Peter Freeman

Dianne Hagen

29 Jun - 07 Sep 2007

© DIANNE HAGEN
Exhibition view, Galerie Nelson-Freeman, Paris
2007
DIANNE HAGEN

La Galerie Nelson-Freeman est heureuse de présenter la troisième exposition personnelle de l’artiste hollandaise Dianne Hagen. Le travail de Dianne, que l’on a souvent dit inclassable, se développe essentiellement autour de la notion d’instinct, c’est-à-dire d’une réaction incontrôlée et viscérale, de l’ordre de la sensation. Dianne Hagen avait déjà montré à la Galerie Nelson des travaux de ce type, sur le thème du test de Rorschach en 2004. Elle a réalisé le commissariat d’une exposition de groupe en 2004 au Stichting Outline à Amsterdam, qui avait pour titre « Much Obliged, With Grace », reprise à la Villa de Bank en 2005. Le titre de cette exposition laisse deviner le goût de l’artiste à désarçonner ses contemporains, à les surprendre et les remettre en question, en fonction d’une situation ou au regard d’un objet, en l’occurrence ici l’œuvre d’art. Dianne Hagen vient également de terminer une résidence de plusieurs mois en Inde.

Les nouveaux travaux que Dianne présente dans cette exposition poursuivent le travail commencé en 2004 sur le dessin. Elle accentue dans cette nouvelle série l’effet bi-dimensionnel des dessins, par l’ajout de matière extérieure sur le papier, comme le plastique, la pâte à modeler minérale, le verre, le collage...
Un dessin se compose de photos de Lys, placées en cercle, comme un cadre ou une frise autour de morceaux de verre transparent imbriqués dans la pâte à modeler minérale. Ce dessin donne une vision presque idyllique au premier regard et finalement, les morceaux de verre viennent nous dérouter. A la fois, ils réfléchissent la lumière et en même temps il s’agit d’un matériau « agressif » , coupant, tranchant, récurrent dans le travail de l’artiste. Les œuvres de Dianne sont ambivalentes : elles nous renvoient sans cesse à des choses connues, familières, presque immédiatement. Puis, de manière plus insidieuse, d’autres évocations surgissent. Un autre dessin se compose de feuilles d’aluminium, cadre du dessin, sur lesquelles sont collées des lettres découpées d’un magazine, comme pour un message anonyme. Elles forment les mots « Freedom yeah right ». Ce message apparaît dans plusieurs pièces et renvoie à la fois au sujet dessiné, une forme organique ou minérale qui évolue librement et hors de tout contexte, et en même temps à la condition de l’artiste lui-même, comme un hymne à la liberté d’expression. Dianne cherche ainsi un contact direct entre l’objet que l’on voit et l’image à laquelle elle nous renvoie par l’esprit. Il y a deux niveaux de lecture : « l’anima » qui renvoie au monde des idées, de l’invisible et impalpable et l’ « animus » qui renvoie au monde du corps, du palpable, de l’objet représenté par l’œuvre d’art. L’artiste développe une réflexion tout au long de sa vie et l’œuvre d’art est la trace qui survivra. L’artiste nous pousse à un questionnement en choisissant des couleurs et des motifs séduisants au premier regard, mais détournés de leur usage habituel. La notion même de beau est bousculée. Souvent, ce sont des motifs qui rappellent un monde organique, qui se développe sans même que nous en ayons conscience. Elle reprend aussi des éléments plus classiques comme la perspective, notamment dans un relief bleu, composé de pâte à modeler minérale et de colle, qui inclut au centre une photo de givre sur une vitre.

Dianne Hagen présente également trois sculptures sur tables basses. Deux de ces sculptures font référence à la sculpture classique, buste ou nikke, souvent érigés comme des monuments. Réduites à une forme quasi-minimale, elles perdent le statut de monument, réduit à une taille plus proche des objets du quotidien, tels des fétiches. La troisième table vient en opposition des deux premières qui fonctionnaient comme un socle. Cette dernière, recouverte d’une tapisserie formée de cônes en tissu recouverts de plastique, redevient un objet quotidien. Dianne introduit des éléments « kitsch » pour désacraliser les formes classiques de l’art.

La pratique artistique de Dianne offre une exploration incessante entre l’œuvre d’art et l’esprit. Les œuvres ne portent jamais de titres pour éviter les cloisonnements et les classifications, l’artiste nous incitant constamment à un dialogue intime avec son œuvre, une expérience unique.