Albert Baronian

Thomas Bogaert

29 Nov - 22 Dec 2012

© Thomas Bogaert
The book, 2012
Film still and resin on canvas
30 x 35 x 3 cm
THOMAS BOGAERT
The Paris objects
29 November - 22 December 2012

Les nouvelles séries d’objets filmés The Paris Objects sont nées des séquences tournées par Thomas Bogaert avec sa caméra Super8 à Paris, durant l’automne 2011. La Tour Eiffel forme le centre de l’énergie centrifuge que Bogaert insuffle dans les œuvres par la prise de vue tant de la tour elle-même que du panorama qui se découvre à son sommet. Outre sa valeur universelle en tant que symbole de la modernité, la Tour Eiffel a pour pratiquement chacun d’entre nous une signification personnelle particulière. Ce monument frappe notre imaginaire et nous renvoie dans le temps, chaque fois que nous le revoyons, par les souvenirs nostalgiques qu’il suscite de la première fois où nous nous sommes trouvés dessous ou dessus.

Dans les mains de Thomas Bogaert, la caméra se fait télescope. Un télescope avec lequel il balaie l’espace à la recherche d’instants, de cadrages et de compositions chromatiques surprenants. Il choisit de ne pas fixer photographiquement le temps image par image, mais de l’enregistrer à 24 images par seconde, à travers un mouvement continu de la caméra et d'incessants zooms des lentilles. Les prises de vue réalisées à Paris ont ensuite été montées par Bogaert dans un clip qui entraîne le spectateur sur une montagne russe imaginaire à travers Paris, sur un air d’As it ever was d’Absynthe Minded. Il a également utilisé certains instantanés (ou détails qu’il en tire) pour la série d’objets filmés dans laquelle il joue avec les propriétés spécifiques de la pellicule Super8 : l’intensité de la couleur, les rayures, les taches, la surexposition, l’image floue... Recouvrir l’image sélectionnée de résine synthétique crée un objet dans lequel une image éphémère semble figée dans le temps. Parfois filmé accidentellement, un instant quotidien se transforme ainsi en une expérience visuelle durable.

Pour sa première exposition à la Galerie Albert Baronian, Thomas Bogaert combine les Paris Objects avec une série de PostCard-works. Cette série a, elle aussi, vu le jour à Paris, après le tournage, dans son atelier, lorsque Bogaert se prit à traiter et à combiner des cartes postales vintage d’origines très hétérogènes, jouant intuitivement sur les motifs, les couleurs et les structures. Ces œuvres instillent un jeu avec les attentes du spectateur à travers la perspective de vue en constant changement et la torsion, l’inclinaison et la dissimulation des motifs. Document d’époque, une carte postale est aussi une « image idéale » qui suscite le rêve et le désir, les mêmes qualités que Thomas Bogaert cherche dans le contenu filmé en Super8. La tension qui naît entre les souvenirs et le désir suscite, en effet, l’imagination qui inspire les sauts plastiques dans l’œuvre de l’artiste.

Tanguy Eeckhout

Thomas Bogaert (°1967 Belgique / vit et travaille à Gand) a suivi, au début des années 1990, la formation en film d’animation au KASK de Gand où il a, entre autres, eu pour professeur Raoul Servais, pionnier belge du film d’animation. Ses premières œuvres comprennent notamment de subtiles projections de film en boucle, projetées sur un mur recouvert de cartes postales. S’inspirant de sa fascination pour l’enregistrement de l’image en mouvement et pour la fixation de l’image dans une peinture, Bogaert a développé depuis une œuvre très personnelle, composée de dessins, de collages, de films et d’objets filmés. Une de ses œuvres les plus connues est, sans aucun doute, The Superfast Series qu’il a exposée en 2003, au SMAK de Gand. Dans cette double projection, des voitures Matchbox font la course au rythme d’une musique envoûtante, faisant de cette œuvre un voyage à la fois tendance et nostalgique, mené à un rythme d’enfer. En 2011, Thomas Bogaert a présenté On the Way to the Peak of Ecstasy au Musée Dhondt-Dhaenens, à Deurle : une installation cinéma, des objets filmés et un book d’artiste créés après un road-trip à travers la Californie.