerra da Mata

installation Santo António

25 Nov 2016 - 02 Jan 2017

© Joao Pedro Rodrigues et Joao Rui Guerra da Mata, « Santo Antonio »
JOÃO PEDRO RODRIGUES ET JÕAO RUI GUERRA DA MATA
installation Santo António
25 November 2016 - 2 January 2017

Pour la première fois en France, après le Mimesis Art Museum en Corée du Sud et le Radcliffe Institute aux États-Unis, João Pedro Rodrigues expose une installation conçue avec João Rui Guerra da Mata en 2013, Santo António.
Créée à partir de l’un de ses courts métrages, Matin de la Saint-Antoine (Festival de Cannes 2012), cette installation est inspirée par Saint Antoine, né à Lisbonne vers 1195, patron de la ville et grande figure de la culture portugaise. Sa commémoration rituelle, le 13 juin, est devenue la fête des amoureux. À cette occasion, ceux-ci s’offrent des pots de basilic ornés d’œillets – une fleur qui fut le symbole de la révolution de 1974 contre la dictature salazariste. Ces œillets de papier sont accompagnés de banderoles citant des quatrains populaires.
Ici, à l’aube, après la fête, des jeunes gens sortent du métro et avancent comme des zombies, sous les yeux de l’immense statue du saint, érigée par la dictature, qui domine l’une des places de Lisbonne. L’installation s’inscrit dans la réflexion du cinéaste sur la ville et ses habitants, l’architecture et les corps, l’espace et le mouvement. Au premier abord, la tour de six mètres semble close, apparaissant comme une énigme architecturale. À l’intérieur, les projections en surplomb sur les quatre murs suscitent un sentiment d’enfermement, en même temps que les images en boucle nous font partager sans fin l’errance chorégraphiée de ces jeunes gens à travers les rues d’une ville lointaine.

« C’est peut-être mon film le plus architectural, et c’est la raison pour laquelle il pouvait être intéressant de le décliner en installation, comme je l’ai fait dans plusieurs expositions. Il n’est fait que de lignes. Il y a la place Saint-Antoine au centre, d’où les gens sortent du métro, puis ils avancent en lignes droites, comme sur les rayons d’un cercle. C’est de là qu’est venue l’idée de ne pas s’arrêter devant les obstacles. D’ailleurs, à la fin, quelqu’un entre dans l’eau, traverse un bassin. Ils avancent, en ligne droite, c’est tout. Il y avait 40 acteurs au départ et on a répété tous ensemble, par groupes. Je savais aussi que ce serait un point de vue en hauteur, en plongée, et que l’on comprendrait ensuite qu’il s’agit du point de vue depuis la statue de saint Antoine, située au centre de la place. C’est une cartographie très documentaire de ce quartier. J’essaye toujours, dans mes films, d’inventer une forme de cartographie. Il y a trois personnages principaux, deux garçons et une fille, qui essayent de communiquer avec leurs portables, et puis une histoire de vengeance. À la fin, quand le garçon jette le pot de basilic, symbole de la fête de saint Antoine et également ce qu’on offre aux amoureux, il s’agit sûrement de la marque d’un amour déçu. C’est pour cela qu’à la fin, le petit quatrain de Fernando Pessoa dit : "Il vaut mieux ne pas aller au bal si c’est pour rester seul". Je n’avais pas pensé à Pessoa au début dans l’écriture, je ne l’ai trouvé qu’après. C’est quelque chose de très populaire, ce petit pot de basilic avec les fleurs en papiers. Cela m’intéresse beaucoup de prendre des éléments de la culture populaire pour les détourner. C’est peut-être la première fois que je regardais saint Antoine en face.» João Pedro Rodrigues, Le Jardin des fauves, conversations avec Antoine Barraud, Post-éditions – les éditions du Centre Pompidou, 2016

Organiser : DDC / Les cinémas, Sylvie Pras